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 Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]

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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMar 28 Juil 2009 - 10:11

Voilà des semaines que l'esprit de Joachim ne s'était pas éveillé et que Alister contrôlait chaque mouvement, chaque battement de cils du famélique enfant. Depuis sa rencontre avec Sammael Ruthven, l'adolescent restait là, allongé telle une statue de cire dans les méandres de son esprit harassé. Il n'était pas particulièrement heureux de cette situation, car il y avait entre les deux personnalités une entente réciproque dont il ne pourrait se séparer. A fortiori l'un deviendrait fou si l'ange à deux visages s'en voyait arraché d'un. Une moue agacée tordit son expression neutre. Pourtant il avait essayé de le sortir de sa torpeur, mais rien n'y faisait et Joachim demeurait désespérément sourd à ses appels. Alister commençait à déjà ressentir les effets de ce manque. Il l'aimait bien lui, son petit ange de pureté.

Il leva une main et abattit l'aiguille à tricoter sur le cadavre d'un oiseau qu'il tenait étroitement contre lui, transperçant l'oeil en répandant une odeur nauséabonde.

Un rictus fendit ses lèvres.

Alister était sorti au crépuscule, préférant la saine obscurité du parc à l'odeur viciée et entêtante du bâtiment. Sa diaphane silhouette avait d'abord franchi le seuil de sa porte, vêtu d'une simple chemise immaculée et d'un pantalon noir serré, galbant à merveille la finesse de ses jambes frêles. Ses pieds nus avaient couru sur les dalles glacées de l'hôpital pour ensuite en dévaler l'escalier comme un chat agile. Et puis il s'était enfuit dans la nuit. L'adolescent avait d'abord erré dans le parc, contemplant la Lune qui baignait de sa lueur blafarde les arbres alentours. Quelques brises de vent dans les feuilles avaient parfois brisé le silence, mais au delà de ces quelques bruissements, tout semblait mort. Alister tout comme Joachim n'avait que ses oreilles pour se diriger, mais il manifestait une surprenante aisance contrairement à son adorable double. Si bien qu'il n'était pas aisé de deviner qu'il fusse aveugle. Il était comme guidé par un semblant d'instinct animal qui lui disait où se diriger, et où éviter les obstacles. Il avait bondit au dessus des pierres lui barrant le chemin. Il avait évité les branches malicieuses prêtent à vous écorcher les genoux.

Ses pas l'avaient mené non loin du cimetière. Alister ponctua sa marche silencieuse de quelques cadavres d'oiseaux dont il avait soigneusement tordu le cou. Déchirant le silence d'un rire effrayant. Et puis il avait soudain buté contre un petit objet qu'il avait envoyé s'écraser près d'une tombe. Une longue aiguille à tricoter. Il l'avait ramassé et contemplé comme si il venait de trouver le plus merveilleux des trésors. Car s'en était un. Avec ça il allait pouvoir trifouiller la chair morte, raviver en lui le souvenir du goût du lapin dévoré un hiver, et du prêtre mangé un soir. Alister ne laisserait personne briser son petit ange à lui, et rien qu'à lui. Dans un coin de son esprit il caressait tendrement les cheveux de Joachim, l'implorant d'ouvrir les yeux. Mais l'adolescent n'avait toujours aucune réaction. Il s'était abandonné aux bras de Morphée et il craignait de ne jamais le voir revenir.

Contrarié, il s'enfonça dans le cimetière, passant au delà d'un vieux saule dont les branches vieillies gémissaient au moindre bruissement du vent. Et puis soudain son pieds d'albâtres buta une nouvelle fois contre un objet, mais cette fois-ci ce fut un oiseau mort. Alister plia les jambes faisant de l'os de ses genoux un rebord confortable pour y reposer son visage. Vint s'ajouter ses bras faméliques qui s'enroulèrent autour de ses jambes comme du lierre pour maintenir un semblant d'équilibre. Il feignit de contempler l'animal mort, se l'imaginant plus qu'autre chose. Il voyait au delà de son miroir sombre la silhouette fine et amaigrie du corbeau, les plumes élimées au fil des vols et des années, l'ébène de ses plumes virant progressivement vers un gris ternes et sans vie. Il imaginait l'iris sombre et vide fixée vers le ciel, dans un dernier appel au royaume des cieux.


" Pauvre créature."Murmura t-il d'un ton faussement triste.

Et le voilà à présent à torturer la chair morte du pauvre animal. Alister fit racler la pointe de l'aiguille contre la cavité oculaire, ramenant à la surface un lambeau de chair puant et décomposé. Mais l'enfant n'était pas dégoûté. Au contraire il riait. Un rictus effrayant fendait ses lèvres, et son regard clair fut percé d'une lueur folle. Alister aimait la chair, la torturer, la trifouiller, mais plus que tout la gober. Au bien sûr il n'allait pas le faire avec le corbeau. Le pauvre avait même perdu les os. Il était fou certes, mais pas au point de se rendre malade. Amusé il sentit sous ses doigts le cadavre grouiller de vers. Une pensée lui échappa. Maddleton était un endroit pour des monstres et peuplé par des monstres. Humains ou autre, ils étaient tous dans le même bourbier. Cet endroit n'était qu'un refuge pour la plus saine des folies, et comme le lui avait confié Sammael, il n'en sortirait jamais.


" Je ne te donnerai jamais mon âme Sammael..."

Chantonna l'enfant, tandis que la brise emportait son murmure au loin. Puis il éclata de rire, un rire malsain, effrayant. Alister continuait à percer la chair morte et puante, jusqu'à ce qu'un liquide noir coulent sur ses doigts noueux. Un vent froid fit soudain rouler les feuilles à ses pieds. L'hiver approchait, mais Joachim ne semblait plus là.
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Castiel Aterius
Humain † The Mad French Touch
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Castiel Aterius

Masculin •Lettres : 189
•Vit depuis le : 25/11/1872
•Fou depuis le : 27/07/2009
•Age : 151
•Origine : Place du Tertre, Montmartre, Paris
•Rôle : Patient
•Tempérament : Enfantin, naïf ... mais pas que
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMar 28 Juil 2009 - 12:09

[i]Castiel déambulait dans le parc de la propriété sans savoir pourquoi il se dirigeait vers le cimetière en pleine nuit. Il ressentait simplement le besoin pressant de s'aventurer dans ce lieu.
Ne cherchant pas à comprendre, il se laissa simplement guidé par son instinct en sautillant gaiement.
Il était près du portail en fer forgé lorsqu'il entendit un bruit. S'approchant doucement, il tendit l'oreille.
Quelqu'un riait dans le cimetière ! C'était un rire absolument effrayant, teinté de mort. Mais Castiel trouvait que c'était là un des plus jolis rires qu'il n'ait jamais entendu. Curieux de savoir à qui appartenait un si mélodieux rire, le garçon pénétra dans le cimetière.
Se guidant grâce au son, il avança de son pas léger jusqu'au propriétaire du rire.
C'était un garçon de son âge ou un peu plus âgé que lui. Il tenait ce qui semblait être le cadavre d'un oiseau dans ses mains et il s'amusait à le transpercer à l'aide d'une très longue aiguille. Cela fit sourire Castiel jusqu'à ce que le nuage qui masquait l'astre lunaire s'effiloche comme du coton.
Castiel regarda alors avec fascination les cheveux blonds prendre l'éclat de l'argent sous la Lune. Il était si maigre, si pâle. Évanescent. Castiel se demandait un instant s'il n'était pas une nouvelle manifestation de son esprit malade.


''Je ne te donnerais pas mon âme Sammael...''

Ce murmure convainquit le petit français que la personne devant lui était bien réel. Jamais, il n'aurait put imaginer un voix si douce pour un garçon.
Il observa encore le jeune homme qui chantonnait puis la charpie qu'il tenait entre ses doigts fins.
Il s'approcha doucement, ne sachant pas si le blond l'avait entendu, et se plaça de sorte à pouvoir voir son profil.
Maintenant qu'il l'avait sous les yeux, ce visage lui disait quelque chose. N'était-ce pas ce jeune homme qui avait tenté de se suicider il y a peu ? Il lui semblait que c'était bien lui. Bien qu'il ne se souvenait plus de son nom.
Mais que faisait-il donc ici, en pleine nuit, simplement vêtu d'une chemise légère et pieds nus alors que le vent se levait ? Était-ce lui qui l'avait guidé jusqu'ici ?
Castiel regarda le sang noir sur les mains décharnées. Il voulait le toucher. Toucher ce liquide, toucher cette main. Mais, il avait peur que le garçon s'effrite sous ses doigts. Et il avait peur de le salir tant il avait l'air pur.
Le brun se tordait les mains, ne sachant que faire, que dire. Il ne voulait pas briser l'instant et détourner son vis-à-vie de l'œuvre qu'il façonnait.
Il attendit donc quelques instants, observant la brise jouer dans les cheveux blonds, avant de réunir son courage.


-Qu … qui es-tu ? Que fais-tu tout seul ici ?
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MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMar 28 Juil 2009 - 15:02

Alister avait relevé le nez lorsque le vent lui apporta la rumeur d'un pas. Un pas léger, comme celui d'un enfant qui se glissait discrètement dans le cimetière. Son sourire s'élargit, dévoilant ses dents luisantes à la lueur de l'obscurité. L'adolescent avait l'ouïe particulièrement fine, davantage lorsque c'était lui, Alister, qui avait le contrôle de ce corps. Malheureusement Joachim était trop malhabile pour utiliser ses capacités à bon escient. Combien de fois s'était-il insurgé contre lui à cause de quelques maladresses. Un genoux écorché, une lèvre ouverte. Il avait beau faire, ce petit manège recommençait chaque fois qu'il lui laissait le contrôle. Sauf qu'aujourd'hui, il n'y avait personne contre qui gueuler, avec qui s'amuser, avec qui tuer. Joachim était endormi, et son visage paisible ne rassurait en rien Alister. Il se sentait démuni, abandonné, il lui en voulait de s'être ainsi laissé glisser vers les abysses de son esprit. Près de ce miroir aux reflets de ténèbres se balançait le pendule d'une horloge martelant à ses tempes le rythme palpitant du coeur de Joachim. Dans un coin sombre le fixait un lapin blanc au sourire dentelé de crocs.

Les coups donnés au corbeau se firent plus violents, comme autant de douleur infligée à son petit ange pour qu'il se réveille. Le garçon était là, près de lui, mais Alister ne lui jeta pas un regard. Le sang glacé de l'animal maculant ses doigts maigres gouttait sur le sol. Il écouta, fasciné par le bruit de cette vie morte qui se répandait sur les feuilles grises. Un vent glacial se leva soudain. Humant l'air, l'adolescent se laissa bercer par le murmure du vent. Celui-ci souleva indécemment sa chemise, révélant son torse d'albâtre et la pointe de ses côtes , alors qu'il prenait appuit sur ses genoux pour se relever. Alister tout comme Joachim n'avait jamais craint le froid. Au contraire c'était ce qui les avait unis dans ce terrible monde. L'hiver était leur amant, et ils n'hésitaient pas à lui tendre les bras pour qu'il vienne les enlacer de son corps blafards et puissant. Tout deux lui étaient dévoués, et jamais il ne trahirait sa terrible morsure.


" Qu ... qui es-tu ? Que fais-tu tout seul ici ? "

Alister qui avait jusqu'alors détourné sciemment son attention du gamin venait de bouger pour lui faire face. La tête légèrement baissée vers l'avant, sa longue frange couleur de soleil masquait pour l'heure ses iris aveugles. Il marqua un temps, comme pour accentuer le silence malsain du lieu. La voix hésitante de l'inconnu lui arracha un rictus qui fendit ses lèvres. Lui conférent un air carnassier et grotesque tant l'enfant dont il habitait le corps semblait pur. Il fit un pas en sa direction. Les feuilles gémirent sous son maigre poids, puis il tendit les mains vers son visage, dévoilant à l'inconnue son regard dénué de vie. Lentement il s'approcha, un léger rire sifflant entre ses lèvres pales comme autant de murmure glisser à une oreille sage. Bientôt son index rencontra la peau satinée de l'inconnu. Son sourire s'accentua, alors qu'une douce odeur de fleurs lui parvint. Lentement méthodiquement, il traça une larme juste sous l'oeil de l'inconnu grâce au sang de l'animal mort. Alister découvrait ainsi son visage comme un morceau de viande qu'il s'apprêtait à gober. Il découvrit des traits fins, amaigris par l'ambiance du lieu. Il le devinait pale comme la lune, et ces yeux. Il tiqua, quelque chose dans ce regard le perturbait, ou tout du moins l'intriguait.

Une langue gourmande passa sur ses lèvres.

Délaissant son visage il avança le cou pour venir murmurer à son oreille d'une voix suave.


" Pour la première question, mon nom est Alister humble protecteur de cette charmante carcasse."

Se disant il fit une révérence amusée et grotesque, parodiant l'attitude des nobles qu'il avait quelque fois côtoyé. Ca n'était pas arrivé souvent, mais il se souvenait avoir été regardé et exposé comme une bête de foire. Si il avait pu, il leur aurait bien arraché les yeux pour les manger ensuite. L'image qui lui vint à l'esprit lui arracha un frisson d'excitation. Il était la mort tandis que Joachim incarnait la vie. L'ange et le démon, réunis dans le même corps odieusement beau. Mais la douce et frêle créature ne l'avait comprit que lorsque le sang de ce prêtre avait immaculé le sol de l'église. Que lorsque cette odeur entêtante l'avait enivré comme un trop doux nectar. Que lorsqu'il avait ouvert les yeux sur ce qu'il avait fait, sur les cris des nones terrifiées. A ce moment là, il avait réalisé l'importance qu'avait Alister pour lui, autant pour son équilibre mental que pour sa vie. Ce pacte réciproque était le prix à payer pour continuer d'exister. Même ici, dans ce terrible lieu, il se sentait à sa place, dans la déprimante rumeur de Maddleton.

" Quant à la deuxième question, je sers simplement mon maître. "

* Alister ! *

Le sourire de l'adolescent s'élargit. Dans un coin de son esprit, Joachim avait reprit conscience. Il le contempla se redresser difficilement et glissant une main sur son regard fatigué. Des splendides cernes noires ornait le bord de ses yeux verts. Il était beau, d'une beauté angélique, mais il lisait l'harassement sur sa frimousse d'enfant. L'inquiétude d'Alister s'apaisa soudain, au moins il était de retour. Dans la réalité, le garçon ne bougea pas pendant quelques minutes, presque absent. Puis la petite marionnette reprit vie, et s'éloigna chantonnante du garçon. Aisément, et comme si il la voyait, Alister grimpa sur une pierre tombale, et laissa sa douce chevelure d'ange se faire porter au gré du vent. Sur sa main droite, un bandage entourait les doigts fragiles, souvenir de sa rencontre avec Sammael. Il dansait presque et fredonnait un drôle d'air de sa voix flûté. Il était heureux que son visage lui ai été rendu.

" Je suis content de te revoir Joachim, j'ai vraiment cru que tu n'allais pas te réveiller cette fois. " Dit-il à voix haute.

Une rire déchira le silence. Alister ne cessait de s'agiter sur sa charmante pierre. Puis il s'immobilisa, et sauta à bas de la tombe. A grand pas il revint vers le garçon et se pencha pour récupérer l'aiguille à tricoter. Il l'agita près du visage de l'inconnu. Puis recula de deux pas.


" En plus tu vas être content nous avons un invité ce soir. "

* Ne l'abîme pas Alister, je n'ai pas envie d'un autre mort sur la conscience. *

" Tu me prends pour qui, bien sûr que je ne vais rien lui faire. Si on peut même plus taquiner. "

Le visage de Alister se tordit en une expression boudeuse. La scène offrait pour le moins une vision étrange. Le garçon était là, à se parler tout seul, mais aucune voix ne semblait s'élever pour converser avec lui, si bien qu'il ne donnait que les réponses à son interlocuteurs imaginaires. L'adolescent vint nouer ses doigts en dessous de son menton. Il réfléchissait. Et puis un sourire doux ourla ses lèvres. Alister était heureux, son petit ange était revenu. Son ange à lui, rien qu'à lui, juste à lui. Son attention revint sur le garçon. Et le sourire précédemment tendre redevint aussi froid et dérangeant qu'à l'ordinaire. Ce rictus qui lui fendait le visage.

" La troisième question étant pour moi ... qui es-tu petite Alice égarée ? "

Il rit, avant de soudain prendre une expression neutre et contemplative. La réponse, juste la réponse.
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Castiel Aterius
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Castiel Aterius

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MessageSujet: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMar 28 Juil 2009 - 16:42

Castiel avait attendu la réponse, le cœur battant à tout rompre.
Il avait vu le jeune homme devant lui et avait croisé son regard mort. Se sentant incapable de bouger, il laissa l'être devant lui le toucher, le découvrir. Il sentit le sang qui maculait les doigts gourds couler sur son visage, telle la larme de quelque créature de Ténèbres.
Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas eu de contact humain. Et même si les doigts qui le caressaient étaient glacés, ce geste lui faisait du bien

" Pour la première question, mon nom est Alister humble protecteur de cette charmante carcasse."

Le gamin fronça les sourcils à cette étrange réponse mais ne l'interrompit pas. Il se sentait écrasé par ce démon angélique. Par son sourire terrifiant. Il aurait du avoir peur, il le sentait. Dans sa tête, Cory lui hurlait de prendre garde. Cet homme était dangereux. Mais, il ne voulait pas partir. Il aimait son sourire ensanglanté. Son indécente innocence.

" Quant à la deuxième question, je sers simplement mon maître. "

De qui parlait-il donc ? Naïvement, Castiel promena son regard sur les pierre tombale, cherchant le maître en question.
Il le regarda ensuite se perdre dans ses pensées. Les yeux émeraude dans le vague, aussi immobile qu'une statue d'albâtre.
Puis Alister sembla reprendre vie et se percha sur une des tombes avec une adresse qui stupéfia Castiel. Il aperçut ensuite le bandage défait et tâché de sang. Il se demanda vaguement qui avait bien put faire du mal à une aussi belle créature.
Le blond fredonnait doucement et se balançait sur son perchoir morbide, dansant dans la brise.
Le gamin pensa qu'Alister ressemblait à une sylphide. Ses cheveux si blond le fascinait. Était-il un enfant de la Lune ?
Il l'entendit parler de nouveau mais sentit confusément que ce n'était pas à lui qu'il s'adressait bien qu'il parlait de lui. Il réalisa alors que le ''maître'' en question n'existait que dans la tête de l'homme en face de lui. Il se contenta donc d'écouter la voix douce, sursautant parfois lorsqu'un rire s'échappait de ses lèvres blanches.
Alister parlait de lui. Son maître lui disait apparemment de ne pas lui faire du mal.
L'expression du visage famélique changea et devint boudeuse avant qu'un doux sourire prennent place sur sa bouche.
Castiel buvait ses paroles et ses mimiques comme s'il s'agissait du plus divin des nectar. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas parler à de vraies personnes. Il avait besoin de contact.
Le visage se ferma brusquement et redevint froid et effrayant tandis qu'il reportait son attention sur le garçon toujours agenouillé.

" La troisième question étant pour moi ... qui es-tu petite Alice égarée ?

Un petit gloussement échappa à Castiel à cet appellation. On ne l'avait encore jamais appelé ainsi. Mais il aimait bien.
Il regarda le jeune homme pensif devant lui puis pencha la tête sur le côté. Il le scrutait, le vrillait de ses yeux étranges.
Semblant satisfait, le garçon sourit puis répondit de sa voix clair et chantante. Enfantine. Et incongrue en un tel li

-Je suis Castiel. Castiel Aterius. Je suis heureux de te rencontrer Alister. Cela fait si longtemps que je n'ai pas converser avec des gens de chair. Tu savais que 'ater' voulait dire 'ténèbres' en latin.

Un rire cristallin lui échappa.

-A croire que j'étais destiné à finir, finir, finir dans cet endroit. Et tu sais que …

Castiel interrompit brusquement son bavardage volubile en rougissant. Il ne voulait pas ennuyer Alister.
Malheureusement, il avait envie de parler. Il dut se mordre les joues de toutes ses forces pour s'empêcher de parler.

Il se leva puis commença à décrire des cercles autour d'un point invisible, essayant de ne pas contrarier Alister. Il remarqua encore une fois son bandage en lambeau. Il sortit son mouchoir en soie noir, hésitant.

-Tu veux que je refasse ton bandage ? Je suis doué pour ça tu sais.

Le regard vide le vrilla, impassible.

-Est-ce toi qui m'a guidé jusqu'ici ? Parce que, j'ai sentis comme quelque chose qui m'appelait. Je l'ai suivi et je suis arrivé ici, ici, ici.

Castiel était impressionné. Il ressentait heureusement la présence réconfortante de Cory près de lui.

-Tu sais, j'ai un ami dans ma tête moi aussi. Il s'appelle Cory. Il est juste là.

Il rit de nouveau en désignant le vide à ses côtés.
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMer 29 Juil 2009 - 0:07

Alister considéra un moment le garçon. Bien que ses yeux ne pouvait le voir il devinait son attitude, ses traits charmants, son expression fascinée. Ce même rictus effrayant déchira ses lèvres. On l'aurait presque cru diabolique. Car l'ange aux ailes noires aimait être craint, mais plus encore il aimait être admiré, sublimé par les regards effarés des mortels. Seulement, il n'y avait eu que Joachim pour l'accepter depuis ce tragique événement, le seul qui l'avait touché, et regardé comme personne ne l'avait fait. L'ange souillé s'était juré de le protéger. D'aimer cette âme frêle comme jamais il n'avait aimé. Il était devenu sa raison de vivre, bien que lui-même avouait avoir perdu l'esprit depuis ces trop nombreuses années passées à errer sur terre. Lui autrefois si beau et vaniteux. Il en avait payé le prix fort. Mais à présent ils étaient deux, pour toujours. La voie de l'errance contre celle de la vie. Une juste leçon.

La voix de l'inconnu le sortit de sa rêverie. Son regard hautain se posa sur l'enfant, comme si il le voyait au delà de ses prunelles mortes. L'expression " des gens de chair " le fit éclater de rire, un rire malsain, épouvantable même. Si seulement il savait le pauvre. Et puis son visage reprit une expression calme et posée, comme passé du coq à l'âne. Puis il tiqua, comme gêné par la prononciation du mot latin. Le latin n'était synonyme que d'une chose pour Alister, l'église. Et qui disait l'église disait par extension dieu. Ses poings se crispèrent, faisant goutter le sang de sa main blessée. Il ramena ses doigts à son visage. Puis méticuleusement lécha le liquide qui s'en écoulait. Un frisson d'extase lui parcouru l'échine. C'était le sang de son petit protéger. De son petit ange à lui. Ce chemin écarlate synonyme de vie que lui n'avait plus depuis longtemps.


" A croire que j'étais destiné à finir, finir, finir dans cet endroit. Et tu sais que ..."

Alister pencha la tête sur le côté, intrigué par la répétition de mots du jeune enfant. Un TOC. Comme c'était amusant. Et pourquoi le nombre trois d'ailleurs ? En tout cas il devait bien reconnaître que le jeune Castiel avait une voix particulièrement agréable. Angélique même. Inconsciemment une langue gourmande glissa sur ses lèvres pales. Si il avait pu, il l'aurait bien goûté, mais il savait pertinemment que Joachim ne l'admettrait pas. Il voulait le protéger par le rendre malheureux. Alors il retint son envie sanguinaire et s'employa à jouer avec l'aiguille à tricoter. Alister n'avait aucune envie d'entendre les remontrances de son autre visage. Il était déjà assez pénible de lutter sans en plus en rajouter une couche avec son petit ange. Et puis il songea aux paroles du garçon. "Destiné". Son sourire carnassier s'agrandit. Alister laissa cependant le silence s'installer, puis le rompit brutalement d'une voix posée.

" Il n'y a pas de destin. C'est juste une façon de ne pas avouer qu'on s'est foutu dans le bourbier tout seul. Alors on l'invoque, elle, la destinée, mais qui te dis que tu n'aurais pas pu la changer...."

L'adolescent laissa sa phrase en suspend, comme si il avait été absorbé par quelque chose, un murmure dans le vent. Il écouta patiemment Castiel effectuer des cercles sur les feuilles mortes. Son attitude le surprenait, et il s'en délectait. Ce petit être aux cheveux d'ébènes titillait une corde sensible chez ce visage aux ailes noires. Sa manière hésitante de s'exprimer, de bouger et de le regarder. Cette fascination qu'il exerçait sur lui. L'enfant était trop pur pour être complètement vierge de tout péché. Qu'avait-il pu bien faire pour être traîné dans un tel endroit ? Un sourire découvrit ses dents, il le saurait bien assez tôt. Et lorsque Castiel lui proposa de refaire son bandage, Alister déclina poliment l'offre. Il se soignerait plus tard, car pour l'heure il n'en avait guère besoin. Joachim lui, le devrait. Et encore, il ne risquait pas grand chose, pas même l'infection. Telle était la destinée pour ceux qui avait choisi d'en manger la cendre.

Son regard se perdit au loin sur Maddleton. Il perçu grâce au vent la rumeur d'une horloge. Qu'elle heure pouvait-il être ? Il n'en savait rien. Le temps n'avait plus guère d'importance ici. Les jours et les mois étaient vidés de leur substance. Annihilés de toute signification, car lorsqu'on franchissait la grille de ses lieux, on ne pouvait plus en sortir. Avec un sourire amusé il songea à Sammael. Il le rencontrerait sûrement bientôt, mais ce pauvre démon n'était pas si avisé qu'il voulait bien le faire croire. En tout cas, il ne lui laisserait pas son petit ange.


" Est-ce toi qui m'a guidé jusqu'ici ? Parce que, j'ai sentis comme quelque chose qui m'appelait. Je l'ai suivi et je suis arrivé ici, ici, ici. "

Guidé ? Alister paru surprit, puis son visage se détacha à nouveau vers le lointain. Etait-ce à cause des lieux qu'il retrouvait un semblant d'énergie ? Sans doute. Mais pas suffisamment pour ne plus dépendre de Joachim. Et puis que ferait-il sans lui ? Il ne l'abandonnerait jamais. L'un ne vivrait pas sans l'autre, et Alister en était convaincu. Après quelques pénibles moments de silence son attention revint enfin. Il croisa les bras sur son torse fragile et maigre.

" Peut-être..." Répondit-il sans plus d'explication.

" Tu sais, j'ai un ami dans ma tête moi aussi. Il s'appelle Cory. Il est juste là. "

Alister arqua un sourcil, puis éclata d'un rire franc. Il ne doutait pas de la véracité de ses paroles mais l'incongruité de ses dires l'amusait. Comme si Joachim ou lui-même n'était que le fruit d'une imagination décadente. Si encore les choses avaient été si simple, il se serait bien jeté tout de suite dans les bras de Sammael. Mais les apparences étaient trompeuses, et Alister avait bien l'intention de faire passer Castiel de l'autre côté du miroir, brisant à jamais ses petites illusions d'enfant innocent.

" Parce que tu crois que je n'existe que dans la caboche de mon maître. Tu es bien loin de la vérité petite Alice égarée. "

Ses paroles sonnèrent durement, mais recelaient une terrible vérité. Il laissa quelques minutes à Castiel pour réfléchir sur le sens de tel propos avant de fermer les yeux pour céder la place à Joachim.

L'adolescent se sentit happé du fin fond de son esprit vers les lueurs de la conscience. Il sortait progressivement de sa torpeur, revenant à cette réalité qu'il avait fuit depuis des semaines, laissant Alister se charger de tout. Et il n'avait pas même ouvert les yeux qu'il s'en sentait harassé. Et bientôt la lourdeur de la vie réelle s'écoula en lui. Joachim ouvrit subitement ses prunelles. Ses jambes fragiles vacillèrent et il s'écroula à genoux sur le sol. Une main sur son front douloureux, il ne nota pas le changement qui s'opérait en lui. La Lune baignait de sa lueur blafarde le cimetière, déchirant les ombres des deux enfants sur le sol. Joachim se sentait faible, terrassé par la trop longue présence de son compagnon en lui. Et puis soudain une sensation étrange l'assaillit. Comme un picotement diffus au bout de ses doigts fragiles.

Il ne fallu guère plus que quelques secondes à l'enfant pour comprendre ce qui était en train d'arriver. Ou du moins celui qui était en train d'arriver. Ses iris émeraudes s'agrandirent, terrifiées.


" Alister qu'est ce que tu fais ? " Demanda t-il de sa voix flûtée.

" Alister je t'en prie ne fais pas ça, tu m'avais promis ! "

La fin de ses paroles se perdirent en un sanglot. Joachim ne pouvait rien faire. Il n'avait jamais eu la force de convaincre Alister lorsqu'il se mettait quelque chose en tête. Ses petits poings d'enfant se serrèrent, faisant perler à nouveau le sang au creux de sa blessure. Tremblant, le blond n'accorda aucune attention à Castiel. Pourquoi était-il incapable de le raisonner ? Pourquoi avait-il décidé de se montrer, alors qu'il lui avait juré de ne le faire que pour lui ? Pourquoi relevait-il les paroles de ce gosse comme une incitation à lui prouver le contraire.

Tandis que les minutes s'écoulaient, une forme éthérée apparue bientôt au dessus de l'ombre de Joachim. Elle était gigantesque et laissait supposer deux ailes sur son dos. Peu à peu elle prit forme, dévoilant un visage d'une beauté rare, mais gâché par la décomposition des chairs, si bien que sur le côté droit de sa bouche, l'os du crâne et des dents demeuraient visibles. Cette étrange figure pale fut bientôt surmontée de deux yeux gris à l'intelligence redoutable. Son fins visage était encadré par une masse de cheveux noirs comme l'aile du corbeau, relevant à merveille ses pommettes saillantes et ses lèvres couleur de corail. Un sourire narquois arquait son visage, le tordant d'une expression à la fois terrifiante et belle. Ses longues mèches d'ébène lui tombaient dans le dos, révélant ses ailes aux plumes noires. Signe distinctif de ceux qui avaient chu de leur position angélique. Son corps à la haute et imposante stature apparu finalement révélant un vêtement sombre galbant à merveille ses formes généreuses d'antan. Cependant, son bras droit n'était plus qu'os et chairs en décomposition. La Lune vint soudain éclairer ses traits terrifiants, comme un hommage au plus beau des anges qui aujourd'hui subissait la pourriture des hommes.

Joachim tremblait, fixant le sol d'un air hagard. Il sanglotait secoué par des spasmes étranges. Et puis son regard se tourna vers Alister dont il sentit les ailes se déployer, et le pas léger fouler le sol. Mais l'ange terrassé par une douleur terrifiante dû se résoudre à poser un genoux à terre, le souffle court. Réalisant la détresse de son double, Joachim se précipita sur lui et l'entoura de ses bras faméliques. Il se retourna soudain vers Castiel pour lui huler :


" NE LE REGARDE PAS !! TU N'AS PAS LE DROIT !"

Sanglotant, Joachim chercha tant bien que mal à protéger et à dissimuler le visage d'Alister. Puis réalisant qu'il n'y arriverait pas, il vint se blottir contre son torse mort. Ses doigts noueux se serrèrent sur sa chemise, alors que les larmes roulaient encore et encore sur son visage laiteux.

" Pourquoi....pourquoi tu as fais ça ? Tu m'avais promis que jamais tu ne te montrerais à un autre...." Gémit-il, alors que ses jambes cessèrent de le porter.

L'ange glissa un bras dans le dos l'enfant pour le retenir de glisser à terre, puis égara sa main osseuse dans la chevelure d'or du garçon. Le rassurant d'un geste tendre. Ses yeux clairs étaient fixés sur Castiel, cette même expression narquoise sur le visage. Les plumes noires de ses ailes étaient dispersées au loin par le vent, tandis qu'elles remuaient légèrement, au gré des caresses dans les cheveux de son protéger. Alister passa une langue gourmande sur ses lèvres abîmés par la décomposition. Dans ses yeux dansait une lueur de folie malsaine.


" Je t'avais bien dis que je n'existais pas que dans sa tête. Castiel Aterius. "

Alister appuya ces dernières paroles, comme pour achever de terrifier l'enfant. Car son apparence était ô combien peu attirante. Mais si encore il ne s'était s'agit que de ça. Son aura était bien plus puissante et terrifiante que lorsqu'il était dans le corps de son maître. Les arbres semblaient presque pourrir à son contact et le vent cessa soudain de souffler. Alister était parfaitement satisfait de son petit effet même si il allait très certainement le regretter plus tard. Mais les intérêt de son petit ange, passait après. Du moins pour aujourd'hui. Car il y avait des siècles qu'il ne s'était pas amusé ainsi. Se délecter de la peur d'un enfant était tout ce qu'il y avait de plus profitable en ce monde. Dommage seulement qu'il ne puisse goûter sa chair tendre.

" Tu m'avais promis Alister... tu ne devais te montrer à personne ... tu avais promis ! "

Joachim n'avait pas cessé de pleurer depuis tout à l'heure. Il était blottit là, contre le torse puissant de l'ange. Et il psalmodiait ces veines paroles d'une voix épuisée. Alister détourna son regard de Castiel et releva le visage de son double vers le sien. Il déposa sur son front un baiser se voulant rassurant. Puis ses doigts vinrent ramper jusque dans son dos, caressèrent la naissance des vertèbres, l'approchant d'un geste possessif. Son regard gris se releva sur le gamin, puis tout en le fixant il vint chuchoter à l'oreille de son protéger, parlant assez distinctement pour que Castiel l'entende.

" On pourrait lui arracher les yeux pour remédier au problème, qu'est ce que tu en pense ? " Dit-il d'une voix malicieuse.

" Non..." Souffla Joachim.

" Je ne veux pas que le sang soit répandu inutilement."

" Très bien Joachim, c'est comme tu le souhaites."

Conclut Alister d'un ton doux. Puis au loin retentit les treize coups de l'horloge. Un sourire ourla les lèvres de l'ange. Le temps était venu de repartir dans les méandres de l'esprit de son protéger. Un fugace regret glissa dans son regard gris. Il aurait voulu rester plus longtemps auprès de lui, mais il n'en avait guère la force. Du moins pas aujourd'hui. Alors il se redressa, abandonnant Joachim aux bras du vent glacial. Un dernier regard, une dernière caresse. Alister considéra Castiel du haut de ses deux mètres, avant de lui tendre un sourire carnassier. C'était très probablement la dernière fois qu'il se voyait, du moins sous cette forme.

" Adieu petite Alice égarée. Dommage, tu devais avoir un goût délicieux. "

Le treizième coup retentit, et Alister disparu dans un nuage de plumes noires qui recouvrirent le corps de Joachim. L'enfant était allongé sur le sol, son regard émeraude encore noyé par les larmes. Fébrilement il tendit la main pour attraper une plume qui se désagrégea, et bientôt il ne resta plus traces de l'apparition. Comme si tout ceci n'avait été qu'un rêve éveillé. L'adolescent se recroquevilla sur le sol, glapissant comme un animal blessé. Il en voulait à Alister d'être apparu devant un autre. Il lui en voulait d'avoir voulu profiter de sa faiblesse pour le manger. Pourtant il le connaissait bien depuis le temps, mais il était toujours aussi incapable de résister à sa volonté. Fermant les yeux, il sentit encore la fugace caresse de l'ange sur ses cheveux. Puis séchant ses larmes d'un revers de manche, il se redressa l'air un peu hagard. Tremblotant il chercha la position approximative de Castiel avant de prendre appui sur ses mains pour se lever. Il vacilla tout en s'approchant du garçon, et posa ses doigts noueux ses épaules. Un doux sourire vint orner ses lèvres diaphanes, mi-rassuré mi-désolé.

" Je m'appelle Joachim. " Dit-il d'une voix douce avant de grimacer à cause de la blessure qui rompait sa main.
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Castiel Aterius
Humain † The Mad French Touch
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Castiel Aterius

Masculin •Lettres : 189
•Vit depuis le : 25/11/1872
•Fou depuis le : 27/07/2009
•Age : 151
•Origine : Place du Tertre, Montmartre, Paris
•Rôle : Patient
•Tempérament : Enfantin, naïf ... mais pas que
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMer 29 Juil 2009 - 11:59

Jamais il n'avait imaginé que sa phrase, pourtant innocente, aurait de telles conséquences.
Alister se mit d'abord à rire puis lui répondit d'une voix dure que son existence était aussi vraie que la sienne avant de fermer les yeux. Son visage s'adoucit considérablement..
Castiel regarda le jeune homme devant lui et il eu alors la conviction que la personne qui lui faisait face à présent n'était absolument pas la même que celle d'avant. Il était d'ailleurs plus faible et s'effondra à genoux devant lui. Avant que le français ne puisse l'aider, l'horreur se déclencha.
Le blond semblait pris de convulsions et sa voix frêle s'éleva, comme terrifiée, puis se brisa sous les sanglots.
Qu'avait-il donc provoqué ? Devant ses yeux ronds de surprise, une forme se matérialisa près du corps tremblant du jeune homme, une forme absolument pas humaine.
La créature était à la fois effrayante et magnifique. Castiel était complètement fasciné par elle, la buvant du regard. Ne prêtant pas attention au corps pâle sur le sol jusqu'à ce que celui-ci s'exprime.


" NE LE REGARDE PAS !! TU N'AS PAS LE DROIT !"

Instinctivement, Castiel ferma les yeux afin d'obéir à cette voix bien qu'il fut déjà trop tard.
Les sanglots qu'il entendaient lui déchirait le cœur. Il n'avait pas voulu leur faire du mal ! Mais il leur en avait quand même fait. ILS avaient raison. Il portait malheur. C'était la première fois en un an qu'il parlait enfin à quelqu'un et il avait tout gâcher.
Il s'assit sur le sol, remonta ses genoux sur sa poitrine et se réfugia dedans en se balançant mécaniquement. Cory s'était placé devant lui, le protégeant de sa haute stature.
Il entendit les paroles que lui adressait Alister mais ne releva pas le regard malgré son envie. Il en avait déjà assez fait comme ça.
Il ne protesta pas quand l'ange noir proposa de lui arracher les yeux. Cela n'aurait été que justice. Mais Cory grogna.
Il entendait chacune des paroles qu'ils échangeaient mais gardait le silence. Ce moment ne lui appartenait pas.
Toujours enveloppé dans ses bras, les adieux d'Alister lui parvinrent. Puis une horloge au loin émit, un treizième coup et le vent reprit. Alister était partit.
Un petit couinement lui parvint mais il n'ouvrit toujours pas les yeux.
Il se balançait toujours lorsqu'il sentit une main froide sur son épaule suivit d'une voix douce.


" Je m'appelle Joachim. "

Castiel ouvrit alors ses paupières pour les poser sur la main blessée du jeune homme.

-Moi, c'est Castiel, Castiel, Castiel. Veux-tu que je refasse ton bandage ?

Il releva alors ses yeux vers le jeune homme, plongeant dans les émeraude vides qui lui tenaient lieu d'yeux.

-Je suis désolé, désolé, désolé. Je ne voulais pas vous faire du mal.

Les larmes revinrent aux yeux du garçon. Et des sanglots secouèrent son corps.

-Pardon, pardon, pardon.

-Chut ! Cesse de pleurer petite sauterelle.

-Mais Cory, à cause de moi, ils ont eu mal !

Castiel eut alors une idée. Il voulait se faire pardonner. Il se leva, puis regarda autour de lui. Il aperçut alors des plants de myrte entre les tombes. Il en cueillit un brin qu'il glissa dans la main non blessée du blond.

-J'espère que tu ne m'en voudras, voudras, voudras pas trop.

Il s'assit ensuite sur une pierre tombale bancale puis se mit à fredonner en balançant ses jambes.

-Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés. La belle que voilà ira les ramasser …
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMer 29 Juil 2009 - 19:55

Alister ...

Alister était apparu, Alister était revenu des méandres de son esprit. Il avait, à son détriment surgit pour quelques fugaces instants. Joachim était presque en colère contre lui. Il avait rompu sa promesse, et s'était montré au regard d'un autre. Après deux ans d'une terrible attente, il avait joué avec ses forces et avec lui comme un simple pion bougé sur l'échiquier. Son poing se serra alors qu'une rage immense l'envahissait. Il n'avait pas le droit de l'utiliser comme ça ! Non pas le droit. Mais après tout ... c'était lui qui avait conclu ce pacte voilà presque dix ans. Alister n'était pas un ange, il avait chu de sa position. Alister était un démon aux yeux de verre, et Joachim avait scellé sa vie en même temps que la sienne. Il lui appartenait. Dans le fond il n'était que son jouet, sa créature adorable. Pourtant ...Pourtant cela ne le gênait pas. Il lui avait offert ce qu'on lui avait toujours refusé. Un châtiment éternel, un châtiment tourmenté. Alister était tendre avec lui, mais que ce passerait-il lorsqu'il n'aurait plus besoin de lui ? Le laisserait-il ? Son corps tomberait-il immédiatement en poussière ? Joachim fut terrifié par cette simple pensée et se mordilla nerveusement la lèvres pour s'empêcher de pleurer. Il tenta d'atteindre Alister, mais celui-ci était bien terré au fond de son esprit, sans doute se reposait-il.


" Moi, c'est Castiel, Castiel, Castiel. Veux-tu que je refasse ton bandage ? "

Joachim sortit soudain de ses pensées et lâcha les épaules du garçon comme si il s'était brûlé. Son regard se perdit sur le sol, un peu gêné. Un tendre sourire vint cependant ourler ses lèvres lorsqu'il releva le tique un peu étrange de Castiel. L'enfant n'osa cependant pas relever les yeux vers lui, de peur d'être perçu comme un monstre à présent. Car il ne doutait pas qu'on ne tarderait pas à lui jeter des pierres. Alister n'en faisait toujours qu'à sa tête et c'était lui qui récoltait la punition. L'ange se reposait trop sur l'immortalité de son corps d'enfant. Pourtant Joachim se sentait comme incomplet. La fatigue qui croissait soudainement en lui, confirmait cette terrible pensée. Il était immortel mais à quel prix. Chaque fois qu'il l'utilisait était plus douloureuse que les précédentes, comme si intérieurement il dépérissait.

Dans son regard vide revint la lumière. Il venait seulement d'entendre la proposition du patient. Etonné, Joachim resta là sans bouger, puis hocha la tête timidement. C'était la première fois qu'on se montrait gentil avec lui. Voilà quelques semaines il avait été enfermé dans sa cellule, attaché au lit. Alister n'avait rien fait pour lui et il avait hurlé entre ces murs vides. Il s'était débattu jusqu'à ce que les lanières lui rompe la chair des poignets. Alors cette douceur le toucha, faisant rouler quelques larmes sur son visage blafard. Il retrouvait de ce petit flot de parole un semblant d'humanité. Le temps ne faisait plus parti de son existence depuis bien longtemps, il ne comptait plus les jours ni les années. Dans quelques siècles, il oublierait son passé, sa naissance, ses malheurs. Il incarnerait une âme errante, voyageant en compagnie de son fidèle Alister. Il n'y aurait rien d'autre que cette souffrance lancinante qui lui désagrégerait le coeur. Avec tristesse il songea que Castiel disparaîtrait probablement un jour. Qu'il oublierait le petit garçon qui avait fait preuve de tant de gentillesse.

Des larmes.


" Je suis désolé, désolé, désolé. Je ne voulais pas vous faire du mal. "

Joachim le regarda soudain, l'air étonné. Il ... il pleurait ?Le garçon sanglotait sur le sol, et l'adolescent en ressentit une profonde tristesse. Non content d'avoir joué avec lui Alister l'avait blessé. Il étendit son bras pour le lui poser sur l'épaule mais se ravisa, craignant de lui faire peur. Craignant de lui communiquer sa douleur. Et puis celui-ci se redressa et alla chercher quelque chose qu'il vint ensuite placer entre ses doigts blancs. Joachim considéra un instant l'objet, l'effleurant de l'index. Il reconnu une fleur de myrte et dessina sa forme dans son esprit fatigué. Un sourire ourla ses lèvres alors qu'il jouait de l'ongle sur les pétales. C'était doux au toucher, doux comme la neige en hiver, comme la glace sur un lac gelé. Son sourire s'agrandit. Le cadeau du garçon lui plaisait vraiment. Simple et innocent. Joachim trouva méchante l'attitude de Alister envers Castiel. Il n'aurait jamais dû le traiter comme ça. Mais ... l'ange était son double d'ombre. Lui était là pour réparer ce qui avait été brisé.

" -Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés. La belle que voilà ira les ramasser …"

" Entrez dans la danse, Voyez, comme on danse, sautez, dansez, embrassez qui vous voudrez ... " Entonna t-il d'une voix veloutée.

Lorsqu'il eut fini de chantonner, son rire léger brisa le silence du cimetière. D'un pas quelques peu chancelant il vint s'asseoir à côté du garçon. Posant les mains de part et d'autre de son corps, Joachim s'appuya légèrement en arrière, levant le nez vers le ciel comme si il le contemplait. Il commença à balancer ses jambes lui aussi, fredonnant d'un air joyeux une autre comptine. Le temps fila, silencieux. Le vent soufflait parfois dans quelques feuilles, les déplaçant d'un endroit à l'autre du cimetière. Puis soudain Joachim cessa de fredonner pour tourner la tête vers Castiel. Dans sa main il tenait toujours étroitement serré le brin de myrte. Un sourire fendit ses lèvres presque bleues, puis il vint se saisir à tâtons de ses doigts fragiles. Il les caressa du bout de l'index un court instant avant de replacer le brin de myrte dans sa main.


" Pourquoi je t'en voudrais ? Ce n'est pas ta faute c'est celle d'Alister. " Dit-il d'un ton clair.

Il lui sourit avant de passer une main sur sa joue pale pour en chasser le sang qui avait sécher depuis. Joachim entendit même les petits copeaux tomber sur la pierre tombale usée. Ramenant ses genoux contre lui, il y reposa son visage, se laissant bercer par le vent tendrement. Bien qu'il le connaissait peu, voir pas du tout, il aimait bien la compagnie de ce garçon. Il incarnait une présence délicate et bien réelle. Une présence qu'il n'avait pas eu depuis des années. L'adolescent était toujours confronté à des êtres durs et froids qui le méprisait, le contemplait d'un regard vide et mauvais. Il n'y avait eu qu'Alister pour le consoler. Il lui devait la vie, et son châtiment éternel aussi.

Son attention revint sur Castiel, puis détourné par un murmure, il posa sa tête sur ses genoux et se balança légèrement de droite à gauche. Joachim réfléchit, tentant de se remémorer ce nom qu'il avait déjà entendu. Un léger rire cristallin brisa le silence, lorsqu'il s'en souvenu, levant son index au ciel d'un air amusé.


" Qui est Cory ? "

Voilà le nom qu'il avait cherché durant quelques secondes. Etait-ce un ami imaginaire ? Une présence protectrice ? Un être maléfique qui partageait son corps comme avec lui ? Et puis comment s'incarnait-il dans ce monde ? Pour avoir eu quelques amis imaginaires par le passé, Joachim se souvint qu'il les avait véritablement considéré comme vivant, qu'il leur conférait un impact sur le monde. Il ne doutait pas qu'il en allait probablement de même avec ce Cory. Il s'imagina quelques instants à quoi il pouvait bien ressembler, y superposant le visage de Castiel sentit quelques instants plus tôt. Il le voyait plus vieux, plus émacié, peut-être plus dur aussi, comme un ange protecteur un peu bourru. L'image le fit rigoler. Elle était bien différente de celle d'Alister et plus maléfique surtout. Mais il l'aimait bien son ange sombre.

" Est-ce que tu crois qu'il m'en veut ... ? A cause de Alister ? " Il marqua une pause. " Tu crois que je pourrais lui parler un jour, j'aimerais....j'aimerais m'excuser ? "

L'adolescent prit un air penaud, si bien qu'on pouvait presque imaginer deux oreilles pendant piteusement de chaque côté de son visage. Il s'en voulait d'avoir fait pleurer Castiel, il ne lui voulait aucun mal.

Joachim releva soudain le nez. Un murmure, un murmure dans le vent.
Il entendit un air de boîte à musique, mais Castiel ne semblait pas l'entendre. Captivé Joachim l'écouta jusqu'au bout. Jusqu'au bout oui.

Et sur la dernière notes ...


" L'horloge ..." Murmura t-il à lui même.

Il entendait l'horloge distinctement résonner à son oreille. Elle martelait les coups du temps, violemment. Pourtant ... Pourtant c'était impossible, elle avait sonné depuis peu. C'était impossible.

Un nouveau coup.

Les pupilles de l'adolescent se dilatèrent soudain. Ses doigts se crispèrent sur ses jambes jusqu'à ce que les phalanges deviennent blanches. Une douleur sans précédent lui martela le coeur à chaque nouveau coups qu'il entendait. Bientôt il fut plié en deux, son visage d'ange masqué par sa chevelure claire. Il serra les dents pour ne pas hurler. Mais un nouvel élancement lui arracha un léger gémissement. Sur le côté gauche de son cou apparu soudain, le sceau d'Alister, qui jusqu'alors n'avait été qu'une simple cicatrice. A présent il était d'une étrange couleur écarlate, qui semblait loin d'être habituelle. Le cadrant d'horloge dénuée de chiffres et d'aiguilles semblait palpiter au rythme des battements désordonnés du coeur de Joachim. L'adolescent ne sentait plus la présence de Castiel, pas plus que celle d'Alister. Il était seul dans ces terribles ténèbres, seul avec cette terrible douleur. L'horloge sonna à nouveau dans son esprit, lui arrachant cette fois-ci un hurlement déchirant. Joachim se prit la tête entre les mains et commença à se balancer frénétiquement d'avant en arrière. Il tirait sur ses cheveux dans le vain espoir de faire fuir cette souffrance lancinante. Un feu semblait lui consumer l'âme. Il étouffait entre des chaînes invisibles. De ses lèvres s'écoula bientôt un mince filet écarlate, signe qu'il s'était mordu la langue pour ne pas déchirer une nouvelle fois le silence de sa voix rauque.

Un éclair de lucidité.

Si il restait près de Castiel il allait lui faire mal, il en était convaincu. Il ne fallait pas, il devait se lever. Il ne voulait pas le blesser. Joachim dû fournir un pénible effort pour forcer ses jambes à se déplier. Pour les forcer à se poser par terre. Il souffrait au delà de l'imaginable, terrassé à chaque coups que l'horloge donnait. Huit. Neuf. Quand cela allait-il s'arrêter ? Une main crispée sur sa poitrine il réussit à se redresser, chancelant plus que marchant sur les feuilles mortes. La douleur se propagea bientôt dans tout son corps frêle, intensifiant plus que ça lui était concevable cette sensation de brûlure atroce. Ce feu ne consumait pas son corps, il semblait brûler autre chose, enfouit au plus profond de son être. Et Alister qui restait désespérément muet.

Dix.

Il tomba à genoux.


" NE T'APPROCHE PAS ! " Hurla t-il à Castiel avant de ramper péniblement vers le saule.

Onze.

L'enfant se prit la tête et hurla comme un dément, ses cris résonnant dans la nuit noir. A genoux, Joachim semblait être devenu incontrôlable.

Douze.

Le vent se mit soudain à souffler avec une force inimaginable, couvrant les cris de l'adolescent et l'enveloppant dans un nuage de feuilles menaçant.

Treize !

Un hurlement déchirant couvrit le vent qui cessa soudain. Quelques secondes de silence avant qu'un craquement étrange ne retentisse dans la nuit. Le tronc du vieux saule semblait gémir, et pourrir à une vitesse effrayante. Ses feuilles se desséchèrent et tombèrent en masses sombres sur le sol tout autour de Joachim, dont la marque sur le cou était plus visible que jamais. Et puis le tronc de l'arbre se fendit brusquement jusqu'à la base. Les deux moitiés scindées s'écroulèrent dans un fracas ignoble, brisant plusieurs tombes dans leur chute. Et ce fut le silence.

L'horloge se tut.

Joachim était là, agenouillé dans les feuilles mortes, le buste étrangement courbé vers l'avant. Son souffle était rendu rauque par les cris qu'il avait poussé. Ses côtes étaient en feu, se soulevant et s'abaissant à une vitesse effrayante. Des larmes perlèrent dans ses yeux verts, puis glissèrent le long de ses joues blafardes. Il se sentait mal. Son coeur était lancinant, et le souvenir de ce feu le consumant le rendit nauséeux, jusqu'à ce que dans un soubresaut il rende de la bile. Son regard dériva sur les feuilles mortes puis sur le tronc du vieux saule. Il contempla ébahit les deux morceaux scindés net par une force dont il ignorait encore tout.

Ses yeux s'agrandirent.

Il ... Il regardait le tronc ?
Joachim leva une main effrayée devant son visage. Il la voyait. Il la voyait ! Son regard balaya le cimetière dont la vision neutre resta plaquée sur sa rétine. Tout était fait de noir et blanc, et l'enfant ne savait pas si il devait considérer ça comme une bonne ou une mauvaise chose. Il cligna des yeux puis se les frotta pour les poser sur Castiel. Il fut frappé par cette silhouette élancée, comme si on lui avait jeté de l'eau en plein visage. Il contempla ses mèches sombres lui tomber devant les yeux. Ses vêtements un peu ample pour lui. Il ne comprenait pas, il ne comprenait plus rien. Son cerveau douloureux lui arracha une plainte. Il baissa la tête et clos ses petits yeux clairs, essayant tant bien que mal de récupérer un peu de neutralité, mais son visage demeurait un livre ouvert sur toutes les émotions qui se précipitaient en lui.

Tremblant, chancelant, Joachim se redressa, et s'avança vers Castiel. Plusieurs fois ses jambes faillirent céder sous son poids, mais il se força à rester debout. Un pas et sa vue se troubla quelques peu. Un autre et elle diminua encore. Et fut bientôt à la hauteur du garçon et s'écroula lourdement devant lui. Lorsqu'il ouvrit les yeux, tout autour de lui n'était plus que des formes vagues et imprécises. Il releva la tête vers le patient, son épuisement se lisait sur son visage d'enfant.


" Castiel ..." Implora t-il avant de fermer les yeux.
Une lueur de conscience persista cependant. Mentalement il appelait Alister qui resta désespérément muet. Pourquoi ? Pourquoi ...
Sur son cou le sceau demeurait à vif, sauf qu'à présent une aiguille était apparue, balancée négligemment vers la gauche.
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MessageSujet: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeJeu 30 Juil 2009 - 0:08

Castiel entendit la voix douce et le rire de Joachim s'élever et il se sentit heureux.
Il le regarda s'installer à ses côtés et fredonner une autre comptine. Ne voulant pas briser la paix de l'instant, le garçon se contenta de l'écouter.
Puis, le jeune homme attrapa sa main et y glissa la fleur. Castiel sentit une étrange chaleur envahir son ventre en même temps que l'incompréhension se lisait sur son visage.


" Pourquoi je t'en voudrais ? Ce n'est pas ta faute c'est celle d'Alister. "

En entendant cette phrase, le petit brun se sentit plus léger et un sourire joua sur ses lèvres rougies.
Joachim posa ensuite sa main sur sa joue et il se laissa aller contre ce doux contact qui faisait partir le sang sur son visage.
Le blond se perdit quelques instants dans ses pensées.
Mais rapidement son attention revint vers le garçon. Et il se mit à rire. D'un rire encore plus merveilleux que celui d'Alister. Il leva son index vers le ciel.


" Qui est Cory ? "

Les sourcils de Castiel se soulevèrent à cette question.

" Est-ce que tu crois qu'il m'en veut ... ? A cause de Alister ? ". " Tu crois que je pourrais lui parler un jour, j'aimerais....j'aimerais m'excuser ?

Cela étonna encore plus le gamin. Jamais encore quelqu'un ne lui avait avouer désirer parler à Cory.
La plupart du temps, les gens se contentaient de le regarder de travers. Avant de lui lancer une pierre pour le faire fuir.
Alors qu'il allait répondre, il n'en eut pas le temps.
Le jeune homme leva le nez puis murmura quelque chose.
Alors, il se tendit tout entier, les doigts crispés sur ses jambes. Il semblait en proie à une douleur terrible, un gémissement lui échappa alors qu'il se pliait en deux sous le regard inquiet de Castiel. Une marque apparut sur son cou.
Il se prit la tête entre les mains et se balança, ses cheveux blond volant autour de lui. Du sang coula de sa bouche.
Il se leva ensuite et s'éloigna péniblement. Castiel se leva à son tour et le suivit doucement.
Il tomba à genoux puis hurla.


" NE T'APPROCHE PAS ! ''

Mais le garçon, étant têtu, ne l'écouta pas et continua à s'approcher. Il avait l'air d'avoir si mal !
Castiel ne savait que faire. Il se mordait la lèvres avec rage tant il était angoissé.
Que devait-il faire ? Comment pouvait-il l'aider ?
Les larmes lui montèrent aux yeux mais il les retint. Ce n'était pas lui qui était en difficulté en ce moment.
Soudain, tout cessa. Et une scène encore plus étrange commença.
Joachim pleura et vomit de la bile. Puis, il regarda vers le saule avant de passer sa main devant son visage.
Il se tourna alors vers Castiel et se dirigea vers lui.
Le garçon remarqua l'étincelle, la vie dans les yeux émeraude. Joachim le VOYAIT ! Le jeune homme ferma ses yeux comme pour reprendre le contrôle de ses émotions.
Il s'avança ensuite péniblement vers le français. Lorsqu'enfin il fut à sa hauteur, il s'écoula. Et releva la tête vers lui. Il semblait harassé.


" Castiel ..."

Cette supplique fendit le cœur du Castiel qui sembla enfin reprendre ses esprits.
Il s'assit aux côtés de Joachim et le prit doucement dans ses bras.
Il le berça tendrement et essuya la bile, qui coulait du coin de ses lèvres, avec sa manche, son mouchoir servant déjà de bandage.
Il lui baisa les cheveux, essayant de le rassurer, de le calmer. Il répondit alors à ses précédentes questions.


-Cory est mon ami et mon protecteur. Il veille sur moi et m'empêche de faire des bêtises.

Il lui caressa les cheveux en le serrant fort contre lui. Le jeune homme était glacé.
Tout en le maintenant d'une main, il retira sa veste et enveloppa le maigre corps. Il frotta ensuite le tissu sur la peau pâle, essayant de lui communiquer un peu de chaleur.


-Il est juste à coté de moi, près de tes jambes. Il te regarde. Je ne sais pas si tu peux le voir mais tu peux lui parler si tu veux, je servirais d'interprète.

Il se balança doucement puis s'allongea tout près du jeune homme emmitouflé, le serrant encore contre lui. Il espérait que sa chaleur humaine l'aiderait bien que Joachim soit plus grand que lui.
Il murmura ensuite.


-Mais tu sais, tu n'as vraiment rien à te reprocher. Cory en veut à Alister. Il ne l'aime pas. Mais toi, tu n'as rien fait. Et il ne ressent aucune menace de ta part. C'est l'avis le plus favorable qu'il ait fait depuis longtemps. D'une certaine manière on peut dire qu'il t'aime bien.

Il rit doucement. Et resserra sa prise sur Joachim.

-Il est un peu paranoïaque sur les bord mais il est très gentil. J'aimerais bien que tu puisses le voir et lui parler. Ça lui ferait du bien de parler à d'autres personnes. Il cesserait peut-être de s'en faire tout le temps. C'est une vrai mère poule !

Castiel rit plus fort en regardant Cory.

-Il boude parce que j'ai dit qu'il était une mère poule. Il est un peu susceptible. Mais adorable. Mais, tu sais Joachim, il a le droit d'être comme ça. C'est lui qui à pris presque tous les coups quand le prêtre m'exorcisait. Et il m'a empêché de mourir quand ILS m'avaient enfermé dans le noir dans la petite pièce avec la porte en fer du sous-sol de l'église.

Il soupira. Puis continua son bavardage, essayant de distraire le jeune homme dans ses bras. Sans se rendre compte qu'il ne tiquait plus. Exactement comme lorsqu'il parlait à Cory.
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeJeu 30 Juil 2009 - 11:05

Joachim demeurait là, le nez dans les feuilles mortes, ne sachant plus si il aurait la force de se lever ou non. Leur odeur de pourriture fermentée lui montait aux narines, accentuant la nausée qui le clouait au sol. Cette odeur était horrible, éveillant en lui un souvenir douloureux qui restait bien gardé derrière ses lèvres closes. Cette puanteur de charogne, ce parfum de mort que parfois Alister dégageait. Lui-même était imprégné de son odeur depuis que le pacte avait été passé. Une larme roula sur sa joue laiteuse. Il ne comprenait pas ce qui venait d'arriver, et il regrettait presque d'avoir passé ce contrat avec l'ange. La douleur qu'il avait ressentit n'avait rien de commun avec les souffrances terrestres. C'était ... c'était comme si quelque chose lui avait brûlé l'âme. L'avait fait pourrir en l'espace de quelques secondes. L'adolescent étouffa un sanglot. Il se souvint de Alister lui disant que son véritable châtiment ne commencerait que dans dix ans, et que jusque là, il mènerait une existence plus ou moins normale. Le temps avait passé si vite ... il ne s'en était même pas rendu compte à présent que son corps ne vieillissait plus.

Soudain il entendit le bruit de quelqu'un qui se penche, des bras maigres qui le saisissent doucement. Castiel. Pourtant Joachim n'ouvrit pas les yeux de peur que cette soudaine chaleur humaine ne disparaisse comme un rêve. Il gémit faiblement lorsque le garçon vint essuyer la bile qui coulait au coin de ses lèvres, pour venir s'écraser sur le sol dans un "plop" à peine audible. Prit d'une quinte de toux, le blond commença à trembler de tout ses membres. Les cernes qui accentuaient le contour de ses yeux clos, avaient prit une teinte de cendre particulièrement visible. On pouvait noter tout l'harassement de ce corps trop maigre, de cette respiration si faible. Joachim était pale comme la mort, et glacé comme l'hiver. N'importe quel médecin aurait dit que ce jeune homme était à l'article de la mort. Cette pensée lui arracha un sourire bien malgré lui. La mort glissait sur lui comme elle l'avait fait avec Alister. Il aurait beau tout faire pour achever sa vie, il n'y arriverait pas. Dans son état il aurait normalement du mourir lorsqu'il s'était jeté dans le lac. Et il n'en était rien.


"Cory est mon ami et mon protecteur. Il veille sur moi et m'empêche de faire des bêtises."

Joachim sourit, les yeux toujours fermés. Cet enfant le rassurait. Ses paroles douces le ramenait à une réalité avec laquelle il avait peu, voir pas du tout de contact. Son protecteur ... Un peu comme Alister ? Non Alister faisait des bêtises et c'est lui qui les réparait ensuite. Alister était égoïste et joueur, il ne se souciait pas sur l'instant du mal qu'il pouvait lui faire. C'était toujours après coup qu'il s'excusait piteusement de la douleur infligée à son corps d'enfant. Alors Cory était bien différent, peut-être un sorte d'ange, une âme qui avait décidé de prendre soin du candide enfant. L'adolescent sentait dans ses paroles douces toute son innocence. Lui si tôt confronté aux adultes, il ignorait ce que c'était d'avoir des discussions anodines sur les amis imaginaires ou sur la peluche qu'on venait de se confectionner. Jamais il n'y avait eu droit. Et c'est alors qu'il sentit un vêtement le recouvrant. Il était chaud, mais cette chaleur refusait de pénétrer son corps maudit. Castiel frotta vainement sa peau pales pour lui communiquer un peu de chaleur. Joachim se saisit de son poignet pour le retenir, et secoua la tête, lui faisant muettement comprendre qu'il n'y avait rien à faire pour lui. Il n'y avait rien à faire. Cette pensée lui arracha un frisson d'horreur.

" Il est juste à coté de moi, près de tes jambes. Il te regarde. Je ne sais pas si tu peux le voir mais tu peux lui parler si tu veux, je servirais d'interprète. "

Joachim sourit une nouvelle fois. Il essaya de bouger pour se tourner de côté mais la douleur était encore si intense qu'il grimaça. Finalement il se résolu à rester en place. Puis, lentement, presque craintivement, il ouvrit les yeux, espérant voir celui dont lui parlait tant Castiel. Ses yeux se levèrent sur l'enfant, mais sa vision demeurait imprécises, si bien que les traits de son visage n'étaient presque pas marqués, comme une apparition éthérée. Faiblement il releva la tête, pour regarder à côté du gentil garçon. Il aperçut une silhouette, mais trop vague pour qu'il puisse dire si elle était réelle ou non. Pourtant elle se tenait bien là, immobile et silencieuse. Etait-ce un rêve ? Fébrilement, il étendit une main dans sa direction, mais sa faiblesse fut telle qu'elle retomba mollement sur son corps maigre. L'adolescent vint se blottir contre Castiel, l'esprit encore martelé par le bruit de cette horloge.

Lui aussi il aurait aimé lui parler. S'excuser auprès de lui pour le comportement d'Alister. Mais il lui semblait bien que c'était impossible. Dommage. Cory avait l'air de représenter la seule présence adulte "saine" des lieux. Joachim songea au directeur qui n'était là que pour leurs âmes. Jusque là il n'avait vu que lui, mais il se doutait bien que d'autres monstres comme lui peuplaient les couloirs de Middleton. Monstre ... cette expression le fit doucement sourire. Lui aussi était un monstre après tout. Il contempla tristement les contours du visage de Castiel. Il semblait si doux, si innocent sur ce territoire sombre. Il rit en même temps que lui lorsqu'il surnomma Cory sa mère poule. Etrangement il imaginait cet être tendre une moue boudeuse à Castiel puis croiser les bras pour regarder au loin, tout en prenant soin de le surveiller du coin de l'oeil. Cette vision était étrange pour lui qui n'avait connu que la folie. Alister le protégeait, mais à un terrible prix. De toute manière sans lui il ne serait pas ici. Si l'ange ne l'avait pas trouvé, il serait mort de froid et de faim dans cet antique château. Il soupira, ça ne servait à rien de remuer le passé, il n'y avait que des regrets.

Exorcisme ... ?

Joachim écarquilla les yeux puis se redressa vivement pour fixer Castiel. Sur son visage dansait une multitude d'expressions étranges. Alors ... Alors lui aussi il avait vécu ça ? Une tristesse infinie vint noyer ses beaux yeux verts. Et sans qu'il ne puisse les contrôler des larmes amères roulèrent sur ses joues pales. La douleur semblait infinie tant le souvenir de cette journée lui était pénible. Il se revoyait hurlant dans cette chapelle sans âme, son sang répandu tout autour de lui. Et cette homme qui ne cessait de lui répéter qu'il était le diable. Et puis Alister ... Alister avait prit le contrôle. Il avait ... Un hoquet vint briser le silence. Castiel avait vécu la même chose. Cette horrible douleur, cette effroyable solitude. Il l'avait aussi ressentit. Son âme se retrouvait percée de part en part, et la douleur suintait de son corps fragile. Puis soudain il serra les poings, son visage angélique prenant une expression d'indicible colère. Il détestait cette ferveur qu'avait engendré dieu. Il détestait ce destin infligé aux moutons noirs qui sortaient du rang. Les branches de rosiers, la cave moite et humide d'une église. Les hommes avaient une imagination surprenante lorsqu'il s'agissait d'en torturer un autre. Les véritables monstres c'étaient eux ! Ces hommes et femmes d'église qui les châtiaient pour un crime dont ils n'étaient pas responsable.


" Je les hais ! " Siffla t-il entre ses dents.

Son regard se leva à nouveau sur Castiel. L'adolescent contempla la forme imprécise de ses cheveux qui ruisselaient sur son visage. Ses mains s'étendirent, un peu tremblantes, puis il vint serrer le corps chaud de l'enfant contre le sien, glissant une main distraite dans sa chevelure d'ébène. Par ce geste il lui faisait comprendre que tous deux partageaient la même cicatrice. Ce même passé moqueur qui les narguait en leur tirant la langue. L'image du chat de Cheshire narguant Alice lui revint en tête. Ce passé et cet avenir qui s'illuminaient devant eux n'étaient que la promesse vers une dérive certaine. A Middleton il n'y avait pas d'échappatoire possible. Et à moins d'en ressortir comme un monstre, on n'en sortait pas du tout. Ce lieu incarnait l'abysse la plus profonde du monde. Un lieu coupé de tout, et dont personne ne voulait entendre parler.

Le vent souffla, ébouriffant sa chevelure d'or.

Ses iris de jade se posèrent sur la bâtisse au loin, puis dérivèrent sur le saule coupé en deux. Les deux morceaux pendaient lamentablement sur les tombes, comme des carcasses de bateaux échouées sur le sable. Le tronc complètement pourri donnait l'impression qu'au moindre effleurement il se désagrégerait. Le vent le caressait, le léchait d'une manière suave, faisant grincer de manière effroyable ses branches mortes. Joachim déglutit, la gorge nouée par la rage et la tristesse. Il n'osait pas poser sa question. Alors il caressait distraitement ses cheveux, jouant avec les mèches sombres. Son corps malgré la chaleur du garçon demeurait glacé, terriblement glacé, comme si aucune vie ne coulait dans ses veines. Ni vivant ni mort.

Un soupir lui délia la langue, mais pour mieux changer de question et oublier celle qui lui brûlait les lèvres.


" Tu ... tu sais, Alister n'est pas si méchant dans le fond. Il est ... il est juste bizarre, et un peu trop joueur. Mais ... mais sans lui je ne serais pas encore en vie. "

En vie. Ce mot lui semblait si étrange à prononcer. Est-ce que être en vie signifiait être enfermé ici à jamais? Est-ce que en vie signifiait vendre son âme au diable ? Est-ce qu'être en vie, c'était dériver sur la surface du monde sans que personne ne remarque votre présence ? Qui avait-il de positif à être en vie ? Joachim retint les larmes qui se pressaient dans ses yeux clairs. Il avait vendu son corps et son âme. Se reculant du garçon, il vint toucher distraitement la marque sur son cou. Le sceau d'Alister le brûlait, répandant une effroyable douleur dans son corps maigre. Elle palpitait vite, trop vite, comme si elle était vivante. Joachim se mordilla nerveusement la lèvre. Dix ans. Dix ans se répétait-il encore une fois. Bientôt il ne serait plus le même. Au moins Sammael aura peut-être renoncé à dévorer son âme.

" Tu ... ton ... ton péché ... c'était quoi pour avoir subit ça. "

Ses propres paroles lui arrachèrent un frisson d'horreur et de dégoût. Il détestait prononcer quelque mot religieux que ce soit. Timidement il leva les yeux vers Castiel. La forme à côté de lui semblait le protéger. Peut-être avait-il posé la question de trop. L'adolescent se tripota nerveusement les doigts avant de bredouiller quelques vaines excuses. Maintenant qu'il l'avait demandé, il serait obligé d'entendre ce récit bien sombre. Ce souvenir qui se mêlerait au sien. Un sourire bizarre orna ses lèvres. Un souvenir qu'il pourrait dévorer !
Joachim secoua la tête surprit de cette réflexion aussi inattendue qu'elle ne lui était pas du tout personnelle. La vieille carcasse de l'arbre déchiré gémit. Le blond fixa ses mains d'un air étrange. Il se sentait bizarre ... comme différent.


" Un souvenir que je pourrais dévorer." Murmura t-il suffisamment bas pour que ni Castiel ni Cory ne l'entende.

Cette sensation étrange ... c'était quoi ?

Tic ! Tac !
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Castiel Aterius
Humain † The Mad French Touch
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Castiel Aterius

Masculin •Lettres : 189
•Vit depuis le : 25/11/1872
•Fou depuis le : 27/07/2009
•Age : 151
•Origine : Place du Tertre, Montmartre, Paris
•Rôle : Patient
•Tempérament : Enfantin, naïf ... mais pas que
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeJeu 30 Juil 2009 - 14:02

Alors qu'il continuait de le bercer, Joachim se redressa brusquement puis plongea ses yeux dans les siens. Son visage fin devint infiniment triste.
Il se perdit dans ses pensées avant d'hoqueter, faisant sursauter Castiel.
La tristesse céda alors la place à la colère et les mains blanches se serrèrent en poings d'albâtre.
Un sifflement rageur jaillit de ses lèvres bleuies.


" Je les hais ! "

Puis, le jeune homme tourna à nouveau le regard vers lui. Il le regarda quelques instants.
Avant de le prendre dans ses bras. Lui faisant ainsi comprendre que lui aussi avait déjà vécue une telle épreuve.
Castiel se laissa aller contre Joachim, sa tête reposant sur le torse pâle et maigre. Et même si le corps sous lui était glacé, il ne bougea pas le moins du monde.
Car il se sentait bien, entre ces bras maigres.
Il sentit le blond lui caresser les cheveux avec douceur et le garçon soupira de bien-être.
C'était tellement rare. Il n'avait pas l'habitude des gestes tendres alors il profitait de ceux que Joachim était près à lui donner. Même si cela ne devait pas durer.
Il entendit le vent sifflé dans les branches de l'arbre mort et écoutait ce bruit étrangement apaisant. Ses paupières se firent plus lourdes.
Alors qu'il allait s'endormir, Joachim émit un petit soupir et murmura.


" Tu ... tu sais, Alister n'est pas si méchant dans le fond. Il est ... il est juste bizarre, et un peu trop joueur. Mais ... mais sans lui je ne serais pas encore en vie. "

Castiel haussa un sourcil à cette déclaration. Avant de murmurer à son tour.

-Je ne trouve pas qu'Alister est méchant. Enfin, un peu. C'est Cory qui ne l'aime pas. Il a le droit d'être comme il le veut. Et puis, si il t'as sauvé la vie, ça veut dire qu'il n'est pas si méchant.

Ils restèrent encore quelques instants dans les bras l'un de l'autre avant que le blond ne se dégage.
Ils se redressèrent alors.
Il le regarda toucher la marque bizarre sur son cou gracile. Celle-ci palpitait et émettait une lumière étrange.
Un léger sourire ourla les lèvres de Castiel lorsqu'il le vit se mordiller la lèvre. Comme lui.


" Tu ... ton ... ton péché ... c'était quoi pour avoir subit ça. "

En entendant cette phrase, le corps de Castiel se raidit tandis que Cory se postait près de lui, pour le protéger.
Fermant les yeux, le garçon se replongea dans les affres du souvenir...

***
« ...Le petit garçon se demandait pourquoi son papa était si gentil avec lui. D'habitude, il ne voulait jamais le tenir dans ses bras ou lui tenir la main. Et là, l'homme l'avait prit dans ses bras, le serrant contre sa large poitrine. Ne se posant pas plus de question, le bambin se pelotonna contre le torse sécurisant de l'homme et enfouit sa tête aux creux de son épaule, respirant à plain poumon l'odeur de cuir et de sciure légèrement musquée de l'homme. Le petit ange brun était heureux. Il était dans les bras de son papa et Cory était juste à ses côtés. Oui, il était heureux...
...Il le sentait qui marchait. Mais où allaient-ils donc ? Relevant la tête, il regarda autour de lui. Ils étaient dans la rue et se dirigeaient vers une grande bâtisse en pierre décorée de gargouilles effrayantes et d'une multitude de croix menaçantes. Une légère appréhension le gagna mais il la dissipa aussitôt. Il était avec son papa. Il n'avait rien à craindre. Ils entrèrent dans l'église où un homme les attendait. Il était très grand et très maigre. Sa robe noire lui donnait un air effrayant et ses yeux gris semblaient aussi perçant que ceux des rapaces. Ses mains sèches et noueuses étaient crispées comme des serres. Le garçon avait peur. Pourquoi papa l'avait-il amené ici ? Et pourquoi ce prêtre le regardait-ils ainsi ? Que ce passait-il ? Castiel se recroquevilla contre son père essayant de disparaître. Les deux hommes se dirigèrent vers les cachots. Là, ils entrèrent dans une pièce emplie d'objets bizarres. Comme ce sarcophage avec une tête humaine ou cet objet en forme de poire. Son papa les mena devant une grande croix. Puis, sans que l'enfant n'y comprenne goutte, l'homme l'attacha face à la croix, le dos vers eux. Et le cauchemar commença...
...Le prête psalmodiait des prières en noyant le pauvre garçon tremblant sous l'eau bénite.


''Seigneur, que la force puissante de ton fluide protecteur entoure et protège cet enfant pour l'aider à passer au travers de ses épreuves et à en sortir triomphant.''

Et son père regardait imperturbable...
...A présent le petit garçon hurlait mais cela n'empêchait pas le bâton de ronce de s'abattre sur son dos pâle et tendre. Sur ce corps qui n'avait pas encore perdu les rondeurs des nourrissons.


''Va-t'en, Satan, inventeur et maître de toute tromperie, ennemi du salut des hommes. Cède la place au Christ, en qui tu n'as rien trouvé de tes œuvres ; cède la place à l'Église, une sainte catholique et apostolique, que le Christ Lui-même a acquise de son sang.''

Le bâton s'abattait. Toujours plus fort. Le dos, les jambes, les fesses, tout était couvert de sang qui coulait formant une flaque autour des petits pieds. Mais le pire était lorsque le prête disait ''Amen'. Les coups étaient alors plus fort, entamant la chair jusqu'à l'os.
Le petit garçon s'évanouit, laissant la place à Cory... »


***
Lorsque Castiel revint à la réalité, les larmes coulaient sur ses joues comme autant de diamants liquides.
Il laissa la silence s'installer, avant de se reprendre et de s'envelopper de ses bras.
Il commença à se balancer doucement.
Il répondit alors à la question d'une voix tremblante, fragile. Sérieuse bien que terriblement enfantine.


-Mon péché, péché, péché ? C'est ma naissance.

Il s'interrompit, essayant de faire partir la boule de coton dans sa gorge.

-Je suis né en tuant ma maman, maman, maman.

Il renifla et un sanglot lui échappa.

-La première fois où j'ai été exorcisé, j'avais cinq ans. Ils avaient découvert, découvert, découvert l'existence de Cory. Mon papa avait été gentil pendant tout la journée. Et le soir, il m'a emmener LA-BAS. Et l'homme en noir m'a fait très mal, mal, mal. Il n'arrêtait pas de me lancer de l'eau. Et il me frappait avec un bâton avec des branches pleines d'épines, épines, épines. Cela s'appelle des ronces. Et ça fait très mal.

Un soupir hésitant lui échappa tandis qu'il tremblait de tous ses membres malgré la présence réconfortante de Cory.

-Ensuite, il y en a eu d'autres. Le dernier, c'était juste avant, avant, avant qu'ils ne m'envoie ici. Après qu'ils est découvert que j'avais un amoureux. Ils ont dit des choses horribles. Et ils m'ont fait très mal.
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeJeu 30 Juil 2009 - 23:51

" Et puis, si il t'as sauvé, ça veut dire qu'il n'est pas si méchant. "

Cette réplique chatoyante et colorée arracha un sourire au jeune Joachim. Il n'était pas si méchant ... Qui pouvait vraiment le savoir. Alister gardait toujours les choses les plus importantes pour lui. Ces phrases étaient des énigmes et ses réponses autant de murmures portés par le vent. Il n'y avait jamais de véritable dialogue avec lui. L'adolescent savait qu'il le considérait comme sa poupée, son petit jouet rien qu'à lui. Mais après tout il était une créature de l'enfer. Il ne pouvait pas se bercer de douces illusions quant à ses motivations. C'était un désir égoïste qui l'avait conduit à le garder près de lui. L'adolescent pouvait seulement se considérer comme chanceux de ne pas avoir été dévoré par l'ange. Chanceux ... Il baissa la tête pour contempler ses mains. Etait-ce vraiment une chance d'être tombé sur lui ? N'aurait-il pas mieux fait de mourir dans ce château avec le reste de sa famille ? Et dans cent ans, on aurait retrouvé ses os, une triste fin pour une belle au bois dormant oubliée. Mais il y avait eu un prince charmant. Le plus horrible d'entre tous, le plus malsain, le plus joueur. Ils étaient semblables uniquement parce qu'ils partageaient le même péché originel, celui d'avoir mangé la chair d'un mort et d'en avoir apprécié le goût. Alors Alister n'était peut-être pas si méchant, mais son attitude ne faisant rien pour s'en éloigner. Pourtant ... Pourtant Joachim ne pouvait s'empêcher de ressentir ce profond attachement pour lui. Si il le délaissait, si à jamais le silence se faisait dans son esprit, il deviendrait probablement fou. Ou du moins plus qu'il ne l'était déjà.

Mais voilà qu'il commençait à se sentir autre. La raison lui échappait mais il sentait que quelques choses était différent, que cette brûlure avait réveillé une atrocité en sommeil depuis dix ans. Et le plus effrayant dans cette charmante réflexion était que ce dérangeant sentiment n'avait pas été crée par Alister, mais était bien un morceau de lui même qu'il aurait préféré oublier.

Lorsque Joachim releva les yeux, son regard se figea sur ce visage crispé, cette expression terrifiée. Il avança fébrilement la main vers lui mais se ravisa au dernier moment, craignant d'alourdir encore l'horreur dans laquelle il avait plongé Castiel. Il le fixa ainsi un long moment, un trop long moment. Son coeur se serra. Il se sentait terriblement coupable. Il n'avait pas voulu raviver des souvenirs douloureux. Et pourtant il l'avait fait, il avait été méchant, indirectement. Il entoura alors son corps frêle de ses mains, pour le protéger de l'horreur et du dégoût qu'il s'inspirait. Puis il effectua un lent mouvement de balancier, alors que les larmes commençait à rouler sur ses joues creuses. Le vent les balaya au loin, emportant en même temps que les feuilles sa tristesse soudaine. Ce n'était pas lui qui souffrait, mais Castiel. Il ne pouvait pas s'apitoyer pour ce qu'il avait déclenché. Il devait le protéger, le consoler. Cory n'était sans doute pas assez "physique" pour lui redonner la confiance et l'entrain qu'il avait quelques minutes plus tôt. L'adolescent déglutit et ravala ses larmes.


" Mon péché, péché, péché ? C'est ma naissance."

Les paroles claquèrent dans l'esprit de l'enfant, comme un saut d'eau jeté en plein visage. Comment ... Comment pouvait-il considérer que sa naissance même était un péché ? Mais la réponse ne tarda pas à venir, tout aussi horrible, tout aussi triste. Joachim se revit soudain lui, sa mère et sa petite soeur coulant au fond de ce lac gelé, alors que lui, lui il avait survécu. Il les avait tué. Son regard se posa sur le corps tremblant du jeune homme. Castiel n'était pas responsable, ce n'était pas sa faute. Il n'aurait rien pu y changer de toute façon. Alors il ne devait pas. Non il ne devait pas dire ça. Ce n'était pas un péché de vivre. Dire le contraire revenait à nier sa propre existence, à la rendre inutile. Il ne l'était pas. Non il ne l'était pas ! Joachim sentit une bouffée de colère l'envahir. Une colère qu'il dirigeait contre tous ceux qui avaient fait souffrir ce frêle garçon. Castiel n'y était pour rien, c'était eux qui l'avait transformé en monstre. C'était encore eux qui l'avait plongé dans cette indicible horreur.

Lorsque l'enfant parla des ronces, Joachim contracta instinctivement les muscles de son dos. Sa peau blanche était elle-même striées de marque telle que celles laissées par le rosier. Il avait vécu de nombreuses fois leurs morsures impitoyables, jusqu'à ce que la chair soit entamée à l'os. C'était la plus terrible punition qu'on pouvait infliger à un enfant, car à jamais elle laissait une trace dans la chair à vif. C'était un châtiment cruelle, une blessure à jamais ouverte dans le coeur d'un enfant fragile. Jamais on ne pourrait la refermer car trop douloureuse elle était. C'est pourquoi Joachim partagea les larmes de Castiel, les laissant finalement couler alors qu'un tendre sourire vint orner ses lèvres. Tremblant, il avança les mains vers lui, dans une ultime tentative de courage. Ses doigts ne furent plus qu'à quelques centimètres. Encore un peu, juste un peu. Et bientôt Joachim le saisit, l'amena tout contre lui, l'incitant à venir reposer sa tête dans le creux de son épaule.

L'horloge.

L'adolescent écarquilla les yeux alors qu'une douleur fulgurante lui vrilla le coeur. Il se sentit comme happé et des images défilèrent devant ses yeux. Mais ce n'était pas ses souvenirs. Il était dans une calèche, un petit garçon avait la tête réfugiée contre le genoux de son père. Il avait l'air tellement heureux, tellement content d'être avec lui. L'adolescent était le spectateur silencieux d'un souvenir qui ne lui appartenait pas. Puis la mémoire se teinta de pourpre, le récit de la plus terrifiantes horreur. Il entendait ces phrases lui percer le coeur, difformes et maléfiques. Il sentait sa peine, son incompréhension, sa douleur. Il sentait tout cela comme si il le vivait lui-même. Manges-le. Lui dit soudain une voix sournoise alors qu'il voyait les ronces s'abattre une nouvelle fois sur le dos du pauvre enfant. Manges-le, dévores ce souvenir, il est à toi, il t'appartient. Joachim ne réagit toujours pas, se contentant d'observer la scène. Son coeur lui faisait atrocement mal, mais son visage demeurait impassible. Cette noirceur était la sienne. Cette voix c'était la sienne. Son désir de mort, ses peurs, ses douleurs. Cette voix était issue du désir d'oublier. Du désir de refouler ce qu'il avait fait. Elle le conduisait lentement vers les ténèbres.

Manges-le et tu pourras oublier. Lui murmurait t-elle.

Manges-le et tes peurs disparaîtront dans l'abîme. Tu oublieras tout, n'est ce pas ce que tu veux Joachim ? Alors manges-le.

* Je ne veux pas oublier. *

L'adolescent revint brutalement à la réalité. Une intense chaleur se propagea dans tout son corps, belle, vivante. Elle noyait ce sentiment de noirceur qui lui rongeait l'âme, le submergeant d'une lumière amoureuse et splendide. Sur son cou le sceau devint soudainement d'un blanc pur et l'aiguille bougea en sens inverse reprenant la course folle du temps que Alister détestait tant. L'énergie se déversa encore, toujours plus forte, toujours plus puissante. Elle était belle, si belle. Le calme revint dans son esprit ravagé, apaisant toute ses douleurs, pardonnant à toutes ses erreurs. Joachim se sentait transporté vers un monde de douceur et de beauté, vers son monde qu'il avait oublié. Ce monde où la neige était omniprésente, ce monde où ce père aimant était là et cette mère souriante l'adorait. Ce monde enfin qu'il avait chassé et refusé de peur de s'y brûler, de peur d'y découvrir qu'il n'était pas cet être de pureté dont il était entièrement fait.
Un sourire angélique naquit sur ses lèvres pales, et il approcha plus encore l'enfant contre son torse désormais emplit d'une chaleur apaisante.


" Je serais aussi lumineux qu'Alister sera sombre. "
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeJeu 30 Juil 2009 - 23:52

[double post désolée, le message était trop long ^w^"]

La chaleur s'intensifia encore, se propageant tout autour deux. Les feuilles sur le sol qui pourrissaient depuis un moment redevinrent aussi vertes qu'au printemps. Les fleurs qui en cette saison dormaient d'un sommeil tranquille s'éveillèrent pour éclore tout autour d'eux. La douleur de son coeur n'en était plus une et la rumeur de l'horloge précédemment effrayante n'était plus qu'une douce mélopée apaisante. L'étreinte de l'adolescent se fit plus intense encore. Ses yeux de jade disparurent derrière ses longs cils clairs. " Calmes-toi Castiel." Disait-il d'une voix tendre. " Tout va bien ils ne pourront pas te faire de mal à nouveau. " Et c'est alors qu'elles apparurent. Naissant de son dos abîmé par les coups, deux ailes blanches se déployèrent, répandant un nuage de plumes immaculées sur le sol. Leur infinie grandeur s'enroulèrent autour de Castiel pour le protéger de ses sombres souvenirs. Le regard de l'adolescent s'ouvrit sur lui et il lui offrit un sourire à damner un ange. D'un doigt il caressa le contour de son visage, le flattant d'une petit tape amicale. Puis Joachim se détacha quelques peu de l'enfant et leva son regard vers le ciel. Un sourire radieux fendait son visage alors qu'il contemplait de ses yeux émeraudes, les feuilles glisser vers le sol. Il étendit une main gracieuse et s'en saisit d'une. Un rire clair franchit la barrière de ses lèvres alors que la plante reprenait la couleur de la vie. Puis ses ailes s'ouvrirent à nouveau. D'un geste d'une douceur infinie il se saisit de Castiel et l'aida à se relever pour venir l'asseoir sur une pierre tombale. Mettant un genoux au sol, Joachim leva son visage vers lui et glissa une main enchanteresse sur sa joue précédemment noyé de larmes. Il n'avait plus à s'inquiéter, il était là désormais.

Le visage de l'adolescent, à présent presque adulte se fendit d'une expression amusée. Alister venait tout juste de s'éveiller de sa torpeur, tiré du sommeil par une énergie angélique.


*Joachim tu ...!?*

" J'ai fais ce que tu dis toujours Alister..." Coupa t-il avant qu'il ne se répande en un flot de détestables questions.

"J'ai mangé le destin et l'ai recraché à mon image. "

Joachim éclata d'un rire clair et apaisant. Il avait réussi, il avait modifié son avenir. Il avait transcendé le pacte passé voilà plus de dix ans. L'horloge était inversée à présent, et plus elle avancerait, plus son âme deviendrait pure. Il resterait éternellement cet enfant doux et compatissant. Il deviendrait le protecteur de ceux qui en avait tant besoin. La noirceur de son âme venait de la peur, et la peur engendrait les ténèbres. La peur rongeait, elle détruisait. Mais il avait su passer au delà, grâce à Castiel. Sa candeur, sa douce personnalité avait éveillé cet autre part de lui-même qu'il avait depuis si longtemps oublié. Joachim avait presque détruit l'enfant fragile qu'il fut. Cet enfant contemplatif, cet enfant craintif, cet enfant heureux de vivre. Bien sûr il n'abandonnerait pas Alister. A présent son contraire il n'allait très certainement pas le laisser sans aller. Il l'appréciait malgré ses nombreux défauts. C'était lui qui l'avait sauvé autrefois, lui qui avait redonné l'espoir à ce gamin sans avenir. Il avait été plongé au coeur des ténèbres les plus noires, et il en était revenu plus lumineux que jamais. Cependant il ne serait pas un ange miséricordieux. Joachim restait un adolescent avec ses défauts, ses craintes et ses attentes. Il serait simplement l'autre face du miroir. Le jumeau qui apaiserait après la tempête.

* Tu m'étonneras toujours Joachim. *

" Je sais." Dit-il en gloussant.

Durant sa petit discussion avec Alister, le blond s'était levé, parcourant le cimetière d'un pas joyeux, bondissant sur les tombes comme autant de jeux d'enfants. Ses ailes moururent dans un nuage de plumes blanches mais il demeura cet être parfaitement lumineux et apaisant. Soudain il s'arrêta, perché sur la plus haute pierre et contempla son nouvel ami d'un oeil amusé. Sautant sur le sol il revint près de lui et glissa une main amicale dans sa chevelure sombre avant de s'asseoir à ses côtés. Il discernait non loin de là, la silhouette de Cory qui avait du grandement s'inquiéter pour son petit protéger. Dans un sourire Joachim dit d'une voix claire :


" Excuses-moi Cory, je ne voulais vraiment pas le blesser. Mais tu sais aussi bien que moi que cet endroit n'est pas d'une influence bénéfique pour des êtres aussi fragiles que Castiel. "

Le blond ébouriffa la chevelure de l'enfant avant d'éclater de rire. Il se sentait presque euphorique. Il avait retrouvé ce fragment si longtemps perdu, cette luminosité qui avait disparu le jour de l'accident, car c'était simplement un accident. Il n'était pas responsable de la mort de sa mère et de sa soeur, pas plus que Castiel n'en était responsable avec ses parents. Glissant une main à l'arrière de sa tête, Joachim approcha son visage du sien et y déposa un tendre baiser sur le front.

" Tu n'étais pas responsable Castiel. Tu n'aurais rien pu changer à ce qui est arrivé même si tu l'avais voulu très fort. Tu ne dois pas t'en vouloir pour ça. Crois-moi. "

Joachim se leva soudain. Une idée avait germé dans son esprit et il voulait vérifier si sa soudaine renaissance lui conférait quelques "tours" inversés qu'Alister utilisait. Alors il se rendit près de la carcasse du vieux corbeau et la saisit entre ses doigts blancs. Il revint s'asseoir près du jeune homme et considéra un long moment la carcasse vide. Le sceau sur sa gorge se mit à palpiter distillant une douleur certaine dans son corps apaisé. Son énergie lui sembla comme happée par le sceau et il la restitua dans le corps de l'animal. Les plumes désespérément grises redevinrent d'un noir de jais. L'oeil décomposé reprit une forme pure et vive. Bientôt la carcasse se gonfla d'une vie nouvelle et le corbeau croassa battant de ses ailes dans la main de Joachim. L'animal fixa les deux jeunes gens avant de s'envoler dans un battement d'aile. Joachim terrassé par la fatigue vint appuyer ses coudes sur le haut de ses genoux, laissant son visage choir dans le vide. On pouvait distinctement voir les perles de sueurs qui glissaient de son front laiteux. Ses lèvres légèrement entrouvertes laissaient échapper un souffle rendu rauque par l'effort qu'il avait fourni. Il n'aurait peut-être pas dû, car après tout il demeurait une âme fragile, mais c'était pour distraire Castiel.

* Fais attention Joachim ! Tu ne dois pas utiliser ça à la légère. Ton corps et ton âme pourrais grandement en souffrir. *

" Et tu pourrais en pâtir aussi, vu que nous sommes liés. Répliqua t-il, amusé par la certaine anxiété qui perçait dans la voix d'Alister.

Reprenant une expression douce, il sourit au jeune homme, avant de lui ébouriffer une nouvelle fois ses tentantes mèches sombres.


" Penses aux choses qui t'ont été chères Castiel. C'est elles qui te permettront d'avancer. Pense à l'amour dont tu as été entouré lorsque tu étais avec l'amoureux dont tu parles. Ne penses qu'au moment heureux, mais n'oublies pas non plus les mauvais. Laisses les glisser sur toi, ne les absorbes pas. "
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Castiel Aterius
Humain † The Mad French Touch
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Castiel Aterius

Masculin •Lettres : 189
•Vit depuis le : 25/11/1872
•Fou depuis le : 27/07/2009
•Age : 151
•Origine : Place du Tertre, Montmartre, Paris
•Rôle : Patient
•Tempérament : Enfantin, naïf ... mais pas que
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeVen 31 Juil 2009 - 11:41

Lorsqu'il releva la tête, Castiel aperçut les larmes dans les beaux yeux verts, lui faisant comprendre qu'il n'était pas le seul à avoir vécu de telles horreurs.
Et cette réalisation brisa encore plus le cœur du garçon. Comment avait-on pu faire du mal à un tel ange ?
Il vit ensuite une sourire très doux courber les lèvres blanches. Puis, les mains pâles s'avancèrent vers lui et l'amenèrent contre le corps pâle.
Castiel se laissa aller dans cette étreinte et plongea la tête dans le creux de son épaule, s'imprégnant de le parfum frais et piquant du blond. Une odeur de neige.
Les yeux levés vers lui, Castiel regarda le visage fin se tordre de douleur tandis que l'étrange marque devenait d'un blanc lumineux. Un air apaisé décrispa les traits de Joachim.
Et les bras autour de Castiel se resserrèrent, le plaquant contre le torse maigre du jeune homme, qui s'était enfin réchauffé.
Un petit sourire joua sur les lèvres du français. Et Joachim murmura quelque chose qu'il n'entendit pas.
Mais la chaleur qu'émettait le jeune homme se propagea autour d'aux, faisant verdir les feuilles et fleurir les fleur.
Et il le serra encore plus fort contre son cœur.


" Calmes-toi Castiel. Tout va bien ils ne pourront pas te faire de mal à nouveau. "

Alors, il cessa de trembler et s'enfonça encore plus dans la chaleur bienfaisante.
C'était la première fois qu'un être vivant, de chair et de sang, lui disait cela.
Les larmes lui montèrent aux yeux. Des larmes de joies.
Et, sous les yeux émerveillés de Castiel, deux grandes ailes blanches apparurent dans le dos de Joachim avant de s'enrouler autour de lui, l'enfermant dans un cocon de douce blancheur.
Il lui offrit le plus beau des sourires alors qu'il caressait son visage de son doigt d'albâtre.
Joachim se détacha un peu et attrapa une feuille en éclatant d'un rire radieux qui envoya des élans de chaleur dans le ventre de Castiel.
Celui-ci se laissa ensuite guider par l'ange blond qui le releva et l'installa sur une pierre tombale avant de mettre à son tour un genoux en terre devant lui. Sa main monta ensuite jusqu'à la joue veloutée encore humide de larmes et la caressa tendrement.
Castiel lui sourit, heureux.
Un sourire amusé prit place sur le visage du jeune homme. Il engagea alors la conversation avec Alister. Castiel tendit l'oreille mais ne parla pas. Il saisit au vol une des phrases qu'il prononça. Une phrase étrange.


"J'ai mangé le destin et l'ai recraché à mon image. "

Il ne la comprit pas mais il joignit son rire au sien puisqu'elle le rendait heureux.
Il le regarda ensuite se perdre dans ses pensées tout en continuant de parler à Alister.
Joachim se releva ensuite, et parcourut le cimetière d'un pas léger et joueur, bondissant autour des pierres tombales.
Alors qu'il était perché sur la plus hautes, ses ailes disparurent en un nuage de plumes duveteuses.
Il revint ensuite vers le gamin et passa sa main dans ses cheveux, les ébouriffant doucement. Puis, il s'assit à ses côtés. Castiel le vit ensuite tourner la tête vers Cory.


" Excuses-moi Cory, je ne voulais vraiment pas le blesser. Mais tu sais aussi bien que moi que cet endroit n'est pas d'une influence bénéfique pour des êtres aussi fragiles que Castiel. "

Cory sourit avant de s'approcher d'eux et de passer la main dans leurs chevelures.
Castiel ne savait pas si le blond l'avait sentit mais un sourire heureux, lumineux ourla ses lèvres rouges.
Il sentit alors son ami ébouriffer de nouveau ses mèches sombres en riant.
La main glissa ensuite sur sa nuque et deux lèvres rosées se posèrent sur son front.


" Tu n'étais pas responsable Castiel. Tu n'aurais rien pu changer à ce qui est arrivé même si tu l'avais voulu très fort. Tu ne dois pas t'en vouloir pour ça. Crois-moi. "

Il avait tellement envie de le croire. Tellement.
Mais cela faisait dix-sept ans qu'on n'avait eu de cesse de lui répéter qu'il était maudit, qu'il portait malheur. Et qu'il était un assassin. Alors, il ne savait pas.
Castiel sentit alors Joachim se lever. Il le regarda s'avancer jusqu'au cadavre du corbeau et le prendre entre ses mains.
Et sous ses yeux ébahit, le corbeau reprit vie et s'envola.
Une main passa encore dans ses cheveux et la voix douce du jeune homme s'éleva.


" Penses aux choses qui t'ont été chères Castiel. C'est elles qui te permettront d'avancer. Pense à l'amour dont tu as été entouré lorsque tu étais avec l'amoureux dont tu parles. Ne penses qu'au moment heureux, mais n'oublies pas non plus les mauvais. Laisses les glisser sur toi, ne les absorbes pas. "

Castiel réfléchit à ses paroles. Combien de fois avait-il rêvé qu'on le lui dise ? Alors, le garçon voulait s'en persuader.
Il se sentit alors plus léger. Bien sur, cela ne ferait pas partir ses peurs. Il ne retrouverait pas sa raison. Mais,ça faisait tellement du bien.
Alors, se fut comme si les émotions qu'il contenaient depuis des années se libéraient soudain.
Il éclata de rire. D'un rire clair, cristallin. Aussi pur que celui d'un enfant. Comme des clochettes.
Il riait comme il n'avait jamais rit.
Cela faisait bien longtemps que Middleton n'avait pas connu un tel rire.
Il riait si fort qu'il bascula en arrière, s'écroulant derrière la pierre tombale.
Toujours en riant, à quatre pattes sur le sol, il regarda autour de lui et vit une belle de nuit blanche argentée, striée de délicates arabesques rose pâle. Émerveillé, Castiel cueillit délicatement la fleur.
Il se releva ensuite en gloussant, les cheveux en bataille et parsemés de feuilles.
Il se dirigea vers Joachim en replaçant d'un geste plein de grâce sa frange derrière ses oreilles. Dégageant, sans s'en rendre compte, son regard habituellement dissimulé sous ses boucles.
Arrivé à la hauteur du jeune homme, il plongea ses yeux pairs dans les émeraudes brillantes en lui offrant son plus magnifique sourire. Il plaça ensuite la fleur derrière l'oreille gauche du blond puis glissa ses bras autour de son cou et se serra contre lui.
Il le regarda encore avant de déposé un léger baiser sur sa bouche. Comme la caresse d'un papillon. Il posa ensuite sa tête sur son épaule. Frottant sa peau douce contre la peau pâle de Joachim.
Il murmura ensuite. Et il y avait comme un rire dans sa voix.


-Tu sais, je pense que j'ai compris. Il ne faut pas que penser au bonheur passé mais à celui à venir. Bien sur, il ne faut pas oublier le passé. Mais notre vie est ici maintenant, à Middleton. Et on peut y vivre des choses magnifiques.

Ils restèrent là, enlacés au milieu du cimetière. Le vent jouait doucement dans leurs cheveux qui se mêlaient parfois, formant un mirifique contraste.
La Lune semblait veiller sur eux, comme une mère veillerait sur ses enfants. La sérénité envahit le cimetière.
Puis, Castiel aperçut un mouvement du coin de l'œil.
Il releva le visage et regarda à gauche. Et haussa un sourcil.
Une faible lueur émanait de Cory qui avait un air concentré sur le visage.


-Que fais-tu Cory ?

-Je fais un cadeau à Joachim.

-Quel cadeau ?

-Comme il t'a redonné le sourire et qu'il t'a rendu heureux, j'ai décider d'accéder à son vœu. Je lui permet de m'entendre et de me voir clairement.

Un immense sourire étira la bouche de Castiel qui avait des étoiles plein les yeux.

-C'est vrai ?!?

Cory hocha la tête, un sourire éclairant son visage de baroudeur.
Se détachant de Joachim, le garçon se mit à sautiller autour de lui en frappant dans ses mains tant il était excité.
Il se jeta de nouveau au cou du blond.


-Tu as entendu ? Tu as entendu ? Tu peux voir Cory maintenant ! Tu peux lui parler et l'entendre !

Un éclat de rire lui échappa et il embrassa Joachim sur la joue.
Heureux.


-Tu sais quoi Joachim ? Tu es mon premier ami. Enfin, le premier après Cory bien sur. Mais, je suis content d'avoir attendu. Parce que tu es un ami exceptionnel.

Cory s'approcha d'eux et les enlaça. Les protégeant de sa haute stature.
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeLun 10 Aoû 2009 - 0:10

Un rire ...

Joachim ferma les yeux écoutant le timbre joyeux de la voix du jeune Castiel. C'était merveilleux, comme le murmure du vent qui léchait les feuilles mortes. Voilà des années qu'il n'avait pas entendu et vu une telle joie se dégager de quelqu'un. Son petit coeur bondissait dans sa cage d'os, comme un oiseau affolé. En cet instant il trouvait le cimetière habité par une beauté certaine. Ce lieu ne lui semblait plus aussi effrayant qu'à l'accoutumé. Pourtant il y avait toujours cette aura pesante et malsaine sur Middleton, mais ... mais non, son coeur était apaisé par ce rire, par cette clarté. Sans doute qu'Alister y était pour quelque chose aussi. Depuis qu'il était avec lui, ses peurs avaient diminué, bien que toujours très présentent, comme une épine empoisonnée dans son coeur d'ange. Voilà une chose dont était privé son protecteur depuis trop longtemps. Il n'avait pas connu la joie comme il le lui avait si souvent expliqué. Juste la frustration, une existence inachevée, un rejet de son créateur. L'adolescent plaignait la pauvre créature plus qu'autre chose. Après ces dix années en sa compagnie, il ne pourrait se résoudre à le laisser partir un jour. Il était lié à lui, il lui devait la vie. Peu importait la douleur que lui apportait sa présence diabolique, il n'en ressentait pas moins le besoin de lui faire confiance. De toute façon il était trop tard pour lui. Même si il devenait plus lumineux, rien ne l'empêcherai de retomber dans la crainte et la peur. Comme le pendule, il oscillerait entre deux vies, entre deux états. Il le savait, Joachim ne se voilait pas. Rien n'était permanent en ce monde, pas même sa bonté d'âme.

Il contempla le ciel, puis soupira.

Deux existences dans un seul corps. Peut-être que son esprit s'éteindrait un jour submergé par la trop grande puissance de son ange. Mais sans aucun doute que Alister ne le permettrait pas. Dans un sens ça le soulageait, même si ça demandait beaucoup d'effort à son protecteur sombre. Il ignorait toujours ce qui le poussait à agir ainsi, à le protéger, à le chérir comme un être précieux. Pourtant il ne se méprenait pas, Alister était démoniaque, il avait chu de sa position d'ange de manière brutale, mais étrangement, il se montrait d'une infinie douceur avec lui. Avec nostalgie, il songea à la première fois qu'ils s'étaient vu. Son étreinte réconfortante quoique froide, sa douceur malgré sa cruauté, sa beauté malgré son apparence. Dès le premier instant il avait voulu partager son fardeau, et même si il lui rendait parfois cruellement son attachement, sa fidélité à l'ange déchu n'en demeurait pas moins inébranlable.

Un bruit sourd le sortit de sa torpeur latente.

Joachim tourna la tête en direction de Castiel, mais celui-ci avait tellement rit que le voilà disparu derrière une pierre tombale. Le jeune homme sourit, amusé par l'attitude hautement enfantine du petit brun. Lorsqu'il se releva sa longue chevelure parsemées de feuilles lui arracha un léger rire. Bien qu'il fut incapable de distinguer les couleurs, la vision de cette expression radieuse l'apaisa. Il y avait longtemps que le monde ne lui avait pas paru aussi calme, aussi doux. Ce temps révolu où il courait dans la neige en toute innocence. L'adolescent contempla la lune puis revint sur Castiel. Son regard croisa le sien et Joachim fut surprit de constater une tonalité de gris différente de l'autre. Surprit, il cru tout d'abord que ce n'était dû qu'à sa fatigue croissante, mais plissant les yeux, il comprit que c'était réellement le cas et que le garçon avait deux prunelles différentes. Un sourire amusé naquit sur ses lèvres. Ce détail, ce tout petit détail lui conférait une étrangeté et une beauté particulière. Castiel était un séduisant enfant qu'un commentaire osé de Alister fit remarquer à Joachim. Le voyant s'approcher le blond baissa légèrement la tête et accueillit la fleur d'un sourire apaisé.

Cependant lorsque Castiel s'accrocha à lui, rapprochant leurs deux corps faméliques, Joachim ne pu s'empêcher de ressentir une pointe d'appréhension. D'ordinaire il ne partageait une telle proximité qu'avec Alister, et le savoir si près de lui le mettait légèrement mal à l'aise. Il n'aurait su vraiment justifier pourquoi, mais ça ne lui plaisait pas, pas plus qu'à son ange sombre qui râlait dans un coin de son esprit. L'adolescent resta même interdit lorsque les lèvres du garçon vinrent l'effleurer. Par réflexe il posa un doigt sur sa bouche, intrigué par le souvenir de ce contact. C'était étrange ... Jamais il n'avait connu ça, jamais quelqu'un ne l'avait approché de si près. Même Alister c'était abstenu de s'emparer de ses lèvres, se réservant sans doute le plaisir pour plus tard. Et là, il pestait et maudissait le gamin de lui avoir volé son trésor, son petit plaisir à lui. Joachim porta une main à son front et essaya tant bien que mal de faire taire Alister. Celui-ci se calma bien vite, mais le venin de la colère se répandait déjà dans ses veines. Il détestait ça. Il n'aimait pas que le contrôle lui échappe. Poussant un soupir Joachim leva ses mains et caressa la chevelure du garçon ayant pour l'heure prit place sur son épaule. Rien sur son visage ne trahissait le tumulte intérieur dont il était victime. Le blond se contenait simplement de sourire. Comme toujours. Cependant Alister n'était pas en reste, distillant dans son esprit mille injures, l'abreuvant de rancoeurs et de haine. Lui disant que ce garçon serait comme les autres, qu'il le laisserait un jour, qu'il essaierait de le piéger, de l'abuser. Joachim fut bientôt noyé sous cette douleur lancinante qu'il eut un mal fou à dissimuler à Castiel. Le pauvre ne savait pas ce qu'il avait déclenché par ce geste anodin. Car lui, il était convaincu qu'il ne lui avait pas voulu de mal.


" Que fais-tu Cory ?"

" Je fais un cadeau à Joachim."

L'adolescent releva soudain le nez. Cette voix ... Une voix suave que jamais il n'avait entendu auparavant. Son regard se posa sur un homme à la haute stature. Une masse de cheveux cendrés retenu en un catogan encadrait son visage masqué d'un chapeau. Un long manteau élimé lui descendait jusqu'aux chevilles. Joachim fut soudain fasciné par cette présence et ne réagit même pas lorsque Castiel s'agita autour de lui. La voix d'Alister s'était tut elle aussi. Serrant le garçon contre lui, Joachim s'enivra de cette ambiance apaisante, de cet homme qu'il ne connaissait pas et qui sans doute était le protecteur de Castiel. Le dénommé Cory s'approcha d'eux encore et les serra tous les deux, les protégeants de sa haute stature. Joachim fixait un point imaginaire alors qu'une lueur de tristesse glissa dans son regard mordoré. Il aurait aimé avoir un protecteur comme lui, quelqu'un qui cherchait juste à l'aimer, à l'aider, et pas à le détruire. Alister protesta soudain contre cette idée, mais le mal était fait, la peine était installée dans son coeur d'enfant. Qu'avait-il connu mis à part la misère d'une vie jonchée de tristes événements ? L'ange était un réconfort, mais il était également une punition. Son châtiment pour avoir tué sa mère et sa soeur. L'adolescent repensa à ce que lui avait dit Castiel et la tristesse l'envahit de nouveau. Le moment enchanteur était passé, sa soudaine pureté s'était envolée.

Des larmes ...

Elles roulaient le long de son visage blafard. Pourtant aucune expression ne vint tordre son visage. Elles coulaient, comme l'eau sur la pierre d'une statue.


" Merci Castiel, merci Cory ... mais ... mais je ne suis pas exceptionnel, loin de là. J'ai ... j'ai fais des choix que je regretterai toute ma vie. Ce ... ce que tu as vu, j'ai du faire preuve d'une grande volonté ... les choses ne seront pas toujours ainsi. Je risque de te blesser, de vous blesser tous les deux. Je ... je ne veux pas que ça arrive ... alors ... "

Joachim s'écarta des deux individus, se levant pour s'éloigner légèrement. Frileusement il vint entourer sa taille maigre de ses bras, comme pour se protéger du froid soudain pénétrant. La marque sur son cou était redevenue une simple cicatrice. Elle ne bougerait pas, jusqu'à la prochaine crise. L'adolescent se sentait vide, vide de toute énergie, de toute volonté et de toute douceur. C'était comme ci quelques mots avaient pulvérisés sa joie soudaine. Il restait Joachim, envers et contre tout. Cette ange n'était qu'une facette, au delà de ça il y avait l'adolescent qui souffrait, l'adolescent qui ne connaissait pas plus de choses à la vie que Castiel. Il trembla, terrassé par un sentiment de solitude qu'il n'aimait pas, mais qu'il ne connaissait que trop bien. Alister s'agitait dans son esprit sans pour autant réussir à prendre le contrôle. Sa fatigue était croissante, et ses jambes ne le porteraient bientôt plus. Il était ... il était désolé d'avoir lu dans l'esprit de Castiel, désolé de lui avoir donné de faux espoirs. Il n'était pas un ange loin de là. Il avait seulement voulu lutter contre son destin, mais inexorablement il le rattrapait. Le blond déglutit, tournant toujours le dos à Castiel et à Cory.

" Alors ... je préfère rester seul ... Je ... je ne veux pas d'amis ... "

La dernière phrase sonna tranchante à son oreille. Joachim serra les poings. Il aurait voulu ... il aurait tellement voulu, mais il ne le pouvait pas. Il allait le blesser, il allait le faire souffrir plus que l'aider. Autant rester sur ce beau souvenir d'ailes et de plumes blanches. Tant pis pour lui, il avait passé un contrat avec le diable, à présent il en payait le prix. Un pale sourire naquit sur ses lèvres. Au moins il avait été heureux, quelques minutes, il avait eu un ami durant quelques instants. C'était suffisant.

Un pas.

Puis deux.

Joachim s'éloignait, puis pour éviter qu'on ne le suive il se mit à courir à perdre haleine à travers le cimetière. Il était désolé, sincèrement désolé. L'adolescent s'écroula quelques minutes plus tard sur un tas de feuilles mortes. Le souffle court il amena une main à son front brûlant. Aujourd'hui il y avait eu trop de choses, bonnes comme mauvaises, mais son corps ne le supportait pas. Le blond se sentait fiévreux, pourtant il ne risquait pas de mourir, mais cette douleur n'était pas normal. Pas plus que cette fièvre. S'appuyant contre un mausolée il se laissa glisser à son pied, dissimulé dans son ombre bienfaisante. Il amena ses genoux contre lui dans un geste protecteur, appuyant sa joue contre la pointe de l'os. Son souffle ne lui revenait pas. C'était comme ci son esprit glissait loin, très loin, trop loin.


" Alister ... " Appela t-il faiblement.

Ses yeux commencèrent à se fermer. Il était si fatigué, et ces limbes l'attiraient, l'enivraient. Pourtant quelque chose lui disait qu'il ne devait pas, qu'il n'aurait pas la force d'en revenir. Son esprit appela Castiel, ce garçon à l'étreinte apaisante. Il aurait ... il aurait voulu le voir une dernière fois avant de sombrer. Le corps de l'adolescent se pencha inexorablement sur le côté, et dans un bruit sourd, il s'écroula contre la pierre de l'édifice. Etait-ce la fin ? Allait-il disparaître à jamais dans les limbes ? En tout cas Alister lui hurlait de ne pas s'endormir, que cette fois il devait lutter. Mais comment faire alors qu'il n'avait plus la force de se redresser. Son corps malingre était brûlant, la fièvre lancinante. Bientôt il trembla, terrassé par un froid glacial. La respiration sifflante il s'abandonna au sommeil, conservant néanmoins une faible lueur de conscience. Encore et toujours la voix d'Alister qui lui disait de ne pas s'endormir, c'était chiant. Il payait la dépense d'énergie précédente. Son ange l'avait prévenu, il ne l'avait pas écouté.


" Bien fait. " Se murmura t-il à lui-même.
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•Fou depuis le : 27/07/2009
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•Tempérament : Enfantin, naïf ... mais pas que
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MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeLun 10 Aoû 2009 - 14:33

Alors que Castiel savourait l'étreinte dans laquelle il se trouvait, il sentit soudain le corps mince contre lui se raidir. Il leva la tête et vit avec surprise que les larmes coulaient sur les joues pâle du jeune homme.

" Merci Castiel, merci Cory ... mais ... mais je ne suis pas exceptionnel, loin de là. J'ai ... j'ai fais des choix que je regretterai toute ma vie. Ce ... ce que tu as vu, j'ai du faire preuve d'une grande volonté ... les choses ne seront pas toujours ainsi. Je risque de te blesser, de vous blesser tous les deux. Je ... je ne veux pas que ça arrive ... alors …''

Joachim se détacha alors et s'entoura dans ces bras essayant vainement de contenir les grelottements de ses membres. Le français sentit distinctement la joie et la légèreté de l'instant passé s'envoler pour laisser place à une atmosphère pesante et froide, douloureuse.
Sa veste gisait toujours à terre et le brusque manque de chaleur laissa le champ libre à la froidure coupante de la nuit qui l'assaillit, le gelant jusqu'aux os. Mais, il ne s'en souciait guère et contemplait le visage du blond, les sourcil froncer par la méfiance. Qu'allait-il donc faire ?

" Alors ... je préfère rester seul ... Je ... je ne veux pas d'amis ... "

A ces mots, Castiel sentit un froid bien plus intense et douloureux s'installer dans son ventre et, de là, s'emparer de tout son corps, le rendant plus roide qu'un bloc de glace. Ce fut comme si on lui avait donner un coup de poing dans l'estomac. Il regarda Joachim se reculer. Il le vit sourire avant de s'enfuir dans les profondeurs lugubres et ombreuses du cimetière.
Le petit brun ne réagit pas, complètement anéanti par les paroles de l'autrichien. Il avait l'impression que celui-ci venait d'arracher son cœur de sa poitrine et s'amuser à le serrer de toutes ses forces pour le faire saigner. Une profonde tristesse, mêlée de désespoir et de rancœur, envahi son être. Encore une fois, on s'était joué de sa naïveté et de sa nature confiante afin de l'abuser et de lui faire mal.
Il avait vraiment cru que Joachim était différent des autres, qu'il ne le jugeait pas et qu'il ne lui ferait pas de mal. Il se rappelait les mots si tendres, si gentils du jeune homme. Cela lui avait fait du bien. Mais ce n'était qu'un leurre pour mieux le tromper. Ce n'était que du vent.
Castiel avait vraiment cru Joachim, il avait pensé qu'il avait enfin un ami et il avait été tellement heureux. Mais il s'était moqué de lui comme tout les autres. Il lui avait donner de l'espoir et lui avait fait croire qu'il désapprouvait le comportement de sa famille alors qu'en réalité il était d'accord avec eux. Ce qu'il ressentait ressemblait beaucoup au sentiment qui l'avait étreint il y a douze ans lorsque son père l'avait mené devant le prêtre pour la première fois. Et si à cette époque il était trop petit pour lui donner un nom, ce n'était plus le cas à présent. Trahison. Joachim l'avait trahit.
Le garçon leva les yeux vers Cory qui se tenait appuyé contre une tombe, dissimulé derrière son chapeau. Sa tristesse se transforma alors en rage noire.
Le blond l'avait trahit mais avait également abusé de la confiance de Cory déjà mise à mal. Les poings du français se serrèrent si fort que ses ongles pénétrèrent sa paume faisait couler le sang.
Il se mit alors à la recherche de Joachim dans le but de lui dire se qu'il pensait de lui.

Il marcha dans le cimetière, le fouillant dans chaque recoin sans succès. Il allait abandonner et retourner au manoir lorsqu'il entendit un bruit sourd.
Doucement, il s'approcha jusqu'au coin le plus reculé du cimetière, derrière un mausolée délabré, et aperçut le corps de Joachim. Celui-ci tremblait de tous ses membres tandis que la sueur perlait à son front.
Oubliant momentanément sa colère, Castiel s'approcha vivement du corps have du blond. Il toucha son front qui « tait brûlant en contraste totale avec la froideur du reste de son corps. Le petit brun ne savait pas trop quoi faire. Il lui fallait trouver de l'eau mais ils étaient dans un cimetière. Il regarda autour de lui. Il y avait un autre tombeau devant lui, il en fit le tour et découvrit un petit chemin surmonté d'une arcade voutée. Le noir l'attendait au bout. Il hésita mais en entendant la respiration laborieuse du jeune homme à terre, il se décida malgré la peur qu'il ressentait.
Lorsqu'il arriva enfin à la fin de ce sentier, il était en nage et se forçait à respirer calmement. Il observa ce qui l'entourait.
Il se trouvait dans ce qui semblait être la partie privée du cimetière au vu du mausolée orné de l'inscription en lettre gothique ''Middleton''. L'endroit, bien que magnifique, semblait à l'abandon. Il aperçut alors une fontaine de marbre blanc qui fonctionnait encore malgré l'état dan lequel elle était.
Castiel ne perdit pas un seul instant. Il saisit un pot de fleur emplis de terre et de fleur fanée, le vida et le remplis d'eau fraîche.
Il rejoignit rapidement Joachim toujours mal en point. Le garçon s'assit près de lui et installa la tête blonde dans le creux que formait ses genoux et son ventre, son récipient à ses côtés. Il arracha alors la manchette de soie et de dentelle de sa chemise noire, la trempa dans le liquide froid et appliqua ce mouchoir de fortune sur le front pâle, tentant de faire baisser la fièvre.
Malgré son inquiétude et le son avec lequel il tentait de le soigner, Castiel se sentait toujours blessé par l'attitude du jeune homme.
Il parla alors, le ton sérieux et dur contrastant horriblement avec la voix enfantine.

-Pourquoi ? !

Il marqua une pause ravalant ses larmes avec difficulté.

-Pourquoi avoir, avoir, avoir fait cela ? Cela te fait donc tellement, tellement, tellement plaisir de me faire du mal ?

Il s'était remis à tiquer sans s'en rendre compte.

-Pourquoi m'avoir fait croire que tu voulais devenir mon ami, ami, ami ? Pourquoi as-tu trahit Cory ?

Il s'arrêta un peu, cillant afin de chasser les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. Il murmura alors.

-Tu es comme tous les autres, autres, autres finalement. Tu joues avec mes sentiments juste pour t'amuser. Pourquoi est-ce toujours moi qui doit souffrir ?

Ses sourcils se froncèrent alors qu'il regardait le corps sur lui en continuant de le rafraîchir avec de doux gestes. Une soudaine envie de violence le saisit. Son regard s'attarda sur le cou du jeune homme, imaginant la contraste qui existerait entre cette peau pâle et le sang rouge vif d'une gorge tranchée. Il voulait faire du mal à Joachim, le faire souffrir comme lui souffrait. Il avait envie de le tuer, de l'égorger et de se baigner dans son élixir vital. Ce qu'il avait fait était encore pire que les brimades qu'ils subissaient avant car il lui avait fait miroiter un chose impossible avant de le lui reprendre de la plus cruelle des façon. Castiel se sentait vide maintenant. Peut-être que le sang réussirait à le combler. Il perdit alors le contrôle qu'il exerçait sur les envies sanguinaires qui l'habitait.
Il avança sa fine main libre jusqu'à celle blessée du jeune homme et la prit. Un petit murmure, presque inaudible, lui échappa et une flamme de folie pure brillait dans ses yeux.

-Je ne serais pas le seul à avoir mal cette nuit.

Il serra alors violemment sa main sur celle de Joachim, enfonçant ses ongles dans la chair, ravivant la douleur de la blessure. Il serra de toute ses forces et le sang ne tarda pas à couler entre les doigts pâles malmenés par ceux fins et fuselés.
Le garçon leva ensuite son appendice vers son visage reniflant l'odeur de sang frais et lui donna envie de lécher le liquide pourpre.
Il allait porter ses doigts à sa bouche , se préparant à se délecter de la saveur particulière du liquide rouge lorsqu'il reprit soudainement conscience.
Il cligna plusieurs fois des yeux essayant de reprendre ses esprits. Il regarda sa main maculée de rouge puis celle ensanglantée du blond. Un frisson d'horreur le parcourut. Qu'avait-il fait ?
Il observa encore le jeune homme et les tremblements qui le parcourait devinrent des spasmes. Alors qu'il était au bord de l'évanouissement, il n'avait rien trouvé de mieux que de lui faire mal. Malgré la colère qu'il ressentait toujours vis-à-vis de Joachim, Castiel s'en voulait d'avoir laissé ses pires instincts prendre le dessus même si il n'avait pas été jusqu'à le tuer.
Il détacha rapidement le mouchoir noir qui entourait la main blanche puis les nettoya avec l'eau et refit le bandage. L'eau était à présent rougie par le sang et ne pouvait plus servir pour soigner Joachim.
Le français se leva, posa délicatement la tête blonde sur le sol et se précipita afin de remplir le pot à nouveau.
Une fois cela fait, il reprit sa place et recommença ses soins.
Bien que ses gestes furent toujours doux et attentionné, son regard restait impassible. Il n'arrivait pas à oublier la trahison qu'il ressentait malgré ses essais.
Il attendait donc que le jeune homme aille mieux pour s'en aller puisque c'était ce qu'il désirait. Il se promit en même temps de ne plus laisser quelqu'un lui faire autant de mal.
Le visage levé vers la Lune, il ferma les yeux, les larmes coulant silencieusement sur ses joues, seules preuves de la douleur qu'il ressentait.


[Alors ? Ce n'était qu'un mini pétage de plomb mais j'en suis assez fière ^^]
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeLun 17 Aoû 2009 - 17:19

L'obscurité ...

Tout était si sombre autour de lui. Plus aucun rayons de gris ne perçaient son regard à demi-clos. Joachim avait mal, si mal, comme si quelque chose se consumait à l'intérieur de lui. Le corps reposant sur la pierre froide de ce cimetière, il ne se sentait plus la force de parler, plus la force de bouger. C'était comme si il sombrait dans un lointain abîme. Un endroit d'où il ne reviendrait pas. Mais ce n'était guère ce lieu paisible où reposait les âmes, pas plus que les flammes ardentes de l'enfer. Non. Juste un lieu dénué de sens, dénué d'existence. Rien ne perdurait au delà de ses frontières. Il ne deviendrait qu'un souvenir, un simple murmure dans ce néant effrayant. La voix affolée d'Alister résonnait contre son oreille, mais c'était déjà trop tard, et ses propos ne lui apparaissaient que comme un babillage confus et informe. Pourquoi ne devait-il pas s'endormir ? Parce qu'il ne reviendrait pas ? Mais à qui manquerait-il dans ce cas là ? Qu'est ce qui le retenait, Alister avait uniquement besoin de son corps après tout. Alors il le lui cédait volontiers. Joachim en avait assez de lutter, encore et toujours contre cette horreur latente qui sommeillait en lui. Tout était fini.

Pourtant ...

Pourtant une voix le retint. Elle lui était familière, bien qu'il aurait été incapable de lui donner un nom et un visage. Ce timbre si doux le ramena légèrement à la surface, c'était quelqu'un de cher à ses yeux, quelqu'un qu'il avait voulu protéger. Mais il avait échoué. Une larme roula sur sa joue alors que l'adolescent ouvrait péniblement les yeux. Quelques perles d'eau glissèrent sur son visage dans l'espoir de le rafraîchir, mais la fièvre était trop forte et augmentait inexorablement, menaçant à chaque instant de rompre son esprit. Son corps était immortel, mais sûrement pas la pauvre âme qui habitait cette carcasse. Les mots de Castiel cinglèrent à son oreille. Joachim aurait voulu lui répondre, lui expliquer pourquoi et sécher les larmes qui coulaient le long de son visage diaphane. Mais il n'avait pas la force de le faire. Sa respiration se fit plus sifflante encore alors qu'il laissait échapper une plainte. Cependant ce qu'il ressentait de Castiel l'inquiéta. Le garçon lui saisit la main et Joachim le fixa sans vraiment comprendre. Cette expression qu'il lu sur son visage l'effraya. Ce n'était pas l'enfant tendre qu'il côtoyait, c'était quelqu'un d'autre. Une onde de douleur le traversa soudain et le blond ne pu retenir un hoquet alors que les larmes roulèrent sur ses joues pales, toujours plus nombreuses.


" Castiel ... " Murmura t-il plaintivement.

L'adolescent n'en pouvait plus, la douleur était trop forte. Il voulait sombrer, il voulait laisser cette fièvre le dévorer. Mais quelque chose le retenait. Cette pauvre âme qu'il avait blessé, cet enfant qu'il avait trahit pour lui épargner des souffrances inimaginables. Joachim le fixa de ses yeux clairs, mais sa respiration trahissait son épuisement. Faiblement il vint se saisir du poignet du jeune homme et porta cette main attentionnée à ses lèvres. Au bord de l'évanouissement, il embrassa la pointe des doigts laiteux, avant d'offrir un sourire au jeune homme. L'adolescent ouvrit la bouche pour parler mais sa voix s'étrangla en un sanglot. Les minutes s'écoulèrent, lentes et silencieuses. Joachim luttait, luttait contre le sommeil salvateur. Cette envie de sombrer à jamais.


" Castiel ... " Souffla t-il.

" Je ... Je sais que toutes les excuses du monde n'y changeront rien. Je ... Je ne voulais pas te faire du mal ... je ... peux te ... te le jurer. Je ... J'ai eu peur de te blesser. Je ... j'ignore de quoi je suis vraiment capable. Parce que ... je ... je n'ai plus rien de commun avec les humains. Et ... A ... Alister ne t'épargneras pas si tu le croises à nouveau. C'est ... C'est pour ça que je dois rester seul ... j'ai mal ... si mal de te faire ça ... Je ... Je te considère vraiment comme un ami ... mais je ne pourrais pas te protéger de moi ... Je suis désolé. "

Sa voix se brisa dans sa gorge. Il se cambra alors qu'une douleur fulgurante traversa soudain son corps malingre. Ses doigts qui tenaient toujours la main de Castiel se resserrèrent soudain. Haletant il chercha à capturer le regard du brun. Son autre main se leva délicatement sur la joue du jeune homme, il la caressa, en une dernière caresse réconfortante avant de retomber mollement sur le sol.

" Je suis désolé Cory. Je n'ai pas pu donner à Castiel ce qu'il attendait. Je n'ai pas pu lui épargner la souffrance. Je ... je suis désolé, je suis désolé ..."

Sa voix mourut dans sa gorge alors que son regard perdait toute lueur de vie. L'adolescent sombrait alors qu'il laissait cette fièvre le dévorer complètement. Alister le supplia presque de lutter, mais il n'en avait plus envie. Il abandonnait, c'était fini. Tout était fini. A quoi bon demeurer dans ce monde qui ne voulait pas de lui. Certes il y avait ce pacte, ce lien qui le maintiendrait toujours en ce monde, mais rien ne l'empêcherait de s'enfermer dans le néant. Il était désolé pour toute la douleur qu'il avait apporté, pour les faux espoirs qu'il avait donné. Déjà il s'excusait auprès d'Alister, le remerciant de ce qu'il avait fait, de l'avoir protégé malgré sa nature viciée. L'adolescent lui offrait son corps en une ultime offrande. Un hoquet, et il se mit à pleurer comme un enfant. Il avait peur, peur de s'en aller ainsi pour l'obscurité. Mais cette fièvre l'attirait inexorablement dans ses filets. Il ne pouvait pourtant pas mourir et l'impression était tout comme, voir pire. Car au bout du chemin, il n'y aurait aucune délivrance.

Son ventre lui faisait mal, le brûlait même atrocement. Alister essayait vainement de le maintenir éveillé alors que la fièvre monta d'un cran. Son vêtement fut bientôt rendu humide par la sueur. Cette sensation collante le maintint quelques instants de plus à la surface. Son regard harassé s'égara sur le cimetière. Avec ironie il se dit qu'il avait choisi le bon endroit. Au moins le directeur ne consumerait pas plus avant son âme. Au moins ses méfaits s'arrêteraient là. Il repartirait aussi soudainement qu'il était venu, abandonnant son corps à l'être divin déchu.

Un sourire ourla ses lèvres. Peut-être que c'était pas un châtiment qu'il avait cherché durant toutes ces années. Peut-être était-ce seulement une forme de délivrance.


" Pardon Castiel ... Je ... Je vais t'abandonner, comme tant d'autres avant moi. Cory ... Prends-soin de lui. Prends-soin de mon ... ami. "

Fébrilement ses doigts noueux s'enroulèrent autour de la nuque de l'enfant. Délicatement il l'incita à se pencher vers lui, et Joachim déposa un ultime baiser sur sa joue avant de définitivement sombrer dans les bras de cette fièvre dévorante. Sa respiration s'atténua jusqu'à disparaître presque complètement, ne laissant qu'un vague filet à peine audible. L'adolescent plongea, loin, si loin, trop loin. Son corps s'agita légèrement, parcouru par quelques tremblements. La fièvre narguait le jeune Castiel en s'acharnant à réchauffer le maigre morceau de tissu. Alister quant à lui ne savait plus quoi faire pour garder Joachim éveillé, pour éviter qu'il ne plonge inexorablement vers l'abysse. Son inquiétude croissait avec les minutes, il devait faire quelque chose, il fallait qu'il le ramène ou il serait perdu. Soudain il se souvint de ce qu'il avait fait quelques semaines plus tôt, de la chair morte de l'enfer qu'il avait arraché à Sammael. Etait-il en train de le contaminer ? Il aurait voulu vérifier, mais il ne pouvait pas abandonner le corps de Joachim sous peine de le voir sombrer définitivement. On ne goûtait pas l'enfer impunément et encore une fois, l'ange s'était plongé dans une situation quasi inextricable. A nouveau il blessait son protéger, et de la plus atroce des manières.

Soudain Alister ouvrit les yeux. Il prenait le contrôle pour quelques minutes et le corps brûlant de Joachim lui arracha une plainte. L'adolescent souffrait d'un feu qu'on ne pouvait éteindre et qu'un seul être au monde était capable d'apaiser. Son regard se perdit sur le doux visage de l'enfant. Cependant il ne chercha pas à plaisanter, lui-même atteint par la faiblesse de son protéger.


" Castiel, soulèves sa chemise et dis moi de quelle couleur est sa peau à l'endroit de son torse, dépêches-toi c'est urgent. "

Alister soupira, terrassé par par la fièvre. Lui-même commençait à trembler, mais il priait pour que rien ne soit de couleur noire, sans quoi il devrait sans plus attendre faire appel à son rival préféré.
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Castiel Aterius
Humain † The Mad French Touch
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Castiel Aterius

Masculin •Lettres : 189
•Vit depuis le : 25/11/1872
•Fou depuis le : 27/07/2009
•Age : 151
•Origine : Place du Tertre, Montmartre, Paris
•Rôle : Patient
•Tempérament : Enfantin, naïf ... mais pas que
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• Sexualité: Homosexuel
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMer 19 Aoû 2009 - 13:01

Castiel s'en voulait terriblement. Il s'était laissé dominer par ses plus bas instincts sans réfléchir aux conséquences de ses actes et maintenant, l'état de Joachim avait empiré. Le jeune homme n'arrivait plus à fixer son regard et tremblait de fièvre. Et l'eau que le brun s'acharnait à lui appliquer sur le front n'avait absolument aucun effet.

Joachim murmura doucement son nom avant de lui saisir la main et de l'embrasser, la tendresse présente sur son maigre visage. Il lui sourit tristement avant de tenter de parler mais sa voix s'étrangla dans sa gorge. De longues minutes s'écoulèrent puis le blond sembla enfin trouver la force de s'exprimer. Il fit alors quelque chose que personne n'avait jamais fait pour Castiel. Il lui présenta ses excuses et tenta d'expliquer les raisons de son geste.

Le garçon l'écouta attentivement. Il sentait sa colère s'évanouir. Joachim lui caressa la joue avant de s'excuser aussi auprès de Cory. Et cette action sembla l'épuiser complètement. Ses yeux se fermaient par intermittence et sa respiration devint plus difficile et laborieuse. Castiel regarda le blond sourire tristement. Les mots qui sortirent ensuite difficilement de ses lèvres emplirent le français de joie malgré les circonstances.

" Pardon Castiel ... Je ... Je vais t'abandonner, comme tant d'autres avant moi. Cory ... Prends-soin de lui. Prends-soin de mon ... ami. "

Puis, il glissa ses mains autour de son cou, l'incitant à se pencher, et déposa un baiser sur sa joue. Ensuite, sa respiration cessa presque complètement tandis qu'il tremblait de tous ses membre. Le français essayait en vain de l'aider mais Joachim s'enfonçait dans le néant inexorablement.

Sans que le français ne s'y attende, Alister prit le contrôle du corps pâle en gémissant. Le fait que même l'être soit affecté par ce que vivait Joachim angoissa encore plus le brun. Cela voulait dire que c'était encore plus grave que ce qu'il imaginait. La créature le regarda quelques instant avant de lui demander, la voix étranglée par la souffrance.

" Castiel, soulèves sa chemise et dis moi de quelle couleur est sa peau à l'endroit de son torse, dépêches-toi c'est urgent. "

Fébrilement, le garçon fit ce qu'il lui était demandé sans poser de question. Il souleva la chemise et ce qu'il vit lui arracha un violent haut-le-cœur. Sa peau était presque aussi pâle que la sienne dans un genre plus maladif mais ce n'était pas cela qui l'avait choqué. Tranchant sur la couleur laiteuse, la peau du milieu de son torse était d'un noir luisant, comme une nappe de pétrole. Des boursoufflures, des cloques agitaient la chair et semblait éclater parfois tel de l'eau porter à ébullition. Un rougeoiement diffus éclairait la blessure et se contractait et se décontractait par intermittence comme le cœur battant de quelque créature maléfique sortie tout droit des pires cauchemars des Hommes.

L'enfant détacha péniblement son regard de cette vision d'horreur et répondit à la question d'Alister, la voix rendue plus aiguë par l'angoisse qui l'étrennait.

-Sa peau est toute noire ! Et d'un texture affreuse ! Qu'est-ce qui faut faire pour l'aider ? Dis moi Alister ! Il faut le sauver !

Castiel était au bord de l'hystérie et paniquait sérieusement. Joachim était au plus mal et la ''blessure'' s'étendait lentement mais surement. Il respira lentement, essayant de se calmer un peu.

Ne sachant que faire et attendant la réponse d'Alister, Castiel reprit le corps dans ses bras et s'allongea près de lui. Il posa la tête blonde sur sa poitrine et caressa doucement les cheveux de lin. Il murmura ensuite à son oreille, espérant que Joachim l'entendrait de là où il était.

-Tu sais, ça ne me fait pas peur de prendre des risques pour être ton ami. Les vrais amis se soutiennent quoi qu'il arrive et ça ne me dérange pas de le faire pour toi. Alors, ne t'enferme pas dans ta solitude pour me protéger. Je veux que l'on soit amis et qu'importe le danger, nous pouvons y faire face. Mais pour cela, il faut que tu luttes. Tu n'as pas le droit de nous abandonner, Cory et moi. On peut t'aider nous aussi.

Le garçon reprit son souffle et serra plus fort le corps à la fois tremblant et inerte contre lui.

-Je suis désolé pour tout à l'heure tu sais. Je … J'étais en colère et j'étais blessé surtout mais je n'aurais pas du faire ça.

Allongés dans l'herbe humide, la Lune au dessus d'eux, les garçon restèrent ensuite silencieux. Castiel regardait le vent jouer dans les mèches blondes et une chanson lui vint à l'esprit. Il se mit à chantonner doucement, resserrant encore plus l'étreinte sur le corps pâle.

Idiot qui ne comprend pas
La légend' qui comme ça
Dit qu'une gitane
Implora la lune
Jusqu'au lever du jour
Pleurant elle demandait
Un gitan qui voudrait
L'épouser par amour

Tu auras ton homme, femme brune,
Du ciel répondit la pleine lune,
Mais il faut me donner
Ton enfant le premier
Dès qu'il te sera né
Celle qui pour un homme
Son enfant immole,
Bien peu l'aurait aimé.

Lune tu veux être mère
Tu ne trouve pas l'amour
Qui exauce ta prière
Dis moi lune d'argent
Toi qui n'as pas de bras
Comment bercer l'enfant
Hijo de la luna.

D'un gitan cannelle
Naquit l'enfant
Tout comme l'hermine,
Il était blanc,
Ses prunelles grises
Pas couleur olive
Fils albinos de lune
Maudit sois tu, bâtard!
T'es la fils d'un gadjo
T'es le fils d'un blafard.

Lune tu veux être mère
Tu ne trouve pas l'amour
Qui exauce ta prière
Dis moi lune d'argent
Toi qui n'as pas de bras
Comment bercer l'enfant
Hijo de la luna.


Le gitan se croyant déshonoré
Couteau en main sa femme alla trouver,
L'enfant n'est pas de moi,
Tu m'as trompé, je vois!
A mort il l'a blessa
Et l'enfant dans ses bras
La colline il monta,
Là haut l'abandonna...

Lune tu veux être mère
Tu ne trouve pas l'amour
Qui exauce ta prière
Dis moi lune d'argent
Toi qui n'as pas de bras
Comment bercer l'enfant
Hijo de la luna.


Et les soirs où l'enfant joue et sourit,
de joie aussi la lune s'arrondit
Et lorsque l'enfant pleure
Elle décroît pour lui faire
Un berceau de lumière


Sa voix mourut doucement tandis qu'une brise légère venait les caresser, comme pour les apaiser.

[Alors ? Qu'en penses-tu ?]
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMar 25 Aoû 2009 - 15:14

" Sa peau est toute noire ! Et d'une texture affreuse ! Qu'est ce qui faut faire pour l'aider ? Dis moi Alister ! Il faut le sauver ! "

L'ange poussa un feulement agacé. Ce n'était guère la peine de lui dire. Il savait que Joachim était en danger et risquait de s'éteindre à tout moment. Il essayait d'ailleurs tant bien que mal de le retenir, de l'empêcher de sombrer pour disparaître à jamais. Son âme n'était pas aussi forte qu'il avait imaginé. Lui, impétueux, volage et sans grande considération pour le genre humain - il n'avait pu faire réellement attention aux besoins de son petit protéger. Joachim était à l'abris des maux mortels, mais pas contre ceux de l'enfer. Il n'aurait pas du. Mais qui pouvait réellement soupçonner les méfaits de la chair d'un démon. Pas lui en tout cas. Il les connaissait trop peu, et maintenant il en payait le prix fort. La souffrance de ce corps était également la sienne. Il ressentait, voyait et souffrait les choses comme Joachim. La faiblesse croissait dans son corps malingre. Lui-même ne tarderait pas à sombrer si il ne faisait rien. Ses pouvoirs étaient bien inutiles. Un fugace espoir face à un ennemi immonde. Une pourriture de l'enfer qui maintenant les condamnait tous les deux. Alister trembla, terrassé par la fièvre de l'adolescent. Il avait promis autrefois qu'il ne le trahirait pas. L'ange aurait pu fuir le mal et reprendre sa forme d'autrefois. Etrangement il ne le désirait pas. Pourtant. Oui pourtant ça lui aurait été si aisé de briser le pacte, de se matérialiser et de laisser l'enfant mourir. Joachim. Sa petite poupée à lui. Rien qu'à lui. La petite tête blonde lui appartenait corps et âme. Il était devenu sa seule famille. C'était ce qu'il lisait parfois dans son regard. Cette reconnaissance muette. Cette expression douce et apaisée de l'être sécurisé. De l'enfant dans les bras de son frère, de son père, de son amant.

Alister ouvrit la bouche pour répondre au garçon. Sa voix s'étrangla. Dans un soupir ses yeux se fermèrent. Il sombrait lui aussi. La force lui manquait, la conscience aussi.
" Sammael ... " Lâcha t-il dans un murmure. L'ange s'enfonça également. Pourtant sa force immense persistait dans ce corps inerte. Il le devait, pour Joachim. Rester, demeurer pour lui éviter des souffrances inutiles. La végétation pourrissait autour d'eux, répandant une odeur étrange dans le cimetière.

Une odeur de mort ...


" Alors ne t'enferme pas dans ta solitude pour me protéger. "

Cette voix ...

Cette voix m'était familière. Apaisante, douce, vibrante. Qui était-ce ? A qui appartenait ce doux filet mélodieux qui perçait au delà de mon silence sans fin ? J'essayais de me rappeler. En vain. Quelques images dansaient autour de moi sans que j'arrive à les saisir. Je ne comprenais pas. Tout était flou. Ces souvenirs - car je déduisais qu'ils l'étaient, et m'appartenaient - s'effaçaient. Disparaissaient dans les méandres de mon esprit épuisé. Je ne sentais que cette lassitude perdurer au delà de mon inconscience. Je voulais juste sombrer. Ces voix me retenaient, mais elles n'y arriveraient pas encore longtemps. Je voulais seulement m'échapper. De quoi ? Je l'ignorais. Qui étais-je d'ailleurs ? Un nom qui glissait, et que j'oubliais presque aussi vite. Cet sensation. C'était étrange. Je n'avais guère de visage. Juste deux iris émeraudes que je percevais. C'était tout. Juste un regard, et une atroce sensation de tristesse. Une chaleur immense perçait au delà de mon obscurité. Elle me brûlait. Réduisait de ses mains de cendres mon corps, mon esprit. Pourtant. Même si j'avais effroyablement mal, je voulais me réfugier dans ces bras ténébreux. Me laisser aller contre eux. Disparaître en son sein.


" Mais pour cela, il faut que tu luttes. "

Encore cette voix ...

Lutter ? Mais contre quoi ? Qu'est ce qu'elle voulait dire ? Je ne comprenais pas. Je n'avais pas envie de faire la lumière sur ça. Je savais que c'était trop douloureux. Un monde que je ne voulais plus voir. Non. Non. Non. Je désirais plus que tout rester ici. Demeurer en ce lieu sombre et rassurant. Oublier ce passé. Oublier ceux qui m'ont aimé. Ceux qui m'ont pleuré. Ca faisait trop mal. Beaucoup trop mal. Je voulais hurler à cette voix de se taire enfin. De me laisser disparaître. Mais une autre vint se mettre de concert avec elle. Une voix suave, mélancolique, malsaine. Elle m'était plus familière encore, et mon coeur bondit, se déchirant dans ma poitrine. Dans cette obscurité je poussais une plainte douloureuse. Cette personne. Je l'aimais. Plus que de raison je tenais à elle. Pourtant. Oui pourtant elle était immonde d'apparence et de coeur. Mais même avec ça, je savais qu'il me protégeait. Son nom m'échappait cependant. Je l'oubliais, comme tous les autres. Une infinie tristesse me saisit. De toute façon personne ne pourrait me sauver. Je le savais. Ma faiblesse croissait, m'emportait. Au moins je ne regretterais pas, ni ce monde, ni ces gens dont je ne me souvenais pas.


" Tu n'as pas le droit de nous abandonner, Cory et moi. "

Cory ?

Qui était-ce ?
Un nom ?
Une personne ?
Une âme ?
Un ange ?

Ange ...

Ce mot m'était familier. Il me berçait d'une notion immonde. Les anges n'étaient pas aussi doux qu'on le prétendait. Il n'y avait que ces ailes sombres pour couvrir ma peine. Un nom me revint. Alister. J'ignorais tout de son identité. Mais il m'avait protégé, à un grand prix, certes. Le souvenir glissa loin. A quoi bon s'accrocher à cette identité que je ne pouvais retenir. L'oubli. Voilà tout ce que je réclamais. Ma gorge était en feu, ma poitrine faite de lave. J'avais mal. Même dans cette demi-conscience, j'éprouvais les sensations d'un corps qui n'était déjà plus le mien. Je sentais et entendait cette respiration sifflante. L'air qui se refusa bientôt à moi, embuant mon esprit. Pourtant je sentis une étrange sensation m'envahir, et un sourire ourla mes lèvres. Ce goût enchanteur. Celui d'un point final à une histoire déjà bien triste.
" Adieu ... " Murmurais-je dans mon inconscience. Un dernier au revoir à tous ceux que j'appréciais, mais dont les visages restaient désespérément muets. Tant pis. Je les contemplais s'éloigner, disparaître. Une voix d'une infinie tristesse m'appela cependant. Une autre chantait une litanie entêtante. Pourquoi ne me laissaient-elles pas partir ? Pourquoi me refusaient-elle cette délivrance que je désirais tant. Tellement !

Laissez moi ...

Je voulais partir. M'enfuir loin. Mais ces voix me retenaient de leurs mains puissantes. Mon souffle était déjà éteint. Alors pourquoi lutter. Il n'y avait plus d'espoir. Je le savais. Pourtant cette mélodie me laissait entendre le contraire. Tous ces efforts étaient vain. Je ne reviendrais pas. Je ne voulais pas.
" Laissez-moi ... partir ... " M'entendis-je psalmodier encore et encore. Ma voix gagnais en puissance. Pourtant je ne la contrôlais pas. Ce flot de paroles plaintives glissait hors de moi et résonnait contre la pierre du lieu où gisait mon corps. Quelque chose roula sur mes joues.

De l'eau ...

De l'eau sur mon visage. Elle coulait de mes yeux bordés de noir. Tic tac. Faisait l'horloge de ma vie. Je n'avais pas peur cependant. C'était juste une délivrance, du moins si ces voix me laissaient partir. Bientôt la mélodie s'estompa elle aussi, en même temps que la douleur qui progressait sur mon corps terrestre. Enfin me dis-je. Elle me laissait. Couler au fond de cet océan noir. Je m'y laissais glisser. Lentement, presque amoureusement. La fin de cette existence. La fin de ces souvenirs. Il ne resterait rien. Rien de ce que j'ai été, de ce que je suis, et de ce que je serai. Juste une ombre, un vide dans le coeur de quelques personnes. Une âme désagrégée à jamais par les mauvais choix et un amour blessant. Tout se finirait aujourd'hui. Enfin.

Adieu ...

Une dernière fois.


Alister ouvrit brusquement les yeux.

Joachim. Joachim était en train de partir. De s'enfoncer inexorablement dans les ténèbres. L'ange se redressa, retenant entre ses lèvres closent une plainte douloureuse. La douleur était insupportable, même pour lui. Mais ce feu brûlant n'était pas comme les autres. Il appartenait à l'enfer. A présent il regrettait sa hardiesse, mais surtout sa grande inconscience. Cette fois-ci Joachim payait le prix fort. Quelque chose lui disait qu'il n'en sortirait pas indemne. Pas cette fois. Pourtant il voulait y croire en cette force. Cette tendre âme qui ne demandait qu'à être choyée, aimée. Avec le peu qui lui restait de force, Alister se leva et avisa un corbeau non loin. Il l'appela d'une langue parfaitement inconnue pour le jeune Castiel. L'oiseau se posa sur le bras de l'ange, plantant ses serres dans la peau blanche. L'adolescent se pencha sur lui et murmura quelques paroles à l'animal qui s'envola aussitôt quérir l'aide du directeur. Alister se retourna, et fixa le brun de son regard d'immortel. Chancelant, il s'avança vers lui. Ses jambes vacillèrent, et il tomba à genoux juste devant lui. L'ange lui offrit un sourire sincère. Le premier. Tremblant il posa ses mains sur les épaules du garçon puis l'approcha de lui dans une chaste étreinte. Ses doigts noueux se posèrent dans la sombre chevelure et la caressèrent.


" Castiel ... " Murmura t-il d'une voix tendre.

" Le corbeau s'en est allé quérir l'aide dont Joachim à besoin. Cependant ... "

Il se recula légèrement, caressant la joue blafarde.

" Je ne préfère pas que tu restes. Les forces qui seront en jeu ici risqueraient de te blesser, et Joachim ne le voudrait pas. Retournes dans le bâtiment. Fais-le pour lui, Castiel. Nous nous retrouverons lorsqu'il ira mieux. Pour l'instant enfuis-toi au plus vite d'ici. "

Alister ne préférait pas que le jeune Castiel assiste à la petite joute qui allait probablement se dérouler entre lui et Sammael. Surtout que le directeur en voulait à l'âme de son protéger. Il ne souhaitait pas détruire les illusions du garçonnet. Etrangement c'était la première fois qu'il se souciait d'un autre que lui et Joachim. Avec tristesse il songea que son protéger lui en voudrait énormément si il arrivait quelque chose à Castiel et à Cory. C'est pourquoi d'un regard il l'encouragea à suivre ses ordres. Les forces de l'enfer n'étaient jamais agréables à contempler, ce gamin avait déjà trop souffert pour se voir infliger pareil supplice. Un baiser que l'ange déposa sur le front du jeune humain. Une caresse appuyée sur sa joue, et de nouveau cette même parole douce.

" Enfuis-toi ... Ne t'inquiète pas. Je veille sur Joachim. "

L'ange se leva, n'attendant pas que Castiel quitte le cimetière. S'adossant au monument il se laissa choir à son pied. La douleur était fulgurante. La fièvre l'envahissait. Alister aurait presque tout donné pour se matérialiser, mais si il abandonnait le corps malingre, Joachim mourrait à coup sûr. Le blond se mordilla la lèvre nerveusement. Sa main noueuse se logea sur sa poitrine. Sous ses doigts battait le morceau de chair terrible. Ce mince bout d'enfer qui rongeait le corps de son protéger. Rageur Alister serra le poing. Il avait commit une erreur particulièrement grave, et il avait grand peine à retenir l'esprit de l'enfant. Joachim s'en allait indubitablement. Quelque part - et même si l'admettre lui était particulièrement douloureux - il attendait avec impatience la venue du démon. Lui qui d'ordinaire s'enorgueillissait de son inconscience, le voilà bien prit dans son propre jeu malsain. Alister fulminait de rage à son encontre, mais pour une fois il admettait son effroyable erreur. Si il s'était montré davantage tempéré, Joachim n'aurait pas été en danger comme il l'était à présent.

Un péché d'orgueil.

Un de plus à cette longue liste.
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Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
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Sammael Ruthven

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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMar 25 Aoû 2009 - 19:18

    Sur les murs du bureau ricochait la bruyante course de la trotteuse de l’horloge qui était face au directeur. Mais malgré ses intonations claquantes, Sammael ne lui adressait aucun regard, trop occupé à parcourir divers papiers. Ces derniers temps, il refusait de voir les personnes extérieurs à l’asile, et pour cause ; son apparence humaine qui se détériorait vers l’ombre d’une créature née de vices. Sa peau était devenue aussi livide que la Lune. Cette dernière triomphait actuellement dans le ciel nocturne, pleine et resplendissante, bien plus lumineuse qu’un feu de cheminée. Ses ongles également, ils s’étaient allongées et la noirceur qui y était imprégnée s’était assombrie. Même son corps lui-même ; ses membres s’étaient affinées, et son échine avait transpercé la peau de son dos, laissant apercevoir quelques pointes acérées, semblables aux épines des roses. C’était encore une chance que le démon pouvait cacher ce désagrément grâce à sa chemise. Sans oublier ses cornes qui ne cesser de s’allonger.

    Tic. Tac. Tic. Tac.

    Le chant monotone persistait, ne parvenant pas au démon qui était volontairement devenu sourd à cette mélodie saccadée. Trois coups secs, bien différent des sons de l’horloge, retentirent derrière la vitre d’une des fenêtres de la pièce. Seul son que les oreilles de Sammael accueillirent distinctement. Il se leva et découvrit un corbeau perché sur une branche, utilisant son bec pour attirer la créature. Le jeune homme dessina un sourire tout en ouvrant la fenêtre.


    -Que me vaut cette visite ?

    Demanda le démon lorsque les maigres crochets de l’oiseau s’enroulèrent autour de son index. Le seigneur de la nuit croassa, de sa gorge roula de brèves notes aigües. Une information pour le moins intéressante et réjouissante décelée par le démon malgré ce dialecte d’oiseau. D’un geste, Sammael remercia son messager nocturne et le libéra.

    Il jeta un regard sur son bureau ; les papiers qui le jonchaient étaient suffisamment importants pour le tenir ici toute la nuit… Mais ce que lui apportait l’animal semblait bien plus passionnant.
    Ainsi, Joachim était aux portes de la Mort, au bord du gouffre de l’enfer ? Et grâce à Sammael lui-même. Le démon porta ses doigts à sa bouche, mais avant qu’il n’emprisonne ses lèvres dans sa paume, il se mit à rire férocement. Voilà depuis un moment qu’il attendait une nouvelle qui pourrait le divertir, au point de lui tordre l’estomac à l’aide de frissons.

    Sans plus attendre, Sammael quitta sa pièce, calmant difficilement son rire. Sans redingote, juste en chemise malgré la fraîcheur de la nuit. Pourquoi paraître Humain, alors que l’on rendait visite à un demi-démon en bien piteux état ?

    Le directeur contourna l’asile, traversant le jardin d’un pas léger. Il n’accorda pas un regard au décor plongée dans la nuit, il ne fixait que ce qui se trouvait face à lui. Et bientôt, les premières cryptes se dressèrent à l’horizon.
    Ses pas foulèrent la terre qui marquait l’entrée du cimetière. L’odeur de la mort, mêlée à sa propre odeur, le guida vers le corps chétif et tremblant de Joachim.


    -Et bien Alister ? Qui se serait douté que l’on se retrouverait dans de telles circonstances ? Pas moi en tout cas.

    Déclara Sammael, se retenant de rire. Il s’agenouilla à côté du corps de l’enfant, tout en sachant qu’il s’adressait surtout à l’ange déchu. Il passa ses doigts sur son front parsemé de sueur. On aurait dit qu’une horde d’oiseaux s’était infiltrée dans les muscles de l’enfant, faisant trembler chacun de ses membres grâce à leurs puissants battements d’ailes.
    Le démon observa la chair meurtrie qui noircissait à mesure que l’incendie était plus brutal. Il posa délicatement son autre main sur la blessure et chuchota à Alister, d'une voix plus calme ;


    -M’entends-tu encore, Alister ?
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MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMar 25 Aoû 2009 - 20:59

Le temps s'écoulait ...

Alister entendait l'écho de cette terrible horloge se répercuter infiniment sur les parois de son crâne angélique. Cette attente lui semblait insupportable. Indubitablement. La force venait même à lui manquer. Trop d'événements s'étaient déroulés en trop peu de temps, aspirant vers le néant sa force pourtant incommensurable. Pour la première fois, il se sentait défaillir. Inexorablement attiré vers ce monde de ténèbres. Joachim l'attirait avec lui dans son exile. Et il n'avait d'autre choix que de le suivre, sans quoi il le verrait mourir. L'ange frotta le front adolescent d'une main tremblante. La sueur revint. Il n'y pouvait rien. Ses forces l'abandonnaient, sa conscience également. Dans un soupir il fut contraint de fermer les yeux. La douleur, même pour lui, était insupportable. Voilà ce que ressentait les âmes condamnées de l'enfer ? Etait-ce un avant-goût du châtiment qui attendait Joachim ? Si c'était le cas, il le retiendrait dans cette vie le plus longtemps possible. Son âme ne méritait pas ça. Non elle ne le méritait pas. Le vent vint soudain lécher son visage en une caresse réconfortante. Il lui amenait le murmure d'un pas, l'écho d'une présence qu'il savait salvatrice, du moins pour lui. Pourtant Alister ne pu résister à l'attrait du sommeil. Joachim le tenait, l'emportait. Pourquoi ne résistait-il pas ? Il aurait pu. Oui il aurait pu. L'oubli. Etait-ce ce qu'il cherchait également au delà de toute cette folie ? Sans doute pas. Les sentiments de l'adolescent se mêlaient au sien. Cette impression étrange d'étouffement ne lui appartenait pas, pourtant l'ange l'acceptait.

Lui aussi coulait vers cette obscurité salvatrice ...

Y avait-il seulement un espoir ?


" Et bien Alister ? Qui se serait douté que l'on se retrouverait dans de telles circonstances ? Pas moi en tout cas. "

Une nouvelle voix perça les ténèbres ...

Je la connaissais, en même temps pas. Elle était différente des autres fois. Autres fois ? Pourtant je ne m'en souvenais pas. Mais cette intonation suave et dangereuse m'était familière. Cette voix semblait amusée de la situation. J'ignorais encore laquelle. Je ne me souvenais de rien, je plongeais juste lentement vers l'obscurité de mon esprit. C'était agréable, et je me serais endormi si elle ne m'avait pas murmuré ces mots. Et en même temps, mon regain de conscience n'était pas dû seulement à ça. Quelque chose d'autre m'y poussait. Une force que je n'aurais pu nommer. Une force que je craignais de voir disparaître. Car on prenait ma place au royaume des ombres. Ces mains m'extirpaient de ce sommeil faussement tendre et revêtaient - à ma place - le linceul de ténèbres qui me recouvrait. Alister ? Qui était-ce ? Une vague effluve de pourriture. Quelqu'un de cher. Je le savais. Oui, il m'était cher, et je ne m'expliquais pas cet étrange sentiment de colère à ces paroles si amusées. Ce qu'il avait fait pour moi était bien plus que ce que n'importe quel être aurait pu me donner. Quelques images me revenaient. Dansaient devant moi en une gigue ténébreuse. Un ange noir me recouvrant de ses ailes d'ébène. Un pacte passé entre lui et moi. Alister. Il était mon frère, mon père, mon amant. Mon coeur se serra à cette pensée. Je ne me souvenais de si peu de choses, pourtant lui, lui je ne l'oubliais pas.
" Alister ... " Appelais-je de ma voix flûtée.

Mon souffle s'étrangla.

Je n'avais pourtant pas conscience de mon corps. Pas tout à fait. Seule une effroyable chaleur me brûlait. Lentement, inexorablement je me sentais remonter de l'abysse. J'étais guidé par une force autre que la mienne. Une force en cet instant angélique. Il me sauvait de l'oubli pour la seconde fois, et moi je ne lui offrais qu'une souffrance supplémentaire. Ces quelques souvenirs de l'attachement, de l'amour que je portais à cet être, pourtant maléfique, me revinrent. Ma seule famille. Il était ma seule famille, mon seule protecteur. Quelque chose roula sur mes joues roses de fièvre. De l'eau. Une eau limpide, emplie d'un profond sentiment de tristesse. Des larmes amères qui coulaient jusque sur mon menton. Je les sentais distinctement à présent. S'éloigner de mon visage, puis s'écraser sur mes mains noueuses. Je gémissais, au bord de la conscience. Cette douleur était insupportable. Et j'avais la nette impression d'avoir laissé dans ces ténèbres quelque chose d'important. Un morceau de moi-même qui resterait à jamais prisonnier de l'abysse. Etrange sentiment que voilà. Quel était ce monde qui me tendait les bras ? Ce lieu de tristesse, ce lieu de pourriture où mon corps ne vieillirait jamais. Une odeur de terre me vint aux narines. Puis quelque chose d'autre encore. Une sensation douce, une main froide comme l'hiver.

L'hiver ...

Je le rejoignais enfin.


" M'entends-tu encore, Alister ? "

Joachim ouvrit douloureusement les yeux. Son regard vide de toute expression se posa sur l'homme au teint de cendre. Ces traits émaciés, amaigris par il ne savait quel mal, ces iris qu'il devinait d'une couleur étrange et enivrante, la naissance de ces cornes quasi animales. Il le contempla sans vraiment comprendre, obsédé par la douleur qui lui vrillait le corps. Qui était-ce ? Ce visage lui était inconnu, pourtant cette énergie lui était familière. Un fort sentiment de déjà vu. Son nom lui revint, aussi soudainement que si on lui avait jeté de l'eau en plein visage. Sammael. Le directeur. Mais de quoi. Il l'ignorait encore. Les souvenirs ne lui revenaient que par bribes, engloutis à moitié par l'abîme de son esprit. Lui-même affichait un tout autre visage. Froid, harassé, déprimé. L'enfant était presque méconnaissable. Et Alister demeurait inaccessible. Pourtant il ne se sentait pas menacé par cet être qu'il devinait tout autre que le gentil messager d'une promesse de liberté. L'adolescent ne croyait plus en la beauté de ce monde. Il n'y avait que l'horreur pour être splendide et envoûtante. Ses doigts malingres se posèrent sur ceux de l'homme. Son visage se tordit d'une grimace alors qu'une douleur fulgurante le parcouru. Luttant pour rester conscient, l'adolescent s'accrocha à ce regard de braise.

" Alister n'est plus là. " Murmura t-il d'une voix rauque.

Une larme. Qui roula de sa joue. La présence de l'ange lui sembla si mince que son corps en était presque vide. Cette sensation était atroce, fendant son coeur tendre qui se répandait désormais dans sa poitrine blanche. Intense lui semblait cette douleur, plus folle encore que les flammes infernales qui lui rongeaient le corps. Pourtant l'expression de Joachim demeurait celle d'une poupée, figée dans un dernier élan de tristesse. Il était là, adossé contre la pierre, ses doigts tremblants répandus sur la main de l'adulte. Le blond attendait quelque chose, sans vraiment savoir quoi. Une parole, un geste. Rien de bien réconfortant, juste de quoi faire avancer le pion sur l'échiquier. La chaleur augmenta encore, lui arrachant une plainte. Le blond leva les yeux vers le ciel. La nuit était fraîche et contrastait avec l'anéantissement de son corps malingre. Il ne doutait pas que Sammael ne le laisserait pas dans cet état. Sans doute profiterait-il de sa faiblesse pour lui infliger on ne sait quoi. Après tout, il s'agissait bien de sa nature, non ? Cependant, Joachim ne le redoutait pas, ou plus. Au delà de la souffrance quelque chose le perturbait. Ce mince morceau de lui-même noyé dans les ténèbres, cette sensation de vide absolu.


" Alister n'est plus là. " Répéta t-il mécaniquement, et de ce même timbre froidement rauque.

Alister. Criait son esprit. Alister. Alister.

Une destiné.

Une fatalité.

Un ange d'ébène, à l'univers immonde.

Alister.

L'enfant n'avait guère de réponse, juste un vague murmure qui perçait l'abysse...


" Alister n'est plus là. " Psalmodia t-il une troisième fois alors que l'eau noyait son regard de vipère.
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Sammael Ruthven
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MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMar 1 Sep 2009 - 12:11

    « Alister n'est plus là. »

    C’était l’unique réponse qu’obtenue le démon. L’absence de l’ange déchu le désappointait, Sammael reconnut sans peine la voix du vrai Joachim, bien que son ton était grave et affaibli. Sa peau était aussi moite que celle d’un cadavre et les perles de sueurs se mélangeaient à ses larmes. C’est ainsi que l’enfant allait mourir ? L’endroit était parfait, mais pas le moment, pas au goût du démon.

    Les doigts osseux de Sammael agrippèrent la mâchoire fébrile de Joachim. Il l’aurait laissé mourir, se délectant de cette expression d’impuissance, il l’aurait laissé agonisé si ce n’était Joachim et Alister à la fois. L’un était trop important pour mourir d’une façon si idiote et l’autre était trop amusant pour disparaître maintenant.


    -Joachim, te souviens-tu de ce que je t’ai dit il y a quelques semaines ? Que je ne comptais pas te laisser mourir ; la vie te va bien mieux selon moi.

    Le démon était dans un état trop proche de sa nature, au point qu’il ignora les règles de politesse. En effet, c’était sûrement la première fois qu’il s’adressait aussi familièrement à son patient. Lui et son ange gardien s’étaient ajoutés au divertissement du jeune homme et deux personnes aussi intéressantes ne pouvaient partir aussi vite.
    La voix du démon n’était plus veloutée comme auparavant, elle ressemblait à un grognement incessant d’une bête. Un souffle long et rauque qui se faufile hors d’un cimetière brumeux.


    -Je préfère t’avertir ; mon aide sera bien plus douloureuse que le supplice que tu subis en ce moment… Sans oublier la dette que tu me devras.

    Après un léger ricanement, la main de Sammael se glissa sur la blessure. Tandis que son autre main tenait fermement le visage de l’enfant, ses ongles se plantèrent dans la chair noircie et meurtrie. Retournant la peau par des mouvements vifs, remuant l’odeur de la pourriture. Comme une araignée avide de retrouver sa moitié, la main de la créature continua de déchirer sa peau.
    Comme un tueur qui éventre sa victime, les ongles longs du démon pénétrèrent dans le corps du patient. Ses lèvres formulaient diverses incantations d’une langue lointaine ; des curieuses syllabes incompréhensibles rappelant le susurrement d’un serpent. Un chant envoûtant qui vous flanquait une chair de poule phénoménale ; la langue d’un démon.
    Peu importait si l’enfant ne comprenait pas ce que Sammael chuchotait, car ses ongles n’avaient pas encore atteint leur but, que le morceau de chair se flétrît, stoppant tous les effets néfastes qu’il causait sur le corps du jeune humain.
    Si la torture s’était estompée ? Loin de là, puisque les doigts de la créature continuaient leur parcours. Bientôt, on ne voyait que son poignet, le reste de sa main caressait cruellement les entrailles de Joachim.

    Enfin, il atteignit la viande démoniaque qui reposait au fond de ses tripes. D’un rapide geste, Sammael s’empara de sa partie perdue et le retira hors du ventre de l’enfant. Dans une aisance effrayante, la main ensanglantée du démon se retira de la chair. La peau du garçon s’éclaircit, laissant le noir mourir pour devenir d’un violet de nuit tout comme sa plaie qui se refermait rapidement.
    Le jeune homme laissa tomber le morceau de chair près de la tombe. La viande défleurie se tordit avant de se consumer en un tas de cendre, comme si à présent, c’était elle qui brûlait. Après avoir relâche le visage du garçon, le démon porta ses doigts à sa bouche et y lécha le sang qui teintait sa peau grisâtre.
    Et comme un esprit espiègle, il posa sa tête sur le ventre du garçon, frôlant de ses longs ongles l’endroit où il avait mutilé d’avantage la peau. Sous cette teinte violacée, on pouvait déjà apercevoir quelques longues cicatrices qui s’entremêlaient, rappelant curieusement un nid de serpents agités.

    Ironiquement, on pouvait comparer ce stigmate au sceau de démon. Ce dernier se mit à rire aux éclats en y songeant avant de reprendre son sérieux. Son regard de fauve dérapa sur le pot en terre rempli d’eau. Mais il ne chercha même pas à atteindre le récipient ; avoir sauvé l’enfant était déjà amplement suffisant, car après tout… son infime gentillesse avait des limites.


    -Cette torture est peut-être suffisante pour toi, mais tu sais combien je suis exigeant.

    Ajouta Sammael de sa voix sifflante entre deux échos de rire funeste. Peu importe si c’était sur Joachim qu’il était couché, ou alors Alister… Car le démon s’adressait aux deux à la fois. Il espérait cependant que son rival l’entendrait par l’intermédiaire de son protégé.
    Du bout de son index, le démon parcourut la peau de Joachim, formant des dessins flous.


    -Pour le moment, je n’ai pas la moindre idée de ce que je pourrai te demander… Mais soit certain que la valeur sera importante !

    Demander son âme en échange ? Ce serait tellement facile ! Et puis, il venait juste de le sauver… Laissons l’enfant souffrir pendant encore un moment avant de déchiqueter sa vie à pleines dents. Et puis, Sammael était tellement ravi ; entre ses mains, cette redevance revenait à un Joker très puissant dans le jeu des deux créatures de l’ombre.
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeDim 13 Sep 2009 - 17:06

Alister n'était plus là. Alister n'était plus là. Alister n'était plus là !

Cette vérité, aussi immonde soit-elle tournait et tournait encore dans son esprit délabrée, comme une litanie effroyablement entêtante. Le jeune Joachim sentait la raison lui échapper, lentement, si lentement qu'il se serait arraché l'âme de lui-même pour ne plus jamais souffrir ainsi. Mais il ne pouvait pas lutter. Quelque chose se brisait, disparaissait dans les méandres de son esprit. Son mince filet de conscience. Il s'entendait encore dire avoir recraché le destin à son image. Mais y en avait-il seulement un pour lui ? Aucun ange bienfaisant ne viendrait l'aider. Il n'y avait que ceux aux ailes sombres qui lui accordaient un peu d'attention. Il n'y avait qu'eux pour lui offrir ce malsain réconfort qu'il cherchait au creux de leurs bras morts. Il n'y avait pas d'avenir. Pas pour lui. Juste la promesse de sombrer dans l'oubli. Le destin n'était pas à son image. C'était lui qui l'était, reflet d'une folie latente qui l'attendait sagement au delà du miroir. Il était un monstre. Il l'avait toujours été. Le garçon aux yeux de vipères pouvait se prétendre ange, mais tout le ramènerai vers cette sordide vérité qu'était la sienne. Sans Alister il n'était rien. Sans Alister il était fou. Alors autant le rejoindre dans sa noirceur si c'était ce qui pouvait le sauver. Il n'était qu'un petit diable à deux visages, dissimulé derrière les traits d'un ange. Un gémissement. La douleur lui transperça les veines, consumant son fragile esprit. L'horloge. Il entendait l'horloge résonner comme un glas immonde. Celui de son ange ? Non. Pitié pas lui. Tout mais pas lui. Joachim suppliait qu'on ne lui enlève pas sa seul raison d'exister. Il aurait tout donné ... juste pour le sauver.

Un pas vers la noirceur.

Et puis soudain les doigts de Sammael s'emparèrent de son visage. Faiblement il releva les yeux sur lui. Etrangement il ne fut même pas effrayé par l'expression de l'adulte. Il connaissait sa nature non ? Alors à quoi bon. Il était un démon, il n'y avait rien à craindre. Même l'idée qu'il puisse lui arracher l'âme de l'effraya pas. Maintenant qu'il était seul, rien n'était capable de retenir cette folie latente qui constituait son second visage. Alister avait payé pour le sauver lui. Que pouvait-il bien faire à présent ? Il ne savait pas gérer ça. Il ne savait pas gérer la solitude. Comme ces pénibles moments passés seul dans le froid glacial de ce château. Ses membres se mirent à trembler. Non ! Non il était seul comme ce jour là. Seul. A jamais. Seul. Seul. Seul ! Cette idée l'obsédait. Il était seul dans ce corps. Les restes de son esprit finir par se disloquer. Ses lèvres s'ouvrir pour laisser filer une plainte. Il ne le supportait pas. Il ne savait pas gérer ça. Et en même temps son corps mourrait. Mais Sammael prit la parole. L'adolescent eu peine à l'entendre tant il était effrayé par sa soudaine solitude.

" Je préfère t'avertir ; mon aide sera bien plus douloureuse que le supplice que tu subis en ce moment ... Sans oublier la dette que tu me devras. "

Un hoquet.

La main du démon s'aventura sur sa blessure et s'y enfonça. Le corps de l'enfant se cambra vainement pour échapper à cette effroyable douleur. Mais rien n'y fit. Les larmes roulèrent sur ses joues laiteuses pour s'échouer sur le sol du cimetière. Un hurlement déchirant fendit le silence, jusqu'à faire s'envoler les oiseaux alentours. Son esprit ne le supportait pas. Pire encore, à mesure que la main s'avançait, il songeait à Alister prisonnier de ce corps frêle. Une morne litanie s'éleva, faisant cesser pour quelques instants les cris effroyables de l'adolescent. Cette langue l'enivra et décupla paradoxalement la douleur qui lui vrillait le corps. Son souffle prisonnier de sa gorge, s'extirpa soudain de ses lèvres en un nouveau hurlement. Tremblant il priait pour que cette torture macabre cesse. Mais il continuait, encore et encore. Lancinant, épuisant, enivrant. Dans un dernier cri de souffrance le démon retira sa main de ses entrailles, atténuant la chaleur qui noyait son corps. La fièvre lentement s'estompa pour ne laisser qu'une terrible et écrasante fatigue. Joachim s'autorisa à fermer les yeux, terrassé par le souvenir de la douleur.

Il releva néanmoins la tête lorsque Sammael vint reposer la sienne sur son ventre. Le rire qui soudain déchira le silence ne lui arracha aucune réaction, juste un vague sourire ourlant le coin de ses lèvres. Mais les paroles de l'adulte lui firent soudain réaliser à quel point il était seul désormais. Lui seul pourrait payer le prix de ce qu'il avait fait pour lui. Alister ne pourrait plus le défendre. Alister. Alister. Joachim se redressa précipitamment logeant son regard dilaté dans les prunelles écarlates du démon. Il était seul, et son regain de conscience de faisait rien pour le rassurer. La peur s'empara de son âme vidée de toute substance. Il avait peur. Si peur. Baissant la tête, il dissimula ses prunelles de vipère sous sa chevelure blonde. Ses doigts osseux se crispèrent sur son propre vêtement, et bientôt les tremblements s'emparèrent de son corps malingre. Joachim n'avait plus aucun moyen de contenir sa propre folie. La boîte de pandore était ouverte, vomissant par ses ouvertures la noirceurs de la moitié de Joachim. Alister, n'avait plus le contrôle, profondément endormit dans l'esprit de l'enfant. Rien ne pouvait contenir ce pouvoir latent, cette folie qui le dévorait et qui dévorait à présent l'adolescent. Les larmes perlèrent dans son regard, s'écrasant pitoyablement sur le sol. Joachim secoua la tête en réponse aux paroles du directeur.

" Je ... Je ne sais pas gérer ça. Je ne peux pas gérer ça ... "

Il n'était pas un adulte, il ne pouvait pas gérer les contrats, il ne pouvait pas gérer la solitude. Ca le dévorait, rompait peu à peu son esprit. La paix qu'il avait ressentit n'existait plus. Il sentait les désirs de Alister se mélanger aux siens, ne constituant plus qu'un tout informe et sans saveur, mis à part celle d'un mal absolu et corrosif. Des murmures. Ils résonnaient tout contre son oreille, lui intimant d'assouvir sa soif de chair. Il n'y avait qu'en dévorant les autres qu'il se sentirait moins seul. En dévorant la chair, il dévorait leurs âmes. En dévorant leurs souvenirs, il oublierait la souffrance, sa souffrance. Murmures sur murmures. Des rires, ces mots susurrés avec tant de douceur. L'esprit de l'enfant se brisa presque soudainement. C'était comme si des liens de chairs s'étaient battis autour de son coeur. A présent ils le serraient si fort qu'il allait éclater. Le broyer dans un ultime ricanement. Il poussa un feulement effrayé. L'enfant tremblait de tous ses membres submergé par l'esprit, les peurs et la folie d'Alister. Mais lui n'était plus là pour modérer tout ça. Quelque part, endormit dans l'obscurité de sa caboche défaillante.

" Je ne sais pas gérer ça. " Répéta t-il encore une fois, alors que les larmes se précipitaient sur ses joues, toujours plus nombreuses.

Dévores-les. Les souvenirs. Dévores-les. Apaises ta soif de chair. Qu'est ce qu'il y a ? Tu pleures ? Tu pleures ? Mais regardes, tes ailes te protègent de leur ombre malfaisante. Dévores-les. Si tu ne peux pas gérer, alors cède devant nous. Laisses-toi aller Joachim. Ou c'est nous qui te dévorerons !


Joachim se figea soudain dans l'obscurité. Les larmes cessèrent. Les tremblements aussi. Céder. Pourquoi pas ? Il ne pouvait pas résister de toute façon à cette folie. Il ne voulait pas rester seul. Il ne voulait pas rester ! Seul. Seul. Seul ! Non c'était impossible. Et ces murmures qui l'emplissaient appartenaient à Alister. Pourtant c'était différent. Ce n'était pas lui. Ce n'était pas ces bras putrides. Mais peu importait, tant qu'il pouvait le faire revivre, ne serait-ce qu'un peu. L'obscurité le rongea complètement. La peur qui le paralysait s'estompa, alors que le silence de son esprit fut remplacé par ces voix qui lui rappelait son ange bien aimé.

" Je n'aime pas être seul."

Un rire, aussi léger que cristallin fendit le silence.

Joachim se redressa lentement sur ses jambes maigres, dissimulant toujours son visage de ses mèches couleur de lin. Il contempla son ombre s'étirer sur le sol grâce aux rayons lunaires. Et quelque chose le frappa soudain, transperça la folie naissante qui le dévorait. Deux ailes. Deux ailes s'étendait au delà de son dos. Elles n'existaient que dans ce second lui-même, c'était comme si ... comme si Alister et lui ne faisait qu'un. Pourtant ce n'était pas le cas, mais les persiflants murmures de son esprit lui affirmèrent le contraire. Il n'était plus seul. Ils étaient avec lui. Ne faisait qu'un avec son esprit. Sa souffrance était devenu celle de son âme, comme il le lui avait dit autrefois. Et rien ne pouvait garantir qu'il se réveille un jour. Cette pensée le figea de nouveau dans un mouvement de stupeur. Non ! Non ! Il ne voulait pas le perdre. Pas lui ! Pas comme ça !

" Alister ... "

Mais la folie le gagna. Chassant encore une fois ses inquiétudes. Ces voix l'assoiffèrent d'une autre présence. Dévoilant son visage, l'adolescent laissa un rictus terrifiant ourler ses lèvres. Il n'était plus vraiment Joachim, comme il n'était pas vraiment Alister. Il était simplement l'incarnation de la folie des deux âmes. Mais plus particulièrement de la peur de l'enfant. Un être sans raison ni sens, avec parfois, quelques lueurs de conscience. Son regard de vipère embrassa le cimetière et s'arrêta bientôt sur la courbe discrète d'un rongeur. Un rat. Avec une vivacité surprenante il s'en saisit et l'amena devant son visage. Le blond renifla la pauvre bête qui s'agitait vainement devant lui. Oh, ça il allait le laisser repartir, mais il ne savait pas encore dans quel état. Il considéra le rongeur un instant, glissant une langue gourmande sur ses lèvres. Puis soudain il agrippa la tête de ses dents et l'arracha avec une violence extrême. Le sang gicla sur son visage blafard alors qu'avalant la chair il se mit à rire. Joachim jeta le cadavre sanguinolent de la bête qui vint s'écraser contre une pierre, répandant dessus le liquide encore fumant. Dans le même élan destructeur il amena sa main à ses lèvres. Il y planta ses dents jusqu'à en saisir la peau et l'arracher avec autant de jouissance. La douleur irradia sa main, et pourtant il n'en prit pas note, se contentant de lécher la plaie à vif.

" Ca fait mal ... " Dit-il d'une voix faible et amusée.

Puis soudain il s'arrêta. Les voix venaient de se taire. Il était de nouveau seul. Seul. Seul. Seul ! Non ! NON ! L'adolescent plaqua ses mains sur ses oreilles alors que les larmes noyèrent son visage. Lentement. Chancelant. Il s'avança vers Sammael. Etendant les bras, Joachim saisit la chemise de l'adulte de ses doigts noueux et sanglants. Il s'approcha de lui, offrant à ses iris écarlates une moue suppliante et effrayée. Le blond se blottit contre le corps démoniaque, ignorant jusqu'à l'échine épineuse qui pourtant blessait ses avant bras, à présent passés autour de sa taille.

" Je ne veux pas être seul. Je ne veux pas être seul. Restez avec moi. Je ... J'ai peur. Je ne veux pas être seul. Restez avec moi. "

Les murmures revinrent, mais l'enfant resta toujours conscient. Il se blottit davantage contre l'adulte. Le démon en voulait à son âme, mais il était prêt à se vendre si c'était pour ramener Alister. Lui seul pouvait l'aider. Même si le prix était élevé. Il ne voulait pas être seul. Non il ne voulait pas.

" Je veux rester avec vous ..."

Un rictus fendit à nouveau ses lèvres.
L'obscurité venait de le dévorer ...
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Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
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Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeMar 29 Sep 2009 - 17:35

    Joachim se lamentait, se plaignant sur son impuissance, son manque de savoir-faire. Mais l’inverse aurait surpris le démon ; quel mortel savait gérer avec une bête répugnante ? Une fois qu’un homme avait passé un marché avec un démon, il était plutôt rare qu’il rencontre une deuxième créature… Et même si c’était le cas ; c’était à éviter absolument !
    Ce point faisait rire Sammael, car c’était exactement ce que faisait actuellement Joachim. N’était-il déjà pas dans entre les griffes d’un ange aux ailes décomposées ? Le pauvre enfant n’avait donc rien appris de cette première expérience… Sammael aurait ressenti un sentiment semblable à de la peine si il n’était pas d’une nature aussi perfide.


    " Je n'aime pas être seul."

    Joachim se releva, obligeant le démon à se redresser à son tour. Alors que l’enfant se plongeait dans ses pensées, dans l’observation de sa propre ombre. Sammael, lui, à même le sol, le contemplait. Une véritable combat entre deux âmes sur un même corps ; les dégâts se jetèrent sur un innocent rongeur et sur le corps Joachim -car aucun autre nom ne lui venait à l’esprit-. Se mutilant avec une indifférence terrifiante et excitante.
    C’était un tableau si beau qui se dépeignait cette nuit-là ; s’offrant au regard embrassé du démon. La bête profitait du spectacle qui était une parfaite allégorie de la folie qui piétinait les sentiments et la douleur avec de redoutables coups. Les ongles de l’homme se plantèrent plusieurs fois dans la terre glaciale, patientant, se demandant inlassablement si Joachim allait se détruire lui-même, jusqu’à quand sa folie exercerait cette étrange anesthésiant ?

    Mais l’enfant s’arrêta, lançant un regard suppliant au démon.


    " Je ne veux pas être seul. Je ne veux pas être seul. Restez avec moi. Je ... J'ai peur. Je ne veux pas être seul. Restez avec moi. Je veux rester avec vous ..."

    -Approche, je peux être un fidèle ami.

    Susurra le démon, faisant signe au garçon de s’approcher.

    -Je serai toujours là, ne cessant de te suivre ; tu essayeras alors de me fuir, mais impossible. Je serai toujours là, Joachim, si c’est là encore ton nom.

    Sa langue de vipère continuait de murmurer de longues syllabes paisibles, tandis que Joachim se blottissait contre lui. Ses bras malingres entourèrent les épaules de l’enfant. Il sentait sur son dos, son échine semblable à la tige du rose qui frôlait le garçon, les épines caressant vicieusement sa chair de neige.

    Ses griffes également frôlaient le petit être qui se trouvait près de lui.
    Après tout, il tenait entre ses bras un trésor qui réveillait son appétit. Appétit qu’il avait du mal à contrôler depuis que l’ange était là, depuis que ses racines démoniaques s’élevaient de son identité de terre.
    Son souffle devait être aussi brûlant que la vapeur. Comparé à son regard embrumé de sang, la lave devait ressembler à une masse de boue chaude, rien de plus…
    Sa langue de vipère glissa sur ses lèvres immaculées -du moins, juste en apparence-. Il bascula légèrement en arrière, reposant sa tête sur une tombe qui flanchait. Ses mains, aussi fines et larges que des araignées, se posèrent sur les joues de Joachim.


    -Es-tu prêt à payer le prix que tu me dois ?

    Plantant son regard dans celui du garçon, le démon ajouta ;

    -Ton âme.

    Trancha la voix sifflante de la créature comme c’était l’unique issu possible. Un ton presque capricieux ; faisant comprendre au garçon qu’il n’y avait que sa source de vie qui pouvait satisfaire Sammael.
    Après tout, avait-il le choix ?

    Le démon pencha légèrement la tête de Joachim en arrière, le surpassant de sa stature squelettique. Ses longs doigts descendirent lestement vers le cou du jeune homme, le maintenant dans un étau aux apparences meurtrières.

    Sans plus attendre, Sammael déposa ses lèvres sur celles du patient. Comme il l’avait fait pour toutes ses précédentes victimes. Il le rapprocha brutalement contre son torse, laissant sa langue ardente glisser entre les lèvres marbrées de Joachim, caressant celle du garçon.
    L’âme de Joachim aurait dû venir, attirée d’elle-même par la présence du démon. Si Sammael l’aurait souhaité, cette délectable source de vie se serait hisser jusqu’à lui. Mais ce n’est pas ce qu’il voulait. Pas maintenant…

    Il s’écarta rapidement du jeune homme, affichant un large sourire aussi acéré qu’un croissant de Lune. Sammael ne lâcha pourtant pas tout de suite le cou du garçon.


    -Alors, Alister ? Cela suffit-il pour te réveiller ? La deuxième tentative sera la bonne, et l’âme de Joachim m’appartiendra réellement.

    Les deux créatures pourraient très bien se battre en Enfer en déchirant de leurs ongles et avec leur rage l’âme du pauvre malheureux. Mais l’asile était un terrain de jeu avec tellement de ressources et si plaisant que le directeur aurait beaucoup trop de regret à la quitter !
    Et ce semblant de vol n’était qu’une tentative pour effrayer Joachim, une frayeur qui pourrait réveiller son
    ange gardien. Il n’y avait aucune question de loyauté ; juste de plaisir. Gagner juste en accueillant dans ses bras un mortel désespéré n’était pas un acte dont on pouvait se vanter -pas parmi les démons-.

    Les mains de Sammael se desserrèrent, impatient de voir si l’ange déchu se débattrait enfin ou s’il déclarait forfait pour de bon…
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeSam 17 Oct 2009 - 13:33


" Approches, je peux être un fidèle ami. "

Terrible appel que lui lançait là l'enfer. Et cette main si apaisante, si effroyablement apaisante. Morbide connaissance et immonde bonheur que suscita chez l'enfant ces paroles à demie susurrées. Alors il s'approcha de cette poitrine offerte, laissant les larmes rouler sur ses joues en une rivière silencieuse. Il ne le craignait pas, pire, il souhaitait plus que tout rester auprès de lui. Auprès de cette chaleur ténébreuse et infernale, seul véritable soutient qu'il avait eu dans ses maigres années d'existence. Cette main de l'enfer tendue sur son visage opalin, en caressant les merveilleux contours, pour s'abandonner dans son esprit déchiré. Il n'y avait que l'horreur morbide de cette vie pour le maintenir un tant soit peu dans la réalité, pour l'empêcher de sombrer définitivement face à l'effroyable crime commit autrefois. La chair qui avait fait sa chair, tombant en poussière entre ses dents claires. Triste réalité que l'enfant parricide. Et le voilà aujourd'hui se jetant dans les bras du diable lui-même. Mais n'était-ce finalement pas ce qu'il désirait plus que tout ? Sombrer dans cette bienveillance que lui avait témoignée l'enfer ? Devenir à son tour ce feu brûlant et impénétrable, ange brisé aux ailes noires de suif. Et ce chant immortel qui berçait soudain son oreille. " Je serai toujours là. " Et le voilà qui n'entendait que ça, cette litanie sans fin que lui promettait Sammael. Rester toujours près de lui, quand bien même il ne voudrait plus de lui - chose dont il doutait. Joachim se raccrochait à cette flamme vacillante pour ne pas tomber, si bien que ses doigts se nouèrent autour de l'échine épineuse du démon, plus fort encore, jusqu'à blesser ses doigts souffreteux. La douleur irradiait ses membres, entêtante odeur de sang qui lui vrillait l'esprit et la conscience.

Les voix ne se taisaient pas, envers et contre tout. Joachim ne savait plus, n'avait plus aucun contrôle sur lui-même. Il sanglotait contre le torse de Sammael, incapable de se calmer, de cesser de trembler comme la jeune feuille qu'il était. Immonde petite fleur de l'enfer qui gangrenait son âme. Mais quelque part il était bien blottit contre ce corps détaché de l'existence mortelle. Il le trouvait beau, rassurant, envoûtant, et l'idée même de lui appartenir ne lui déplaisait pas. Si c'était pour sauver Alister, le garçon était prêt à tout. Son ange n'avait besoin que d'un corps, pas de la conscience instable qui faisait sa chair. Et Sammael semblait être la parfaite incarnation du démon. Joachim savait qu'il n'en voulait qu'à son âme, mais il ne pouvait s'empêcher d'être attiré par lui, par ce corps, par ce regard, par cette voix sifflante, si proche du murmure d'une vipère. Mais n'étaient-ils pas tous condamnés à l'enfer ici ? Aucun dieu ne viendrait les sauver de ce lieu, et de toute manière il serait plus que mal accueillit. Il n'y avait pas d'espoir, pas de rédemption pour ces monstres rejetés par l'enfer. Les patients eux-même n'attendaient rien de cette vie. Depuis longtemps Joachim avait abandonné l'idée même d'être pardonné pour son crime, que Alister embaumait soudain de paroles sucrées. C'était son châtiment, vivre éternellement aux côtés du divin déchu, mais aujourd'hui l'enfant entrevoyait une autre porte de sortie. Mourir, de la plus atroce manière, disparaître à jamais et être consumé par le feu infernal. Sammael. S'offrir à lui, en un dernier présent, et sauver Alister en lui donnant ce corps qu'il désirait tant.

Et puis soudain son regard se leva sur la créature séduisante. Joachim soupira à ces mains répandues sur ses joues blafardes. Un contact qui le ramena doucement à une réalité sereine. Un vide que comblait le démon de sa présence brûlante. Son regard de vipère se teinta d'une lueur désireuse. Depuis cette première rencontre l'homme l'avait attiré dans ses bras, et Joachim ne s'y refusait pas. Pourquoi ? Pourquoi alors qu'il savait s'y brûler à présent. Mais rien n'était plus désirable que le diable lui-même. Lui au moins était d'une franchise absolue. Et ce " Es-tu prêt à payer le prix que tu me dois ?", n'effraya même pas le jeune garçon. Joachim se contenta de nicher ses iris dans ce regard ténébreux, souriant à l'évocation de son âme. Il était prêt, prêt à se donner tout entier à l'enfer. Il l'attendait comme une délivrance certaine, une bénédiction maléfique que Sammael lui donnait soudain. Aucune peur ne vint pétrir son petit coeur fragile, juste une chaleur brûlante consumant son esprit. Alors lorsque sa tête fut amenée vers l'arrière, seul un sourire apaisé vint ourler ses lèvres. Un soupir brisa même ce silence étrange alors que les mains osseuses de son ami infernal glissèrent sur sa nuque. Joachim ne craignait nullement l'avenir qui s'offrait à lui. Et lorsque Sammael scella leur approche d'un baiser, l'adolescent ne pu qu'y répondre tendrement, envoûté par ce charme qui lui parut soudain divin. Il goûtait avec un plaisir certain ce goût de l'enfer, ce feu brûlant qui le consumait tout entier. Et lorsque leurs langues se jouèrent l'une de l'autre, Joachim soupira, prêt à fondre emprisonné par cet homme aux relents maléfiques. Pourtant il savait. Il savait que cette étreinte n'était pas sans danger, que ce corps contre le sien réclamait son âme. La dernière étreinte. Le dernier souffle abandonné entre les crocs de cette créature. Adieu Alister, disait son esprit harassé. Il s'abandonnait pour lui, pour lui permettre de s'éveiller à nouveau. Offrir sa vie de mortel pour lui, voilà tout ce qu'il pouvait faire. Joachim n'avait aucun pouvoir, hormis celui d'apporter le malheur. Sa force il la tirait de son ange aux ailes de suif. Adieu. Adieu poupée immortelle.

Joachim s'abandonna complètement, fermant les yeux pour apprécier plus encore ce contact charnel et immensément démoniaque.

Mais la fin ne vint pas. Les secondes s'égrainaient sans que rien ne vienne troubler la nuit glacée. Et une voix soudain le déchira. Une voix familière, emprunte d'amusement. Elle remontait des limbes, comme un feu plus brûlant encore. Une énergie nouvelle irradia son corps malingre, distillant dans ses veines la flamme immortelle de son ange déchu. Alister. Alister était là, éveillé par la provocation du démon. Un sourire plus grand encore ourla les lèvres de l'enfant qui fixait à présent Sammael d'un regard désireux. Les voix s'estompèrent et le calme revint dans ses iris émeraudes. La créature reprenait sa place dans son corps meurtrit. Une joie sans faille coula dans ses veines, alors que l'enfant se saisissait de la main du démon pour la porter à ses lèvres et l'embrasser de la plus tendre manière. La voix de son ange résonnait contre son oreille, fatiguée, mais bien là, présente à tel point qu'il en eut presque mal. Les larmes marbrèrent ses joues d'enfant, et bientôt il vint se blottir à nouveau contre le démon, réclamant son étreinte comme un animal fragile. Alister était revenu, ils avaient tous deux survécu, bien que dans son esprit, Joachim savait qu'il devrait un jour payer le prix. Sammael ne resterait sans doute pas sur sa fin, et l'insatiable appétit qu'il lisait sur son visage anguleux avait de quoi conforter son idée. Soudain il ferma les yeux, laissant pour quelques secondes la place à son ange de noirceur.

Alister ouvrit les yeux et leva son visage opalin vers la haute stature du démon. Un sourire ourla son visage identique à celui de Joachim. Joueur, il caressa tendrement l'échine de la créature, se blessant volontairement contre l'épine démoniaque. L'ange s'égara dans le dos du directeur, répandant sur sa chemise le sang de sa main blessée.

" Tu as toujours eu un goût incroyable Sammael. Mais je crois que cette fois c'est Joachim qui souhaite te remercier plus que moi. "

Cette voix joueuse, enjôleuse, qui à elle seule certifiait qui possédait de nouveau ce corps fragile. Alister se manifestait enfin, après avoir tenté de sauver son petit humain. Oh, bien sûr la guerre ne faisait que commencer entre Sammael et lui. Cependant l'ange doutait que Joachim le laisse blesser le démon. Il en ignorait la raison, mais l'enfant s'était soudain prit d'affection pour ce relent de l'enfer. Pourtant ce n'était pas un attachement dû à un quelconque désir égoïste, non, ce désir était tout ce qu'il y avait de plus pur, de plus dérangeant aussi. A son souvenir, aucun humain n'avait nourrit cette attirance en sachant pertinemment qu'il se briserait entre les griffes de la créature. Joachim n'attendait rien de Sammael, hormis la possibilité de pouvoir rester à ses côtés. Alister en souriait intérieurement, charmé par ce garçon à l'attitude si incohérente et étrange. Mais c'était sans doute ce qui l'avait conduit à vouloir le sauver, à vouloir le protéger autrefois. Il espérait que son "ami" saurait se rendre compte de cette qualité indéniable qui faisait tout le charme de l'enfant aux yeux de vipères. Alister laissa quelques secondes s'écouler entre eux.

" Tu as de la chance Sammael, qu'il te voue une passion si pure." Dit-il avec amusement, quoique son ton trahissait une certaine vérité.

Mais trop épuisé, l'ange dû se résoudre à faire revenir son petit protégé. Joachim revint à la conscience en même temps que la douleur folle qui irradiait sa main. Pourtant il ne fit que se perdre dans le regard infernal de Sammael. Un sourire fendit ses lèvres alors qu'il étendait la main sur ce visage qui aurait semblé effrayant pour tout autre humain. Mais pas pour lui. Le démon avait ce je ne sais quoi capable de l'apaiser physiquement. Cette rassurante présence, duquel il se sentait proche. L'enfant n'avait pas peur de lui, pas plus qu'il ne craignait le terrible sort qui l'attendait. Alors il posa délicatement sa deuxième main sur le visage du démon, et le força à se pencher sur lui. " Je veux me perdre avec vous ... " . Susurra t-il d'une voix enchanteresse. Une prière lancée à Sammael, à Alister, à tous ces êtres sortis de l'enfer. Joachim se sentait à sa place dans ce lieu misérable de sentiments. Il était résolu à finir ses jours ici, à pousser toujours plus loin le mal qui le rongeait. Sombrer avec son ange, quoiqu'il lui en coûte. Tomber entre les griffes du malin, ce démoniaque sentiment l'avait conduit dans les bras de Sammael. Ce rival, ce démon, cet ... non, il ne pouvait se résoudre à l'appeler ainsi, pas maintenant, pas tout de suite. Pas avant de lui prouver qu'il scellait son existence à la sienne. Alister aurait son corps, et Sammael aurait son âme. C'est pourquoi un doux sourire s'ourla sur son visage blafard. Il pria, d'un geste doux, le démon de se pencher encore, pour enfin, odieusement, amoureusement, s'emparer de ses lèvres rendues brûlantes par l'enfer. Encore et encore, étreinte d'un papillon de nuit qui s'offrait au brasier. Et bientôt sa langue rencontra à nouveau sa jumelle, danse charnelle avec la noirceur du monde, peut-être la dernière.

Ce petit ange de douceur souillé par les ténèbres.

Joachim resta là, lié à cet homme par un baiser qu'il se donnait volontairement. Pas même Alister ne protesta face à ce geste étrange, plus amusé qu'autre chose par l'audace de son petit ange soudain attiré par le diable lui-même. Se perdre avec lui, jusqu'à ce que les flammes le consument entièrement. Et le baiser se fit plus brûlant encore ...
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Sammael Ruthven
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Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] _
MessageSujet: Re: Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius]   Le Monologue de L'horloge [Castiel Aterius] Icon_minitimeSam 14 Nov 2009 - 18:00

    Le réveil de l’ange empli le démon de satisfaction. Il aurait été plus heureux si Alister n’était pas d’une espièglerie aussi douce, mais la fatigue le gagnait à nouveau et il était trop faible pour lutter contre son adversaire.

    " Tu as toujours eu un goût incroyable Sammael. Mais je crois que cette fois c'est Joachim qui souhaite te remercier plus que moi. "

    Un sourire commença à s’afficher sur le visage de Sammael, pourtant, il s’effaça aussi rapidement que la lune derrière les nuages qui galopaient dans le ciel. Le sens de ses derniers mots n’avaient pas d’autre sens hormis le fait qu’il se laissait à nouveau gagné par la torpeur, qu’il se glissait à nouveau dans son sommeil. Et le goût de la déception s’empara de la créature de suie ; c’était d’une facilité qui n’apportait aucun plaisir.

    " Tu as de la chance Sammael, qu'il te voue une passion si pure."

    Sur ces mots, l’ange laissa la place à son protégé. Du moins, c’est ainsi que le comprit Sammael, puisque le sourire sur le visage de l’enfant se fit plus net et les traces de fatigue s’atténuèrent. Le démon écoutait encore les propos de l’ange ; la pureté ne s’accordait pas à lui, pas aux être si mesquins. Ses promesses étaient des mensonges dès qu’elles quittaient ses lèvres, sa gentillesse devenait déjà fausse dès qu’il souriait. La passion était ce qu’il connaissait de mieux chez l’homme et la femme ; la folie ardente, la joie insouciante ou la colère brûlante. Mais pas celle qui est pure, ce n’était pas dans leur nature.
    Sammael en vint à se demander si Alister avait le moindre impact sur Joachim ; est-ce que son aura malsaine avait vraiment réussit à ternir, ne serait-ce qu’un peu, la personnalité si candide de l’autrichien ? Il n’avait jamais eu de preuve, cependant, ses doutes commencèrent à se lever.


    " Je veux me perdre avec vous ... "

    Lui murmura le garçon, au fur et à mesure qu’il l’attirait à lui, à ses lèvres.
    Inévitablement, Sammael songea, avec joie, que l’enfant s’était totalement abandonné au directeur et à l’asile. Au démon et à l’enfer -puisque c’étaient leur véritable nom-. L’impression glorieuse que les chaînes qui le reliaient au monde extérieure se brisaient définitivement ; tel un pantin qui brisait les fils que le reliaient à son manipulateur de créateur, se détachant de sa place, s’extirpant du nid de poupées désarticulées pour rejoindre un monde plus attirant. Un monde sombre qui aiguise la curiosité et l’envie.

    Lorsqu’il fut assez proche, Joachim l’embrassa à son tour. Osant renouveler le geste comme si c’était un cadeau qu’on lui offrait, ignorant le goût du poison chaud qui annonçait le danger. Il n’hésita pas à s’approcher d’avantage et ce leste baiser ne fut pas interrompu par Alister.

    Le jeu serait- donc fini ?

    Pourtant, le démon ne réagit pas, ou tout du moins, ne voulait pas réagir. L’âme était contre lui, s’offrant presque d’elle-même. Pourtant, Alister dormait, se jouant sûrement de lui. De plus, Joachim ne ressentait aucune frayeur paralysante ; pour le moment, c’était l’enfant qui menait la danse.
    Révulsé par cette idée, le démon pencha d’avantage le garçon, le tenant désormais contre le sol. Ils ne ressemblaient plus à deux amants, mais à un lion qui domine sa proie, un aigle qui maintient son trésor sous lui.

    Il mit fin au baisé et observa le visage de Joachim ; toujours aucune trace de frayeur. De ses doigts malingres, la créature parcourut les joues blanchâtres de l’enfant.


    -Tu dois être l’un des mortels les plus surprenants que je n’ai jamais rencontré, Joachim.

    La cécité de Joachim l’empêchait de voir combien Sammael était un monstre, avec une apparence qui se rapprochait plus d’une ombre inquiétante qu’un homme séduisant. Mais ses doigts pouvaient explorer, comprendre que le directeur ne ressemblait plus à l’homme qu’il avait été il y a quelques semaines, lors de leur première rencontre. Pourtant, il ne se séparait pas de lui, au contraire ; l’enfant ne cessait de l’enlacer.

    Sammael se pencha à nouveau.


    -Comment peux-tu me vouer une passion si pure ?

    Demanda le démon en se remémorant les mots exacts d’Alister. Après tout, l’ange était l’unique personne qui ressentait distinctement les sentiments de Joachim, ses pensées ; puisqu’ils ne formaient qu’une seule et unique personne.
    Il embrassa à nouveau le garçon, frôlant de ses canines de fauve les lèvres vermeilles de l’enfant.


    -Tu n’as pourtant pas oublié que je suis ton bourreau.

    Ajouta le démon, sceptique.

    Sammael n’appréciait pas tellement cette façon d’obtenir l’âme de Joachim d’une manière aussi simple, aussi facile. Cependant, il savait que cette occasion ne se représenterait pas de si tôt, et il songeait à marquer réellement l’enfant sous lui.
    Il reposa ses mains sur les épaules de Joachim, enserrant sa taille avec aussi de facilité qu’aurait un serpent. Portant alors ses lèvres à nouveau sur celles de Joachim, sentant le souffle du garçon moins ardent que le sien. Le froid n’arrivait pas à glacer sa peau, une inexplicable chaleur parcourait ses veines comme plusieurs filaments de lave ; une part de l’enfer semblait habiter les entrailles de la bête.
    Les mouvements de langue ressemblaient à ceux d’une invitation et l’âme ne résista pas longtemps ; comme une fissure qui apparaissait dans le verre, qui marquait un mur, l’âme se détacha comme d’elle-même.
    Sammael l’effleura de sa langue et un goût délicieux s’y déposa, une saveur qui ressemblait à la candeur et à l’innocence que beaucoup d’adultes oubliaient. La matière d’une âme vaguait entre l’esprit et le liquide ; comme une brume dense qui était impossible à attraper. Un nuage vaporeux qui réagit à l’appelle d’un monstre ou d’un séraphin.
    Une dose exiguë glissa dans la gorge brûlante du démon. La partie infime se noircie dans sa bouche, comme si elle se transformait en une encre rougeâtre, donnant la désagréable impression qu’elle mourrait au fur et à mesure qu’elle tombait dans les abysses de la créature.
    Le baiser prit un goût étrangement désagréable, comme amer et bien trop chaud. Sammael s’écarta de l’enfant, la saveur lui avait procuré une joie infime et un sourire venait fendre son visage. Il caressa le visage de Joachim. Il n’avait volé qu’une fraction de sa vitalité, une dose égale à la rosée.

    Le jeune homme posa ses lèvres encore brûlantes sur le front du jeune homme.


    -J’extirperai ton âme morceau par morceau, marquant d’avantage ce nouveau lien qui nous uni.

    Lui susurra Sammael, tandis que ses mains parcourraient le torse délicat de l’enfant avec une étrange satisfaction.
    En songeant à Alister, le démon mordit doucement le cou de Joachim, ne le marquant que de légères griffures rougissantes mais sans planter d’avantage ses crocs.
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