Mad Asylum
Ce forum est officiellement décédé...

Enfin, pas vraiment : vrai phénix, il s'est dépêtré de ses cendres et a fini par renaître quelque part, faisant peau neuve, URL neuve.
Mad Asylum
Ce forum est officiellement décédé...

Enfin, pas vraiment : vrai phénix, il s'est dépêtré de ses cendres et a fini par renaître quelque part, faisant peau neuve, URL neuve.
Mad Asylum
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Mad Asylum


 
AccueilDernières imagesS'enregistrerConnexion

Partagez | 
 

 Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
Démon † Directeur Psychipathe
Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
•Vit depuis le : 09/06/1862
•Fou depuis le : 25/06/2009
•Age : 161
•Origine : D'un sombre cauchemar ?
•Rôle : Directeur enjôleur
•Tempérament : Orgueilleux
•Lien vers la fiche : Autopsie d'un Menteur

Carte d'Identité
• Sexualité: Ça n'a pas tellement d'importance~
• Relations:
• Rumeurs:

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeVen 10 Juil 2009 - 11:34

    Peu de démons pouvaient savourer un sommeil lourd et reposant. Et même si Sammael fermait les yeux, aucun rêve ne viendrait se glisser sous ses paupières. Cependant, il lui arrivait de respecter cette coutume ; le jour était pour travailler, et la nuit pour se prélasser. Et à part son bureau, la bibliothèque était l’une des pièces que Sammael adorait fréquenter.

    Personne n’était là ; quel calme savoureux, c’était presque comme si les livres dormaient. A cause de l’obscurité, on avait l’impression que les portraits de la famille Middleton étaient eux aussi partis dans le pays des songes. Ce n’est pas une infime chandelle qui dérangerait leur sommeil de plomb. Et cette petite flamme suffisait amplement pour le démon.

    Sa main parcoura le rebord de l’étagère en acajou, jetant de furtifs regards aux titres qui ornaient les tranches de chaque œuvre. Finalement son index se posa sur la tranche d’un livre d’Edgar Poe. Non, Sammael ne s’intéressait pas aux livres comme un amateur pourrait le faire. Si un littéraire savourait une œuvre en se plongeant dans son récit, le démon ne voyait guère de plus que des lignes… Mais des lignes pleines de signification, pleines d’aveux. Si certains s’imaginaient à la place du meurtrier dans le Chat Noir, Sammael préférait s’intéresser aux idées noires qui imprégnaient les pages.

    Les cauchemars épouvantables d’un homme ; ses craintes, sa folie qui prend le dessus, son soulagement en s’assurant d’avoir effacé les traces du crime, et enfin, le retournement de situation diabolique. Sammael qui ne pouvait pas sombrer dans le sommeil, s’amusait de celui des autres, des Hommes. Mais il l’avouait ; il avait une certaine tendance à préférer les monstrueux délires nocturnes !

    Le démon rehaussa ses lunettes et feuilleta quelques pages. Sur le sofa, entre la chandelle et la cheminée éteinte. Ses lunettes n’étaient qu’une simple question d’esthétique… Si quelqu’un peut lire à travers les lignes en pleine nuit, avec une simple chandelle ; il paraît évident qu’il n’a aucun problème visuel…


[Désolée pour ce RP assez court, mais je n’arrive pas à faire bien long au début x)]
Revenir en haut Aller en bas
http://nana-70.livejournal.com/
Invité
Invité



Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Les cauchemards éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeVen 10 Juil 2009 - 13:24


«Parfois, la nuit, quand l'horreur la plus profonde me hante, je pleure des larmes de sang. »

Mes yeux étaient fixés sur cette ligne depuis plusieurs instants déjà. Je ne pouvais détacher mon regard, j'étais hypnotisée, comme si une vérité cachée venait de m'être enfin révélée. Et pourtant, je ne comprenais pas ce qu'
il avait voulu dire. Nous, mon espèce, nous ne pouvions pas pleurer, et encore moins du sang, alors pourquoi cette image ? Pourquoi le sang dont nous nous abreuvons ? La vie qui s'échappe d'un corps ? La vie ne nous échappait pas aussi facilement. D'ailleurs, on pouvait aisément se demander si nous en avions une.

Je fermai le livre et le portai à mes lèvres pour l'embrasser. Comme on l'aurait fait avec un ami, comme on l'aurait fait avec un amant, comme on l'aurait fait avec n'importe quel être cher, comme je l'aurai fait avec Matthew. Le recueil de poème était de lui, alors ses mots étaient les siens, étaient les miens. C'était tout ce qu'il me restait de lui. Je devais me consoler avec de maigres grains de sables. Je le portais à ma bouche et l'embrassais, l'embrassais, pour ne pas pleurer, pour ne plus vivre, pour ne pas mourir.

Je serrai le livre contre moi et je jetai un cou d'œil à la fenêtre. Obscurité. Tout comme l'avait été la vie de Matthew quand je n'étais pas là. Il avait erré dans le noir illimité. Et le résultat était dans mes bras : poèmes teintés de noir, pamphlets virulents à l'égard de sa propre nature ... Il se haïssait. Il ne s'aimait pas. Il souffrait. Il était seul.

J'étais seule.

Sa douleur, sa souffrance, ses peines, ses larmes, je les comprenais enfin, et je les acceptais à bras ouverts. Et je pleurais moi aussi lors de nuits telles que celle là, lors de nuits sans lune, lors de nuits sans déesse. Le sommeil ne me gagnait pas. Oh bien sûr, j'aurais pu me laisser prendre au jeu et fermer les yeux bien sagement, et m'endormir. Mais je n'en avais pas besoin. Et la douleur qui m'habitait était bien plus forte. Beaucoup trop forte. Je ne comprenais pas. Mon cœur ne battait pas. Et pourtant, mon air se polluait, alors que je n'en avais pas besoin, mes yeux se fissuraient, alors que je voyais encore et ma bouche se fendait dans un cri de douleur muet, que même ma puissante voix, n'aurait su retranscrire.

Oui, elle allait m'assaillir, ce soir encore, comme tous les autres soirs.

Je me levai et des larmes invisibles roulèrent sur mon visage. Je tremblai. Est-ce que les autres créatures de mon espèce étaient aussi faibles que moi ? Devaient-elles combattre, elles aussi, des démons si puissants, qu'on aurait pu croire qu'ils étaient issus de notre propre imagination, et que dans le fond, la douleur ressentie était minime ? ... Moi, j'avais la désagréable impression que mon cœur battait quelque part dans ma poitrine, et que chaque sursaut était un coup de plus sur mon corps, une morsure de trop sur mon âme. Moi, je me contentais juste de porter une main à ma bouche pour ne pas hurler. Car mon cœur, absent, était bien plein, et si mes lèvres devaient s'ouvrir ... Rien de bon ne pouvait sortir.

Mes jambes me portèrent bien loin de ma chambre, et je ne prêtai attention à rien, le livre contre ma poitrine, une main sur la bouche. Ni à la tapisserie, ni aux tableaux ... J'étais dans un état second, comme si je me retenais de vomir. Comme si toute cette douleur pouvait être réprimée aussi facilement, comme si il suffisait juste de tourner une page. Les lèvres scellées, je portai la main à mon cœur : il ne s'était pas remis à battre par inadvertance.

Tout cela n'avait aucun sens.

J'arrêtai un instant de courir. Le martèlement de mes pieds commençaient à devenir aussi douloureux que celui, invisible, de mon cœur. Je respirai alors à grandes bouffées. Comme si l'air pouvait encore me sauver. Il faisait encore nuit, et je ne pouvais pas retourner dans ma chambre. L'idée même de m'allonger et de laisser la douleur s'étendre à mes côtés me paraissait terrifiante. Il me fallait une autre option. Je pris quelques secondes pour regarder aux alentours : j'étais au première étage. Je pouvais très bien me réfugier dans la bibliothèque, lire jusqu'au petit matin, et ensuite, courir jusqu'au jardin pour regarder le soleil se lever.

Une fois ma décision prise, je fus en quelques pas à la bibliothèque. Je me laissai piteusement glisser le long de la porte d'entrée, et, ouvrant
son livre, je me remis à lire à voix haute :

 " Parfois la nuit, quand l'horreur la plus profonde me hante, je pleure des larmes de sang. Je les essuie distraitement de mon blanc mouchoir, et, face à ce noir contraste, je réalise que ces larmes ne sont pas les miennes, ce sont celles du désespoir. Mais le désespoir de qui ?
Le mien ?
Je jette le mouchoir au loin, remué, terrifié, figé par cette horrible pensée. J'ai pourtant l'impression d'être heureux, alors d'où vient ce sentiment brûlant ? Pourquoi se permet-il de m'envahir et de provoquer de telles réactions physiques chez moi ?
Je ne désire pas pleurer, je pleure des larmes de sang. 
Je ne désire pas souffrir, et mon cœur me fait mal.
... "
Revenir en haut Aller en bas
Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
Démon † Directeur Psychipathe
Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
•Vit depuis le : 09/06/1862
•Fou depuis le : 25/06/2009
•Age : 161
•Origine : D'un sombre cauchemar ?
•Rôle : Directeur enjôleur
•Tempérament : Orgueilleux
•Lien vers la fiche : Autopsie d'un Menteur

Carte d'Identité
• Sexualité: Ça n'a pas tellement d'importance~
• Relations:
• Rumeurs:

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeVen 10 Juil 2009 - 15:17

    Le Chat Noir devait ronronner après son méfait démoniaque ; tenant entre ses puissantes griffes l’innocence du meurtrier, et annonçant son sort par des miaulements agressifs. C’étaient souvent la forme que prenaient les monstres redoutés des Humains ; noir, le regard perçant, les griffes crochues et la voix émettant des sons graves et incompréhensibles. Etait-ce leur imagination, ou avaient-ils réellement vu ce genre de créatures ?

    Combien de ses êtres éphémères avaient conscience que les vrais monstres ne ressemblent pas à ce genre de bête ? Sammael aurait pût citer d’innombrables preuves et exemples ; le chant des sirènes qui vous entraîne dans les profondeurs d’un océan, le charme des sanglots d’un fantôme au cœur brisé, les lèvres sensuelles d’un vampire qui recouvrent ses longues canines…

    Pourquoi un vampire ? C’était l’une des chimères les plus splendides, mais également les plus redoutées par les Humains. Envoûtantes et gracieuses. C’est pourquoi Sammael n’eût aucun doute sur la nature de la jeune femme qui s’invitait dans la bibliothèque. Elle lisait, sur un air mélodieux, un triste poème. Une démarche distinguée et féline, digne d’une jeune Lady anglaise.


    « ... Je ne désire pas pleurer, je pleure des larmes de sang.
    Je ne désire pas souffrir, et mon cœur me fait mal ... »


    Contrairement à ce que l’on croit ; les Vampires ont des sentiments, comme si l’âme ne jouait en rien sur l’amour ou la tristesse. Ces sensations étaient parfois si fortes, qu’ils en devenaient vulnérables. Un Humain, même au bord du suicide, ne souffrira jamais plus qu’un Vampire écrasé par le chagrin.

    Sammael referma son livre, le posa près de la chandelle avant de se lever. D’un pas léger, il se dirigea vers la Vampire. Il posa une main sur l’une des épaules de la jeune femme.


    -D’où vient ce terrible chagrin qui vous accable ?

    Demanda le démon, les yeux luisants. Il n’y avait qu’une bougie, et la Lune s’était absentée pour cette nuit, mais cela ne faisait rien ; un feu infernal persistait dans le regard rubis du jeune homme.

    Si cette Lady, portant une robe fastueuse, était un Vampire ; elle n’était sûrement pas une patiente. Dans ce cas, qui était-elle ? Même entre créatures de l’ombre, Sammael voulait garder ton noble titre de gentleman.

    Le démon ôta ses lunettes, puis, lui prit soigneusement la main et l’embrassa respectueusement. Il se redressa, abordant un large sourire.


    -Je suis Sammael Ruthven. Pardonnez-moi, peut-être travaillez-vous ici, mais votre nom m’échappe.

    Expliqua-t-il d’une voix posée. Il n’avait aucune intention de tourmenter la jeune femme –qui semblait réellement jeune-, après tout, elle n’avait pas d’âme. Quelle importance si elle était agréable comme une douce pluie silencieuse, ou au contraire, rustre comme une tornade turbulente et dévastatrice ?
Revenir en haut Aller en bas
http://nana-70.livejournal.com/
Invité
Invité



Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Les cauchemards éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeSam 11 Juil 2009 - 19:31



« ... Je ne désire pas pleurer, je pleure des larmes de sang. 
Je ne désire pas souffrir, et mon cœur me fait mal ... »


Je ne le lisais pas. J'étais en train de chanter. Les mots, parfaits, sortaient de ma bouche et ils avaient des ailes car je les voyais déjà s'envoler, je les voyais déjà tournoyer.

Doux rêve ou cauchemar éveillé ?

La mélodie exprimait ce qu'il y avait de plus vif et de plus imparfait en moi : le pourquoi du comment, l'origine de la douleur. Elle m'apaisait. Non mieux encore, elle s'était enracinée en moi et était partie trouver le mal, sans doute là où mon âme aurait dû résider. Elle l'avait enchaîné. A présent, le brasier n'en était plus un, c'était simplement une flamme lointaine et persistante, quelque part au creux de ma gorge.

Ici, assise à même le sol, dans l'obscurité totale, je chantais. Ode à la lune, ode à la souffrance ... Peut importait ! Pas le temps pour le sens caché des mots, ni pour de futiles métaphores ! Je me libérais simplement de ma prison, de ma prison de rêve, de ma prison dorée. Par cette simple chanson, par cette simple prière, alors les mots pouvaient très bien ne pas être, cela n'avait strictement aucune importance.

C'était un doux rêve.

Où tout était permis, où tout pouvait exister. Je pouvais bien faire abstraction de la douleur, alors je pouvais également oublier tout le reste. Le silence et la pénombre qui m'entourait. Pour me concentrer sur une seule et unique chose : mon chant.

Mais cela ne devait pas être car je sentis une main sur mon épaule.

C'était un cauchemar éveillé.

-D’où vient ce terrible chagrin qui vous accable ?

Mes yeux rencontrèrent ceux d'un démon. Je les voyais, qui luisaient dans la pénombre. Mon visage ne trahit aucune surprise face à cette soudaine apparition, bien que je fixais hébétée, ce regard brûlant. Ce regard perçant. Ce regard pénétrant. Même lui, il l'avait sentie ma peine. Était-elle à ce point palpable ? Était-ce une odeur répugnante qui me suivais où que j'aille ? Ou bien, très charmante, faisait-elle parti intégrante de moi et se lisait sur tous les traits de mon visage ? Et lui, voulait-il vraiment m'aider, moi, la misérable, la pathétique ?

Tout en lui me disant qu'il était dangereux. Non ... Il était bien plus que cela. Il émanait de lui une certaine puissance et une élégance rare, qui nous invitait à avoir peur, à le respecter. A commencer par son regard inquisiteur. Si j'avais été humaine, cela aurait été tout simplement stupide de le fixer ainsi, sans craindre une brûlure. Et son esprit calculateur, qui semblait capable de bien lire au fond des cœurs; ni cette main posée, sur mon épaule, dotée d'ongles noirs.

C'était un cauchemar éveillé où les démons pouvaient même vous sauver.

Et je le regardai, toujours aussi fascinée, ôter ses lunettes. Je vis sa main se diriger vers la mienne. J'aurais pu aisément l'arrêter, j'aurais dû l'arrêter. Mon instinct m'ordonnait de repousser cette main, et même pourquoi pas trancher cette gorge, écraser ce visage, arracher ces yeux, broyer ces os ... Mais je n'en fis rien. Ici, les démons pouvaient sonder votre peine alors peut-être qu'eux-seuls pouvaient en saisir la véritable nature et même pourquoi pas la faire disparaître ?

Il m'embrassa la main. Et se redressa, abordant un large sourire.

C'était un doux rêve.

-Je suis Sammael Ruthven. Pardonnez-moi, peut-être travaillez-vous ici, mais votre nom m’échappe.

Ainsi, il voulait avoir une vraie conversation ? Je poussais un long, bien que inutile, soupir, et me rappelant vaguement qui j'étais, je me redressai moi aussi, le livre toujours contre moi.

Et mes lèvres me firent mal, quand ces mots-là sortirent de ma bouche.

«  Je travaille bien ici, Sire. Mon nom est Blair Amarande et je suis infirmière. »

J'aurais pu également répondre à son autre question mais mes lèvres en décidèrent autrement.

« Et puis-je vous demander ce qui vous emmène à la bibliothèque à une heure aussi tardive, Mr Sammael Ruthven ? »

J'avais murmuré ma question, mais j'étais certaine qu'il m'avait entendue.

Démon, démon, démon, démon. Le mot résonnait dans ma tête.

C'était un cauchemar éveillé où même les démons pouvaient vous sauver.
Revenir en haut Aller en bas
Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
Démon † Directeur Psychipathe
Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
•Vit depuis le : 09/06/1862
•Fou depuis le : 25/06/2009
•Age : 161
•Origine : D'un sombre cauchemar ?
•Rôle : Directeur enjôleur
•Tempérament : Orgueilleux
•Lien vers la fiche : Autopsie d'un Menteur

Carte d'Identité
• Sexualité: Ça n'a pas tellement d'importance~
• Relations:
• Rumeurs:

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeDim 12 Juil 2009 - 23:55

    Poliment, la vampire répondit à Sammael qu'elle s'appelait Blair Amarande et qu'elle était infirmière. Le démon écoutait vaguement ces mots ; ses yeux étaient fixés sur le livre que tenait Blair. Une simple couverture, de simples pages, mais ces lignes semblaient tellement précieuses pour elle, c’est comme si Blair aurait troqué ses canines -instrument de sa survie- pour ce livre aux allures si banales.

    « Et puis-je vous demander ce qui vous emmène à la bibliothèque à une heure aussi tardive, Mr Sammael Ruthven ? »

    Sammael redressa vivement son regard vers celui de Blair. Des yeux doux, emplis de mélancolie mais mélangés à une certaine crainte.

    -Rien de très important ; une simple lecture nocturne. Le sommeil n’est pas un luxe que je peux m’offrir.

    Expliqua le démon, jetant un regard sur le livre derrière lui. Tel un chat endormi, il reposait sous la chandelle, sa couverture virant au brun à cause de la lumière. Les démons ne pouvaient connaître une tranquillité aussi paisible ; sauf dans la mort peut-être… Encore faudrait-il réussir à les tuer, ce qui n’est pas chose aisée…

    Il reporta alors son attention sur l’infirmière, et fronça les sourcils d’un air songeur.


    -Mais les vampires n’ont-ils pas besoin de dormir ? Ou vous êtes-vous totalement libérée de votre vieille nature Humaine ?

    Son rictus devint moqueur, et sa phrase se finit dans un léger rire. Même lorsqu’ils devenaient des monstres, les Humains restaient des créatures bien étranges, c’est pourquoi les vampires restaient des êtres complexes.

    Les humains ont peur de la mort, mais ils souffrent de leur immortalité lorsqu‘elle leur est accordée. Blair était-elle l’une de ces nombreuses sottes qui voulaient à tout prix jeunesse et beauté éternelles ? Peu importe si elle avait souhaité ce destin, le résultat était le même ; une amère solitude. Pour eux ; l’éternité est un cadeau empoisonné.

    Sammael décela la peur qui illuminait le regard émeraude de la demoiselle. Son sourire ne pouvait que persister.


    -Avez-vous peur de moi ? Craignez-vous que je vous attaque ? Je n’en ai pas l’intention ; votre âme vous a quitté depuis longtemps.

    Ajouta le démon en haussant les épaules. Quel intérêt de s’attaquer à un sans-âme ? Les coquillages vides, aussi beaux soient-ils, n’intéressent pas les prédateurs. Et c’est sûrement valorisant pour les Vampires.

    Mais Sammael comprenait, et se réjouissait, de la docilité de Blair. De nombreux vampires n’osaient s’attaquer à lui, bien qu’un sang chaud mais inutile coulait dans ses veines de braise. Un sang qui circulait jusqu’à un cœur qui battait à une cadence fausse, un estomac qui ne travaillait jamais, des poumons qui brûlaient l’air qui essayait d’y entrer… Il y a longtemps, un vampire qui avait planté ses dents dans son poignet diaphane, mais bien que le gout lui avait plu, il n’avait en rien calmé sa soif.

    Les dents de Sammael devaient être identiques à celles de Blair, mais elles n’avaient pas les mêmes fonctions dans la mâchoire du démon. Ce n’étaient pas elles qui s’abreuvaient de l’âme de leur victime ; c’était un baiser mortel, c’était sa volonté sinistre. Lorsque l’âme se détachait, elle glissait alors en lui, plongeant dans un feu impérissable.

    Mais même en déchirant les entrailles vides de Blair, et cherchant dans sa chair, jamais Sammael ne trouverait une parcelle de son âme. Elle était définitivement partie.

    Sammael comptait sur Edgar Poe pour le divertir, mais peut-être que Blair serait bien plus intéressante.
Revenir en haut Aller en bas
http://nana-70.livejournal.com/
Invité
Invité



Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Les cauchemards éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeVen 17 Juil 2009 - 14:45

Pendant que je l'interrogeais, ses yeux s'étaient posés sur le livre. Mais j'aurais voulu qu'il regarde ailleurs. Cet objet était si précieux, et son regard était si pénétrant... Il aurait aisément pu me l'arracher des mains, en déchirer la couverture, et le jeter au feu, ou bien en arracher les pages une par une... Et écouter mes hurlements tandis qu'il mutilait l'objet de mon amour et de tous mes désirs. Oui, j'étais certaine qu'il se serait délecté de chacun de mes cris comme on aurait pu le faire avec un bon vin, ou comme j'aurais pu le faire avec du sang et de la chair fraiche.. Un franc sourire aurait déformé son visage, et un rire guttural aurait envahi sa gorge.

Cependant je ne l'aurais pas laissé faire, je me serais battue corps et âme. Je ris intérieurement. Corps et âme ? Plutôt corps que âme, non ? ... Oui, ma vraie nature aurait repris le dessus, et ...

Je fus tirée de mes pensées lorsqu'il redressa son regard. Je me figeais presque lorsque ses iris se plantèrent dans les miennes. Elles ne reflétaient rien d'autre qu'un immense brasier, fait de chair et de sang. C'était le genre de feu qu'on aurait pu vouloir embrasser. Oui, il devait être le genre d'être qu'on pouvait aisément laisser nous marquer. Il pourrait nous faire et même nous dire les pires horreurs avec notre consentement, et toujours nous contempler avec ces deux orbites dorées.

Des yeux de prince pour un démon.
Des yeux d'ange pour un profanateur.
Des yeux délicieux pour un voleur.

Et pourtant, c'était encore eux que je fixais lorsqu'il me répondit.

-Rien de très important ; une simple lecture nocturne. Le sommeil n’est pas un luxe que je peux m’offrir.

Il jeta un regard en arrière. Moi, je continuai de le fixer, tandis que le sens de sa phrase s'imprégnait lentement de moi.

Ainsi le brasier ne se consumait pas ? Quelle ironie du sort.

Un être mythique perdu dans un doux rêve avec moi.

Mais moi au moins, je pouvais toujours dormir pour passer le temps. Mais quel horribles cauchemars viendraient alors m'envahir ?Autant errer dans le noir le plus total.

Il reporta son regard sur moi, et fronça ses sourcils : il avait l'air songeur.

-Mais les vampires n’ont-ils pas besoin de dormir ? Ou vous êtes-vous totalement libérée de votre vieille nature Humaine.

A sa question, je gardai mes lèvres serrées pour ne pas lui révéler la vérité.

La triste vérité.
Est-ce que j'avais des regrets ? Aucun. Mais il ne savait pas que l'immortalité m'avait été offerte par celui que j'aimais, et il ne savait pas non plus que cet être m'avait été arraché de force. Ni que j'aurais préféré être morte plutôt que d'éprouver cette douleur. Alors que mon cœur ne battait plus. Alors que je n'avais pas d'âme. Cette éternité n'était rien d'autre qu'un cadeau empoisonné. Des lendemains et des nuits sans fin qui semblaient s'étirer sur des jours et des jours de douleur. De vaine agitation. A combattre un ennemi invisible, un ennemi paresseux, un ennemi affreux, qui n'hésitait pas réitérer ses coups, à vous faire mal encore et encore ...

Les humains avaient la vie facile. J'aurais été humaine, j'aurais mis fin à mes jours depuis déjà un bon moment. Il aurait suffi d'un rien pour que mes yeux se ferment à jamais. Une autre éternité. Dans un autre noir. Et si j'étais humaine, m'aurait-il attaquée ?

- Avez-vous peur de moi ? Craignez-vous que je vous attaque ? Je n’en ai pas l’intention ; votre âme vous a quitté depuis longtemps.

Je le fixai encore, retenant le grognement qui avait faillir jaillir de mes lèvres.

C'était aussi un prédateur, sauf que lui chassait les âmes. Lui il s'introduisait dans la chair pour voler ce qui faisait l'être, alors que moi je m'arrêtais sur le superficiel, mais sur le plus délectable selon moi.

Je me retins encore de rire.

Peur moi ? Pas le moins du monde.

J'étais curieuse de savoir pourquoi un être comme Sammael Ruthven était enchaîné à un lieu tel que celui-ci. Comment était-il arrivé ici ? Et surtout, je voulais voir si ce démon pouvait me distraire assez pour chasser mes démons.

Dans un geste fluide, je posai le livre de Matthew sur une table, et je me remis exactement où j'étais comme si je n'avais pas bougé. Une demi-seconde, tout au plus, devait s'être écoulé.

"Je n'ai pas peur, Sire. Enfin si peut être ... Je voudrais savoir si vous accepteriez de danser avec moi."

Je lus l'étonnement sur son visage alors que je lui tendais la main.

Ce que je faisais n'était certes pas très poli, en effet ce n'était pas à moi de l'inviter à danser mais plutôt à lui, mais à cet instant précis, je voulais juste m'approcher le plus possible du démon pour voir si il allait vraiment m'envoûter. Et c'est un avec un sourire, que je le vis fixer cette main que je lui tendais. Avait-il peur ? Cela aurait été bien stupide, car comme il l'avait fait remarquer, me tuer n'aurait aucune utilité pour lui, et moi, eh bien, je ne pensais pas que la chair d'un démon fut aussi délectable que celle d'un humain. Et aussi, et surtout, je n'étais pas assez stupide pour l'attaquer. Je savais qu'un combat long et douloureux m'attendait si je choisissais cette voix là.

Il hésita pendant encore une seconde.

"Ou peut être, voudriez vous que je vous chante quelque chose ?"

Cette fois là, je ne lui laissai pas le temps de répondre, et, tournoyant autour de lui, je me mis à fredonner un vieil air.

«  On dit que ceux qui ne peuvent plus voir sont des damnés,
Car ils vont errer dans le noir illimité pendant toute l'éternité.
Aveugles ! Aveugles ! Aveugles ! Fils de chien!
De mégères et de bons à rien,
Vous souillez la belle Londres en y rampant et en y cherchant la vie,
Et causez au bon roi de grand soucis.
Aveugles ! Aveugles ! Aveugles ! ... »

Revenir en haut Aller en bas
Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
Démon † Directeur Psychipathe
Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
•Vit depuis le : 09/06/1862
•Fou depuis le : 25/06/2009
•Age : 161
•Origine : D'un sombre cauchemar ?
•Rôle : Directeur enjôleur
•Tempérament : Orgueilleux
•Lien vers la fiche : Autopsie d'un Menteur

Carte d'Identité
• Sexualité: Ça n'a pas tellement d'importance~
• Relations:
• Rumeurs:

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeVen 17 Juil 2009 - 23:56

    Le grognement qui resta muet devait marteler sa langue et sa gorge. A cet effet, le démon ne lui adressa qu’un sourire ravi. Blair fixait ses yeux, ses pupilles qui pouvaient faire resurgir toutes les tentations dangereuses et les craintes obscènes qui dormaient au fond de chaque être. Les pauvres Humains étaient de pauvres victimes, si faciles à briser, mais qu’en étaient-ils des Vampires ? Eux, qui avaient aussi le pouvoir de charmer, de noyer leurs amants dans des nuits interminablement douloureuses et savoureuses.
    L’infirmière succomberait-elle aux passions démoniaques ?

    Que ce soit le cas ou non ; Sammael n’avait que faire. Cette peau laiteuse ne renfermait rien qui pouvait l’intéresser ; sous cette carapace de chair sensuelle, il n’y avait que sang froid, organes morts et viande fade. Ces êtres nocturnes ne se délectaient que des corps chauds, des membres fragiles où les muscles s’écartaient de l’os avec facilité, avant de glisser sous leur palet. De l’élixir à la couleur du rubis, qui couler à l’intérieur de leur gorge, leur procurant l’unique plaisir que pouvait offrir leur condamnation infinie.

    Sammael, lui, aimait le jeu de l‘ensorcellement, il appréciait pouvoir plonger en douceur en ses victimes. Leur murmurant d’agréables mensonges, tout en extirpant la source de leur vie. Coinçant leur âme entre ses griffes de suie ; cette idée dégoûtait moins les Humains à cause de l’absence de sang. Lorsqu’ils apercevaient leurs veines en train de se vider, le regard des mortels se remplissait d’horreur. Mais aucun d’eux n’avait aperçu leur âme ; pour eux, cette sensation était donc moins répugnante, et pourtant… Ce n’était pas leur sang qui s’échappait, mais leur vie elle-même, qui se noyait dans une chaleur insoutenable. Une brûlante chute qui pourrait faire fondre la lumière elle-même. Et lorsque le feu se mettait à lécher la peau inerte de ses proies, une douleur ouvrait enfin leur bouche, pour y arracher hurlements, plaintes et sanglots.

    Bien sûr, même si la charmante Lady succombait à ce désir infernal, elle ne perdrait rien… Puisqu’elle n’avait rien. Du moins, rien qui intéresserait cet homme venu des enfers.

    Lorsque Blair reprit le contrôle de soi, elle réussit à surprendre le démon.


    "Je n'ai pas peur, Sire. Enfin si peut être ... Je voudrais savoir si vous accepteriez de danser avec moi."

    Une demande bien étrange qui laissa perplexe Sammael. Si son sourire persistait à orner ses lèvres, ses yeux s’écarquillèrent. Il resta silencieux, fixant la Vampire ; mais ne sondant rien. Pourquoi cette faveur soudaine et bizarre ? Mais avant qu’il ne lui pose la moindre question, la jeune femme enchaîna, apparemment ravie de la surprise de son interlocuteur. Elle tendit sa délicate main, mais la curiosité qui piquait le jeune homme lui interdisait de tendre la sienne.

    "Ou peut être, voudriez vous que je vous chante quelque chose ?"

    Avant que le démon ne puisse répondre ; la voix de la sirène nocturne résonna dans la pièce. Elle n’avait d’une chimère des mers que la voix, car ses jambes l’amenèrent auprès du jeune homme. Une queue de poisson ne lui aurait permis une démarche si gracieuse.

    « On dit que ceux qui ne peuvent plus voir sont des damnés,
    Car ils vont errer dans le noir illimité pendant toute l'éternité.
    Aveugles ! Aveugles ! Aveugles ! Fils de chien! »


    Des paroles de blâme prononcées d’une voix si belle ; n’importe quel condamné aurait accepté sa peine, même la plus dure des tortures, avec un chant si envoûtant.

    Alors que ses pas légers la faisait tourner autour du démon, ce dernier ne bougea pas. Observant son requin enjôleur. Que cherchait-elle ?

    « De mégères et de bons à rien,
    Vous souillez la belle Londres en y rampant et en y cherchant la vie,
    Et causez au bon roi de grand soucis.
    Aveugles ! Aveugles ! Aveugles ! ... »


    Lorsque Blair était face à lui, le jeune homme glissa un bras à sa taille divine. Ramenant la vampire à lui avant de se saisir de sa main. Sammael, en tant que cavalier, ouvra la danse avec le premier pas. Evidemment, la jeune femme suivit rapidement les mouvements de cette valse. La démon se pencha alors vers le cou de la vampire et lui demanda dans un murmure ;

    -Serait-ce un jeu de séduction basé sur la fierté ? Qui sera le plus sensible au charme de l'autre ?

    Qui cédera le plus vite aux caresses de l’autre ? Qui était le plus talentueux pour séduire ? Une folie qui ne menait à rien, puisqu’il n’y avait rien à gagner ; sauf la vanité. La luxure qui aboutissait à l’orgueil. Le démon se redressa alors, scrutant sa partenaire, un sourire hautain peint sur le visage.

    -Ce manège paradoxal peut être amusant, mais je préfère vous prévenir ; je suis beaucoup plus vieux que vous, et pourtant, je ne me rappelle pas avoir éprouver ne serait-ce qu’un peu d’amour envers quelqu’un.

    En cherchant dans ses souvenirs les plus anciens, le séducteur ne se souvenait pas d’une personne réellement qu‘il avait réellement aimé, aucun sincère sentiment d’affection. Jusqu’ici, il n’avait apprécié que l’arrogance qu’il ressentait lorsqu’il captivait le regard d’une future victime.

    Mais Blair ? Avait-elle connue cette sensation de frisson ? Lorsqu’elle encore une femme vulnérable à la Mort, avait-elle ressenti ce bonheur ? Tous les Humains avaient connu, au moins une fois dans leur si courte vie une passion mordante. Qu’elle soit douloureuse ou merveilleuse. Ephémère ou éternelle. Chimérique ou réelle. Tous avaient succombé au moins une fois à cette joie. Et ces frissons d’exaltation étaient si forts, qu’ils étaient ancrés dans leur âme.

    Malheureusement, sa cavalière n’en avait plus. Il était donc impossible pour Sammael de déceler encore des sentiments « si humains » dans ce corps intérieurement mort et vide comme une tombe. Et le meilleur des Joker, pour cet étrange jeu, était les secrets les plus enfouis de son partenaire.


    -Mais vous, Miss Blair, avez-vous déjà brûlé d’amour pour quelqu’un ?

    Ces mots étaient dotés de griffes. Des serres qui fouillaient les entrailles de Blair, cherchant une faille. Dans le fond, Sammael n’avait besoin que d’une confirmation ; ses doutes étaient portés sur le livre que tenait précieusement la jeune femme.
    Le démon resserra son étreinte. Sa main, comme un serpent qui strangule une souris, renforça son emprise sur la peau marbreuse de l’infirmière. Sammael fixa alors les yeux émeraudes de la jeune femme. Sur un ton d’excuse, il lui chuchota ;


    -Nous sommes des créatures immortelles, il nous arrive de nous ennuyer fermement dans notre triste éternité… Et bien que ce jeu ne nous mène à rien, nous pouvons en profiter pour passer le temps. Qu’en pensez-vous ?
Revenir en haut Aller en bas
http://nana-70.livejournal.com/
Invité
Invité



Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeMer 22 Juil 2009 - 13:44


Je tournayais autour de lui tel un prédateur autour de sa proie, tout en déclamant ma berceuse. Berceuse, car, même si il ne s'agissait pas de l'endormir au sens propre du terme, cette litanie était faite pour lui charmer les sens. De sorte que son attention se porte sur moi, qu'il ne puisse pas détacher son regard, et qu'il se mette même à penser de quelles façons il pourrait m'attendre. Berceuse, encore, car il fallait qu'il oublie jusqu'à son propre nom, qu'il rebute sa propre nature, qu'il pense à se soumettre, qu'il pense à montrer son cou, à exposer sa peau, qu'il pense à être vulnérable.

Et c'est là alors, que je pourrais frapper. Planter mes griffes au plus profond profond de sa chair, déchiqueter, broyer, mâcher, boire son sang. Peut être que cet être mythique versera le plus beau sang du monde ? D'une couleur rubis et d'un goût exquis, et, très certainement, d'une odeur plus qu'enivrante. Oui, le plus beau sang du monde pour contenter un être immonde. Pour me permettre de me repaître, et l'estomac bien plein, l'âme bien vide, je n'aurais plus à me nourrir pendant tout le reste de ma maudite éternité.

Je ne fus donc pas surprise lorsque l'un de ses bras encercla ma taille, puis, je saisis sa main, et suivis ses pas dans la valse qu'il avait commencé. Ni même lorsqu'il se pencha vers mon cou. Je dus retenir un sourire. D'ordinaire, c'était moi qui me penchais vers les cou, c'était moi qui m'apprêtais à sortir mes griffes, pour mordre, boire, déchirer...

-Serait-ce un jeu de séduction basé sur la fierté ? Qui sera le plus sensible au charme de l'autre ?

Là encore, je dus retenir un sourire.

Ses yeux perçants lui permettaient-ils de vraiment tout deviner ? Les barrières dressées tombaient-elles toujours aussi facilement face à ce grand démon ? Etait-ce là son véritable pouvoir ?Attirer les êtres perdus par sa simple présence, pour ensuite leur faire le plus grand mal possible. Il se redressa alors. Il me fixa avec attention. Je ne cillai pas.

Il cherchait la vérité. Il voulait les réponses à toutes ses interrogations, mais il ne savait pas que ses deux diamants ne me brûlaient pas. Je n'étais pas humaine. Je n'étais pas humaine. Le sourire qui ornait son visage en revanche m'affecta, comme n'importe quelle humaine. Mais je ne bougeais pas, figée dans ses bras, bien décidée à ne pas lui donner raison.

- Ce manège paradoxal peut être amusant, mais je préfère vous prévenir ; je suis beaucoup plus vieux que vous, et pourtant, je ne me rappelle pas avoir éprouver ne serait-ce qu’un peu d’amour envers quelqu’un. 

Là encore, mon expression demeura figée. Ainsi, le démon séduisait toujours mais ne se laissait jamais charmer ?

Quel cruel sort.

J'avais eu Matthew, puis je l'avais perdu. Cela avait été comme perdre la vue. Se retrouver dans le noir après avoir vu le Soleil. Non pas le noir, le vide le plus total. C'était comme être avachi dans le désert. Une forte envie de boire vous submergeait, mais vous étiez privé de sens. Incapable de bouger, incapable de voir, incapable de parler, incapable d'entendre, incapable de respirer. Et pourtant, le verre d'eau était à portée de main, mais pourquoi boire ? Pour demeurer en vie. Mais pour qui ?

Néanmoins, j'avais vu le Soleil. Et même si ce n'était qu'une étoile, ou une quelconque chimère déguisée, j'avais vu quelque chose.

Le démon lui était resté aveugle. Condamné à séduire, à extraire la véritable beauté pour se nourrir d'elle, et ne rien ressentir.

-Mais vous, Miss Blair, avez-vous déjà brûlé d’amour pour quelqu’un ?

Son ton me laissait de marbre, mais je me retenais de lui trancher la gorge.

Il jouait avec des mots qu'il ne connaissait pas.

On ne brûlait pas d'amour pour quelqu'un. Non. On était littéralement consumé. On était détruit de l'intérieur, on ne pouvait plus respirer. On ne pouvait plus rien faire, dans le fond, on était plus vraiment sois même. On ne pouvait qu'observer, dépité, ce grand sentiment s'emparer de nous. Le laisser nous broyer, réduire nos os un par un, nous vider de notre sang et de nous abandonner, plus que mort ,plus qu'en vie, sur le sol.

L'étreinte du démon se resserra, me ramenant tendrement à la réalité. Il semblait avoir réalisé qu'il avait touché un point sensible, sur un ton d'excuse, il me chuchota :

-Nous sommes des créatures immortelles, il nous arrive de nous ennuyer fermement dans notre triste éternité… Et bien que ce jeu ne nous mène à rien, nous pouvons en profiter pour passer le temps. Qu’en pensez-vous ?

Cette fois-ci, je souriai vraiment. Et, le démon me regarda perplexe.

-Je ne suis donc qu'une simple distraction pour vous? Je suis vraiment navrée de l'apprendre.

Nous dansions toujours et je me rapprochai du démon, luttant par la même occasion, contre tous mes instincts. J'aurais dû fuir, j'aurais dû hurler, j'aurais même pu penser à le mordre, mais je faisais tout le contraire.

C'était comme se rapprocher du diable en personne, non sans ignorer qu'il pourrait me trancher la gorge et me réduire à néant. Et pourtant je jouais, pas du tout terrifiée, je jouais. Je me rapprochai de lui, je ne cherchais pas le contact physique ... Non, je cherchais à créer une autre sorte d'intimité avec le démon. Je ne cherchais pas son âme, ni même son cœur, mais je m'approchais de lui comme la damnée que j'étais, un damnée qui voulait désespérément embrasser le bûcher. Pensant bêtement qu'il allait la libérer.

Je respirais un grand cou. Littéralement, ce geste ne me servait à rien. Mais je voulais le tenter. Les êtres humains trouvaient mon odeur délicieuse, alors pourquoi pas lui aussi. Oui, j'avais le souci de lui être délectable. Je ne voulais pas qu'il pense qu'il était le seul à pouvoir affecter les gens. Je devais être capable de le percer lui aussi, de découvrir qui se cachait véritablement sous le feu, la beauté et les charmes.

Mes lèvres vinrent très lentement jusqu'à ses oreilles. Là aussi, je respirai encore, bien inutilement.

- Mais si vous voulez jouer Sire, je pense être en mesure de vous satisfaire.

Revenir en haut Aller en bas
Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
Démon † Directeur Psychipathe
Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
•Vit depuis le : 09/06/1862
•Fou depuis le : 25/06/2009
•Age : 161
•Origine : D'un sombre cauchemar ?
•Rôle : Directeur enjôleur
•Tempérament : Orgueilleux
•Lien vers la fiche : Autopsie d'un Menteur

Carte d'Identité
• Sexualité: Ça n'a pas tellement d'importance~
• Relations:
• Rumeurs:

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeSam 25 Juil 2009 - 16:34

    Blair ne répondit pas à sa question, restant apathique. Cependant, une colère blessée fleurissait en elle ; ce genre de sensation était facilement perceptible pour le démon. Lorsqu’une tempête de rage tournoyait sous une peau, même aussi glaciale soit-elle, Sammael la ressentait, et s’en délectait. Quel dommage qu’un si beau visage reste aussi inexpressif…

    La Vampire ressemblait en tous points aux statues grecques antiques ; sa peau blanche qui respirait une pureté malsaine. Ses traits si parfaits, si légers et si droits ; la représentation de l’idéal des simples mortels, la personnification de leurs rêves les plus beaux. Mais il y avait aussi ce vide intérieur ; ce néant profond qui laissait passer aucune expression. Le regard de l’Apollon le plus beau était totalement inexpressif, tout comme celui de Blair. Quelle tristesse de voir ces deux sublimes émeraudes qui étaient dénudés d’éclat de vie, mais uniquement les lueurs de la faim, l’envie et la mélancolie…


    -Je ne suis donc qu’une simple distraction pour vous ? Je suis vraiment navrée de l’apprendre.

    Lui répondit la créature mythique en se rapprochant de lui. Audacieuse était une qualité qu’on pouvait lui attribuer ; car bien que Blair ne représente qu’un splendide coquillage vide, Sammael avait la possibilité de la tuer avec aisance. Mais cette option ne mènerait à rien que cet éternel et mortel ennui… Sa témérité n‘avait sûrement d‘égale que sa beauté ; elle ne semblait craindre aucune mauvaise surprise, ni la fin de cette valse assez froide.

    -Êtes-vous vexée ? Je n’avais pas l’intention de vous blesser… Mais je dois l’avouer, vous êtes une partenaire remarquablement amusante. Prenez-le comme un compliment, car j’ai tendance à fuir la compagnie accablante et fade.

    Murmura le jeune homme, acceptant de recueillir ce corps aux richesses pauvres contre le sien -qui était tout aussi insignifiant pour elle-.
    Mais si Sammael ne cherchait rien d‘autre en elle qu‘un passe-temps, qu’en était-il de Blair à son égard ? Attendait-elle quelque chose du démon au point de rester à ses côtés ? Ou commençait-elle déjà à perdre la partie ? Le démon fronça les sourcils ; il espérait que Blair serait plus tenace, ou la nuit risquait d’être bien longue…

    Elle prit une grande bouffée d’air en vain ; Sammael continuait à croire que la Vampire regrettait cet amère éternité. C’était une réaction si Humaine ! Et si futile pour une créature de l’obscurité comme elle ! Cependant, son parfum se rependit plus aisément lorsque ses lèvres laissaient échapper un souffle absurde. Une odeur relativement séduisante qui rappelait cette vague d’arômes qui habitaient les bois en pleine nuit. Lorsque les arbres dormaient, encore trempés à cause de la pluie précédente. Que les feuilles se débarrassaient de leurs manteaux d’eau, pour pouvoir respirer aisément.
    Le démon, ne cessant de sourire, ferma les yeux lorsque la sirène vampirique amena ses lèvres à son oreille.


    -Mais si vous voulez jouer Sire, je pense en mesure de vous satisfaire.

    -Je suis heureux de l’apprendre, Lady.

    Assura le démon. Sammael ne doutait pas que Blair tenterait de découvrir qui il était réellement. Mais comment s’y prendrait-elle ? Il avait hâte de le savoir.

    En effet, Sammael était un démon. Mais son identité seule était bien médiocre ; après tout, les démons vivaient depuis des millénaires. Et bien que leur rôle se limitait à séduire les Humains pour dévorer leurs âmes, leur vie et leur histoire étaient beaucoup denses. Beaucoup de secrets avaient coulé jusqu’à eux, tellement de scènes s’étaient déroulées sous leurs yeux… Mais à quoi Blair s’intéressait-elle réellement ?


    -Je suppose que les âmes ne vous intéressent guère… Après tout ; nous n’en possédons pas. Il n’y aura donc que notre sang et nos secrets respectifs ?

    Demanda le démon. Puis, il passa distinctement sa langue sur ses canines, elles aussi aiguisées.

    -Lady, Pensez-vous que je puisse aimer, alors que je n’ai jamais été Humain ? Croyez-vous que je possède un quelconque secret, hormis ma véritable nature que je cache aux Humains ?

    Sur ces mots, le démon se pencha avec douceur vers sa joue. Déposant ses lèvres ardents sur sa peau si glaciale, avant de descendre sur son cou. Son souffle frôla quelques mèches brunes qui flottaient au-dessus de l’épaule de la Vampire. Son odeur était fleurie, rappelant encore ces nuits paisibles.
    Après un dernier baiser, les canines de Sammael se plantèrent dans cette peau si douce. Il déchira délicatement cette chair si odorante, avant de sentir un sang suave couler dans sa bouche.
    Il retint le corps de la Vampire dans son étreinte, resserrant alors la pression de ses mâchoires. La liqueur rubis continua de rouler sur sa langue, imprégnant sa gorge d’un goût métallique et chaud.
    Sammael sépara bientôt ses dents de la veine de la jeune femme. Il fit glisser sa langue sur la plaie déjà prête à se refermer, avant de fixer la Vampire avec un sourire alliciant qui frôlait l’ironie.

    Le démon n’avait que faire du sang de Blair ; mais son acte était aussi insensé que les inhalations qu’avaient pris la Vampire.


    -Si je puis me permettre, Lady ; votre sang est tout aussi délectable que votre apparence.
Revenir en haut Aller en bas
http://nana-70.livejournal.com/
Invité
Invité



Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Les cauchemards éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeSam 25 Juil 2009 - 22:37

-Je suis heureux de l'apprendre, Lady.

Sa réponse résonna claire et stridente en moi. Et mon charmant sourire, comme le disait certain, s'agrandit. Il ne savait pas dans quoi il s'embarquait, et, dans le fond, le savais-je vraiment ? C'était moi qui l'invitait à me suivre, mais où allait donc nous mener cette danse ? Où les êtres comme nous pouvaient-ils espérer se réfugier ? Un démon et un vampire. Quel pathétique tableau devions nous donner. Deux êtres mythiques condamnés à l'éternité. Chacun essayant de percer les secrets de l'autre, espérant satisfaire sa curiosité et faire passer le temps.

Le temps, le temps ...

Notre ennemi quotidien. Les humains pensaient qu'être immortel était une joie suprême. Ils désiraient vaincre la mort plus que tout. Ils voulaient tout voir, connaître tous les plaisirs. Ils ne pensaient pas plus loin, ils ne pensaient pas qu'une fois après avoir exploré ce simple grain de sable qu'il nommait la Terre, on pouvait s'ennuyer. Mais Sammael et moi étions des damnés. Les humains devaient nous craindre, pour leur propre bien, pour leur propre survie éphémère. Ces cafards, insectes rampant misérables et vulnérables ...

Et pourtant, tout comme le démon, je dépendais d'eux.

-Je suppose que les âmes ne vous intéressent guère… Après tout ; nous n’en possédons pas. Il n’y aura donc que notre sang et nos secrets respectifs ?

Je le vis passer la langue sur ses canines.

Que notre sang ? En disant cela, il répugnait la chose en elle-même, ignorait son existence. Que du sang, Mr Ruthven ? Non ... L'élixir de la vie, le poison qui me volera ma mort, la douceur, quelques minutes de vie, mon alcool, ma drogue. Il ne pouvait évidemment pas comprendre, cela l'aurait emmené beaucoup trop loin sur le chemin de la mort. Car il aurait fallut qu'il comprenne ma propre nature. Et celles de mes frères et sœurs. Lui expliquer que charmer une victime était aussi plaisant que danser, que briser ses rêves étaient notre manière de rêver, que planter nos crocs dans sa chair c'était véritablement exister, et quand le sang coulait dans notre gorge ...

On fermait les yeux, et on se laissait littéralement transcender. On rejetait la tête en arrière, ou bien on laissait le liquide brûlant pénétrer notre gosier, briser toutes nos défenses, s'insinuer dans tout notre être, pénétrer nos poumons, notre cœur, nos bras, nos têtes, nos jambes. On laissait le sang aller au fond de notre enveloppe charnelle et littéralement nous dévorer.

C'était presque aussi érotique que fait l'amour.

Un lien se créait entre notre victime et nous. Nous n'étions pas de simples bourreaux, non, on marquait sa victime corps et âme, on laissait une trace indélébile, on marquait notre territoire. On faisait honneur à la race humaine, nous vampires, nous nous débarrassions de la peau, de la chair, et de l'os, pour livrer au monde une véritable œuvre d'art. Lorsque l'on aspirait son fluide vital, la victime devenait une partie indissociable de notre être. Elle venait combler le vide et nous réchauffait pendant quelques secondes, et cette chaleur ! ...

Les futiles humains auraient pu rattacher cette sensation à leur passager orgasme. Mais c'était plus que cela, beaucoup plus que cela: la chaleur, la douceur, la douleur, le plaisir était décuplé chez nous, exacerbé par tous nos sens en fusion. Je pouvais aisément voir les grains de poussière qui flottait autour de moi, distinguer toutes les couleurs du ciel, alors cette sensation ... Elle nous maintenant en vie et révélait notre propre nature : vampire, succube, damnée ... Elle écrasait tous les autres sentiments, la haine, la peur, la jalousie, l'amour...

-Lady, Pensez-vous que je puisse aimer, alors que je n’ai jamais été Humain ? Croyez-vous que je possède un quelconque secret, hormis ma véritable nature que je cache aux Humains ?

Je ne pus répondre car le séducteur se pencha vers ma joue. Il y déposa ses lèvres et je sentis ma peau réagir violemment à ce contact : je brûlais. Mais je ne bougeais toujours pas, et il en profita pour descendre vers mon cou, là où son souffle ardent me frappa encore, beaucoup plus violemment cette fois-ci. J'étais résolue à ne pas faire le moindre mouvement, mais tous mes sens étaient en alertes, et mon instinct de survie avait déjà analysé de quelles manières se sortirent de cette situation. De cette inconfortable situation. Car dans le fond, je savais pertinemment ce qu'il s'apprêtait à faire, l'arrêter aurait été facile, voir même futile, cependant, pour la première fois depuis notre échange, j'étais terrorisée.

On ne m'avait mordu qu'une seule et unique fois, et je ne tenais pas à réitérer l'expérience. Pour moi, le geste de Matthew avait une valeur sacrée, il prouvait ainsi que j'étais à lui, que j'étais sa propriété, que j'étais son éternité. Et depuis, je n'avais laissé personne, pas même les nombreux compagnons de jeu de mon espèce, à recommencer. Mais Sammael n'était pas eux, ils étaient au-dessus de toutes leurs inepties et leurs sottises, il cherchait autre chose. Je tremblai presque lorsqu'il m'embrassa encore.

Ses canines se plantèrent dans ma peau, et je me retins de hurler. Pas de peur, pas de douleur, autre chose, autre chose de plus profond et de moins précis s'était brisé en moi, comme si par se simple geste, le démon me rappelait ma place et me ramenait à la réalité. Moi aussi je pouvais être mordue, lui aussi, était un prédateur. Il déchira ma chair et des larmes aurait pu m'échapper. Le geste était délicat, il me séduisait encore, en ne voulant pas me brusquer. Et il aurait pu s'arrêter là. Mais mon sang se mit à couler, et ruissela dans sa bouche.

Je voulus fuir, l'instant était trop gênant, beaucoup trop déroutant, mais il resserra sa prise, buvant encore. Etait-ce là le plaisir ? Les humains se sentaient-ils aussi vulnérables lorsque je mordais ? Voulaient-ils hurler sans pouvoir le faire ? Avaient-ils l'impression qu'on les violait ? Car dans le fond on ne souillait pas leur corps, on s'attaquait à leur être, en allant au plus profond d'eux-même. C'était répugnant.

Cependant, je n'étais pas humaine, ma plaie se referma bien vite tandis que le démon passait sa langue dessus. Je tentais en vain me calmer. Il n'avait pas la moindre idée du viol qu'il venait de commettre. Il ne s'intéressait qu'aux âmes ? Il avait tout d'un prédateur, et il savait exactement où frapper pour s'abreuver. Un démon ? A mes yeux, il n'était rien d'autre qu'un voleur.

-Si je puis me permettre, Lady ; votre sang est tout aussi délectable que votre apparence.

A ses mots, je grognai. J'étais toujours dans ses bras, il n'avait pas relâché sa prise, alors il devait bien avoir senti mes tremblements. Il devait bien avoir senti ma colère, il devait bien avoir senti à quel point j'étais sur le point de craquer. Alors pourquoi se permettait-il un tel commentaire ? Je resserrai moi aussi la prise que j'avais sur lui, et je sentis le tissus céder sous mes doigts, et mes ongles s'enfoncèrent dans sa peau, tandis que mes yeux se plantaient dans les siens.

- Vous venez de faire la chose la plus déplacée du monde, Sire.

Je devais avoir l'air d'un monstre à cet instant, et tant mieux. Nous avions parlé, j'avais chanté, nous avions dansé, nous avions joué aux humains. Mais l'un comme l'autre nous jouions avec du feu, il ne fallait pas qu'il oublie ma propre nature, il ne fallait surtout pas qu'il l'oublie.

- Vous ne m'avez pas demandé ma permission.

Mes yeux étaient toujours plantés dans les siens, et je pouvais sentir le venin envahir ma bouche, mes canines me brûler, et ma gorge vide. Tellement vide. Mes ongles étaient toujours enfoncés dans sa peau, et des sillons d'encre noir avait apparu sur sa chemise. Son sang. Le si précieux sang de cet infâme voleur. Il devait s'être écoulé une minute tout au plus, et aucun de nous n'avait bougé.

J'enfonçai alors mes griffes en lui, de manière beaucoup plus brutale, et avec beaucoup plus de force, je ne réalisai que plus tard mon geste, lorsque le démon fut projeté contre un mur. Mais j'en étais loin d'en avoir fini avec lui, et, sûrement une seconde plus tard, je l'avais jeté au sol, et j'étais sur lui.

Griffes dehors, canines bien en vue, du venin plein dans la bouche, j'avais Sammael totalement à ma merci, et pourtant son expression restait indéchiffrable ou ...

Il souriait. Oui, il souriait.

Un autre grognement m'échappa, et ma main, voulant répondre à mon fort désir de tuer, trancha sa chemise et son veston, répandant encore du sang.

-Vous n'auriez jamais dû me mordre.

Ce n'étais pas une menace, ou même un quelconque ordre jeter à la volée, c'était la simple vérité. Je le connaissais à peine. Qui était-il pour vouloir partager ce genre d'intimité avec moi ? Il n'avait rien d'adorable, et ce n'était pas le Prince auquel on aurait dû succomber. Il était tout simplement dangereux.

Je me penchai vers lui, et léchai le sang encore visible sur son torse.

- Et savez vous ce que dit la Bible à ce sujet, Messire. Œil pour œil, dent pour dent.

Et là quelque part entre son estomac, son cœur, ses poumons, je le mordis.

Mes canines s'enfoncèrent dans cette chair parfaite et rencontrant une quelconque veine, la détruire. Le sang afflua aussitôt, et se rua, libérateur, dans ma gorge. Une plainte sourde m'échappa lorsque le liquide chaud envahit mon palais. Comme je l'avais prédit, le sang du démon était exquis. Un pur bonheur pour les sens. Une myriade de saveur, d'émotions, de couleur; je sentais tout. Tout : le vin, l'or, le bonheur, la joie, la tristesse, le métal, la peinture ... Tout. Comme si la vie du démon s'étalait sous mes yeux. Un conte sans début, ni fin. Et les souvenirs, le goût, l'horreur, m'envahirent, allant se perdre bien plus loin dans ma gorge, me libérant, me comblant.

Je ne pouvais pas bouger mes lèvres, je ne le pouvais pas. Je ne sais combien de temps nous restâmes dans cette position,et d'ailleurs le temps n'avait pas d'importance, même ma propre raison me semblait dénuée de tout sens à cet instant. Mais il arrive un moment où la bête a mangé à sa fin, et se sent beaucoup trop pleine. Et, dégoûtée, dans tous les sens du termes, je quittai la plaie. Je levai enfin les yeux vers lui. Je sentais encore le sang couler hors de ma bouche, ruisseler sur mon menton, ma mâchoire ...

- Si je puis me permettre, Sire; votre sang est aussi délectable que votre apparence.

Revenir en haut Aller en bas
Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
Démon † Directeur Psychipathe
Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
•Vit depuis le : 09/06/1862
•Fou depuis le : 25/06/2009
•Age : 161
•Origine : D'un sombre cauchemar ?
•Rôle : Directeur enjôleur
•Tempérament : Orgueilleux
•Lien vers la fiche : Autopsie d'un Menteur

Carte d'Identité
• Sexualité: Ça n'a pas tellement d'importance~
• Relations:
• Rumeurs:

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeDim 26 Juil 2009 - 16:33

    -Vous venez de faire la chose la plus déplacée du monde, Sire.

    Ces paroles sifflèrent comme une brise annonçant l’orage. Sèche et brutale. Sammael lisait sur ce magnifique visage l’expression d’un serpent contrarié, murmurant sa colère si froide. Mais pourquoi le démon cesserait-il de sourire ? Déclencher la colère de cette femme sublime était ce qu’il cherchait.

    -J’ose l’espérer.

    Répondit Sammael sur un ton défiant, continuant de provoquer la Vampire. Enfin, ce visage si blême prenait les couleurs de la fureur, s’armait d’un redoutable regard n’exprimant que le dégoût. Blair avait finalement dépassé ces assommantes Aphrodite en marbre.

    Et comme si son geste avait plus d’intérêt que l’appétit soudain de Sammael pour le sang : la Vampire lui écorcha la peau de son torse. Mais Blair n’extirpait aucun gémissement de douleur, aucune faille de la part du jeune homme, pourtant, ses ongles continuer à déchirer cette chair blanche. Cela ne suffisait pas et c’est avec hargne que la Vampire envoya le jeune homme contre le mur.
    Le choc aurait pût briser ses os, sa respiration aurait pût être coupé, mais rien de ceci n’arriva ; Blair se méprenait sur l’identité de son adversaire. Il était tout, sauf un banal Humain. Pourtant, la créature en colère se jeta sur lui, crocs en avant. Ses grognements de haine roulaient dans sa gorge, et ses yeux brillaient d’une hostilité tenace.


    -Vous n'auriez jamais dû me mordre.

    Contra sa voix qui résonnait désormais comme un instrument aigre, aux intonations agressives. En prenant un air de défi, Blair argua ;

    -Et savez vous ce que dit la Bible à ce sujet, Messire. Œil pour œil, dent pour dent.

    La Bible ? Sammael n’en avait que faire de ce stupide ouvrage. Ces textes mensongers ne l’intéressaient en rien, et puis, les promesses qui y figuraient ne le concernées en rien… Ni Blair d’ailleurs.
    A son tour, la Vampire planta ses canines. Perçant une veine quelconque pour en recueillir le sang qui s’y trouvait. Boire ce vin exquis, mais sans aucune valeur était sûrement une expérience que la Vampire n’oublierait pas. Elle semblait se délecter de ce cocktail distingué et maudit. Le démon ne bougeait pas ; en effet, c’était un échange, mais ce n’était pas équitable à son goût… Malgré son étonnant geste précédent ; le jeune homme n’avait que faire de cette substance grenat. Elle ne lui apportait rien…


    -Si je puis me permettre, Sire; votre sang est aussi délectable que votre apparence.

    Dit la jeune femme en quittant le torse du démon. Une encre rougeâtre perla du coin de sa bouche. Au fur et à mesure que ces gouttes glissaient sur sa peau, elles devenaient de plus en plus foncées. Et tandis que les plaies qui rayaient le corps de Sammael se refermaient, il passa sa main sous les lèvres de la Vampire, effaçant les traces de cet échange.

    -Vous devrez vous contenter de son goût unique, car mon sang ne vous en apprendra pas d’avantage sur moi, Lady. Et il n’apaisera pas non plus votre faim.

    Répliqua le démon avec un sourire railleur. Sammael se hissa alors sur ses coudes pour inspecter les dégâts de la pièce ; le mur était légèrement fissuré, mais les étagères et la cheminée avaient été épargnées. En revanche, le plancher se noyait sous une nappe de liqueur sanguinaire. Le bois s’était déguisé en une sorte d’acajou, luisant comme une marre de liqueur rouge. L’odeur était tout aussi poignante ; et il ne devait pas laisser la Vampire indifférente. Ce parfum métallique devait résonner autrement pour Blair, mais pour le démon, ce n’était qu’un arôme de mort. Même ses propres vêtements étaient dans un état lamentable. Sammael soupira avant de reprendre.

    -Et vous me parlez de la Bible ? Il est pourtant évident que je ne me suis jamais intéressé à cet ouvrage fallacieux. Et vous êtes mal placée pour pouvoir réciter des textes religieux alors que vous cédez à la colère.

    D’une façon contrariée, le jeune homme fronça ses sourcils. Mais très vite, cet habituel sourire revint orner le visage du démon.

    -Mais revenons au principal ; j’ai accepté de verser ce sang futile, maintenant, si vous le voulez bien Lady, j’aimerais en venir au plus passionnant.

    Le dos du jeune homme quitta définitivement le sol humide. Ses mains agrippèrent alors celles de la Vampire, serrant leur emprise afin de retenir la jeune femme. Sur un ton cupide, Sammael continua ;

    -Je pensais que vous mordre ne mènerait à rien, mais j’ai bien l’impression d’avoir touché un point sensible. Serait-ce l’intimité de cet acte qui vous gêne tant ? Cela réveille-t-il des souvenirs douloureux ?

    Ses questions se finirent dans un murmure léger. Car lui-même le savait, le sang de la jeune femme ne retracerait pas son histoire. Même en la vidant de cette substance, Sammael n’en saurait pas d’avantage.
    Il avait remarqué que Blair était à bout lorsque ses canines avaient pénétré dans son cou si délicat. Mais résisterait-elle d’avantage ? Ou la partie touchait-elle à sa fin ? Car si le démon cherchait à connaître Blair, ce n’était pas par curiosité ; mais par orgueil. Le but du jeu ne changeait pas.
Revenir en haut Aller en bas
http://nana-70.livejournal.com/
Invité
Invité



Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Les cauchemards éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeMer 29 Juil 2009 - 10:52

-Si je puis me permettre, Sire; votre sang est aussi délectable que votre apparence.

-Vous devrez vous contenter de son goût unique, car mon sang ne vous en apprendra pas d’avantage sur moi, Lady. Et il n’apaisera pas non plus votre faim.

Il avait raison. Aussi délectable que le goût soit, j'étais toujours désespérément vide, et ma gorge me brûlait avec la même vivacité. Comme si je ne l'avais pas mordu, comme si je ne l'avais pas marqué au fer rouge. Non, le démon ne porterait pas la trace de ma morsure, il pourrait poursuivre son existence sans être gêné par cette cicatrice. C'était cruellement injuste. Moi, j'avais son goût en bouche, et mélangé au venin, c'était tout à fait vivifiant et beaucoup plus qu'attirant. Le goût et l'odeur étaient amplifiés par mon propre poison, et le tout baignait dans ma gorge. J'avalai encore une fois,beaucoup plus lentement.

Il se hissa sur ses coudes et sembla examiner les dégâts que j'avais fait. Je n'en avais que faire. Il savait bien qu'une bête, certes très charmante, était tapis en moi et lui, il s'amusait à me contrarier, à me taquiner ... Comme si il voulait me tester, comme si il désirait ardemment voir la bête. Je l'entendis soupirer.

-Et vous me parlez de la Bible ? Il est pourtant évident que je ne me suis jamais intéressé à cet ouvrage fallacieux. Et vous êtes mal placée pour pouvoir réciter des textes religieux alors que vous cédez à la colère.

- Je tiens à vous rappelez, Messire, que c'est vous qui m'avez mise en colère.
Me contentai-je de murmurer presque dépitée.

C'était vraiment quand on y pensait. Me mettre en colère ne servait strictement face à un ennemi comme celui-ci.

Mes paroles laissèrent place à un sourire.

-Mais revenons au principal ; j’ai accepté de verser ce sang futile, maintenant, si vous le voulez bien Lady, j’aimerais en venir au plus passionnant.

Dans un geste fluide, il se saisit de mes mains. Le contact me laissa de marbre, et il serra vainement son étreinte. Il pensait que j'allais m'échapper. C'était me surestimer. J'avais la désagréable impression d'être fatiguée, comme si mordre le démon m'avait vidé de toute mon énergie. Comme si toute cette lutte, cet acharnement que j'avais pour tout détruire, n'avait, en réalité, servi à rien. La bête avait rangé ses crocs et ses griffes, et s'en était retournée dans sa tanière bien à l'appris, quelque part en moi, là où aurait dû se trouver mon âme.

-Je pensais que vous mordre ne mènerait à rien, mais j’ai bien l’impression d’avoir touché un point sensible. Serait-ce l’intimité de cet acte qui vous gêne tant ? Cela réveille-t-il des souvenirs douloureux ?

Des souvenirs douloureux ? Alors au final tout ceci n'était qu'un jeu pour lui, il voulait juste découvrir la vérité. Celle que ses yeux ne pouvaient pas extraire, celle qui ne lisait pas dans les âmes. D'ailleurs, je n'en avais pas. Je baissai la tête, presque avec honte. Dans le fond j'aurais voulu être humaine, il aurait pu dévorer mon âme, et me laisser, presque morte, sur le sol et s'en aller. Je ne méritai pas à toute cette attention, je ne méritai pas tout ceci.

-Mr Ruthven, je répondrais à toutes vos questions, si vous répondez à une seule des miennes.

Je ne le regardai toujours pas, et la curiosité avait du l'envahir, car il desserra son étreinte. Maladroitement, je mis mes bras autour de lui, le serrant jusqu'à l'étouffement. Mais les démons ne sont pas faibles, il ne s'étouffe pas. Ce geste contrastait avec le précédent. Après avoir frappé celui qui m'a fait du mal, je l'entrainais dans une étreinte mortelle. Comme si ce geste pouvait me libérer, comme si ce simple geste pouvait me réchauffer, j'étais morte. A l'intérieur, comme à l'extérieur. Alors quoi si il voulait savoir mes secrets, la belle affaire ! Est-ce que ne pas lui parler de Matthew fera de moi une meilleure personne.

Je n'étais personne.

Mais lui, qu'est-ce que ça lui apporterait de tout savoir ? De tout savoir sur la faible créature que je suis. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Un véritable combat intérieur se déroulait en moi, mes tremblements le trahissaient. Pas tremblements de froid, mais soubresauts de pure et simple panique. De pure et simple peur. De peur que lorsque la vérité franchisse mes lèvres, je ne sois plus vraiment la même. De peur qu'on me juge, qu'on me rejette, qu'on ne me pardonne pas. Et surtout bien, que la douleur, ma douce sœur jumelle, revienne avec plus de vivacité. Se complaisant dans les souvenirs évoqués.

J'avalai encore une fois, comme pour me donner du courage, le sang du démon glissant encore en moi. Nerveusement je resserrai mon étreinte, et nichai ma tête au creux de son épaule. Lui pourrait-il pardonner ? Un démon pouvait-il aussi exécuter cette tâche ? Surtout un démon comme Sammael, un démon où brillait un véritable brasier ardent qui aurait pu rivaliser avec celui des Enfers.

- Pourquoi un être tel que vous a-t-il besoin de tout savoir ? Est-ce par simple ennui ? Est-ce par simple curiosité ? Est-ce par pur vanité ?

Je relevai la tête, fixant le feu, miroir de ma propre douleur. Et mes lèvres, bien décidées à ne plus jamais se fermer, continuèrent.

-Est-ce pour oublier votre propre existence ? Pensez vous qu'apprendre la vérité sur ma réalité sera aussi divertissant que contempler une fenêtre ouverte ? Ou bien êtes vous lasse d'imaginer, de devoir rêver face à tant de fenêtres bloquées ?

Mes mains se levèrent de leur propre initiative et se posèrent sur le beau visage du séducteur. Mes doigts tracèrent le contour de sa joue. Il devait sentir ma nervosité. Il devait attendre ma prochaine action.

Et comme pour ne pas le décevoir je posai mes lèvres sur les siennes.
Revenir en haut Aller en bas
Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
Démon † Directeur Psychipathe
Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
•Vit depuis le : 09/06/1862
•Fou depuis le : 25/06/2009
•Age : 161
•Origine : D'un sombre cauchemar ?
•Rôle : Directeur enjôleur
•Tempérament : Orgueilleux
•Lien vers la fiche : Autopsie d'un Menteur

Carte d'Identité
• Sexualité: Ça n'a pas tellement d'importance~
• Relations:
• Rumeurs:

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeJeu 30 Juil 2009 - 12:41

    Etrangement, la jeune femme se calma. Comme si cette diablesse sanguinaire abdiquait. Etait-elle écoeurée par le sang qu’elle venait de boire ? A moins que ce ne soit de troublants souvenirs qui venaient tarauder son esprit déjà blessé ?

    -Mr Ruthven, je répondrais à toutes vos questions, si vous répondez à une seule des miennes.

    Demanda-t-elle en abaissant son visage. Cette faveur sonnait comme un abandon ; serait-elle las de ce jeu vicieux ?
    Elle saisit le torse du démon entre ses bras, une geste pour le moins étrange, étant donné que Sammael était le responsable de sa colère précédente. Une fatigue soudaine émana de Blair. Etant aussi proche, le démon pouvait entendre son propre sang qui se perdait à l’intérieur de l’infirmière. Cette liqueur infernale, même après avoir quitté son propriétaire, persistait à être chaud.


    -Je vous écoute, Lady.

    Répondit enfin l’homme. Il observa alors la jeune femme qui semblait partager entres plusieurs solutions. De plus, elle refusait de lui adresser un regard, devenant ainsi une énigme bien complexe. Son corps de marbre fut secoué de quelques tremblements, et le démon pouvait aisément humer l’odeur de la peur. Un étrange parfum qui n’arrivait pas à correspondre avec la personnalité de Blair.
    Elle blottit sa tête contre l’épaule du démon, effleurant sa peau avec un souffle incertain ;


    -Pourquoi un être tel que vous a-t-il besoin de tout savoir ? Est-ce par simple ennui ? Est-ce par simple curiosité ? Est-ce par pure vanité ?

    Les doutes parsemaient sa voix mélodieuse. Sammael ne répondit rien, comprenant que sa question n’était pas en achevée. Elle redressa alors son visage, enfin prête à terminer sa faveur si timide ;

    -Est-ce pour oublier votre propre existence ? Pensez vous qu'apprendre la vérité sur ma réalité sera aussi divertissant que contempler une fenêtre ouverte ? Ou bien êtes vous lasse d'imaginer, de devoir rêver face à tant de fenêtres bloquées ?

    A cette remarque, le sourire de Sammael s’adoucit. Mais il ne prit pas la peine de formuler immédiatement sa réponse ; les doigts fébriles de Blair parcouraient avec inquiétude son visage. Le démon ne réagit pas, laissant soin à la vampire d’appliquer ses intentions.
    Quelle étrange idée qui lui traversait la tête à ce moment-là. Le démon n’arrivait pas à déterminer si ce n’était qu’une brusque envie de revivre un vieux souvenir, ou une nouvelle ruse pour le séduire. Quoiqu’il en soit ; les lèvres de la Lady se scellèrent à celles du démon. Les baisers étaient, pour les Humains, semblables à un échange de sang chez les vampires. Sammael se doutait que Blair regrettait amèrement son immortalité, bien qu’il ne savait toujours pas dans quelles circonstances elle l’avait acquise.

    Les baisers avaient une tout autre signification pour lui ; lorsqu’une créature des enfers emprisonnait la bouche d’une victime contre la sienne ; c’était pour en extraire sa source de vie, son fantôme éternel. Le démon embrassait sa proie dans l’espoir d’extirper son âme, et la laisser glisser sur sa propre langue. Evidemment, Sammael savait qu’il n’y avait aucune offrande qui sommeillait chez la Vampire ; le contact resta au stade « humain ».

    Après quelques secondes, le jeune homme détacha ses lèvres de Blair, tenant à son tour son visage froid et splendide.


    -Pour être franc ; c’est un ennui mortel mêlé à une prodigieuse vanité. Je n’ai jamais eu le plaisir de savourer quelqu’un pour sa personnalité ou sa beauté, mais uniquement pour ses secrets et sa douleur.

    Telle était la nature d’un démon ; un être chassé des cieux qui se plaisait à voir que d’autres damnés souffraient eux aussi. Qui n’avait comme seul réconfort son pouvoir terrifiant et ses vices démoniaques.

    -Je m’amuse à voir combien vous souffrez dans cette passion, tout en me demandant, avec crainte, si un jour je serai capable de ressentir ce que vous éprouviez auparavant.

    Acheva le démon. Son sourire persistait, démontrant l’ironie de ses pensées. Il était comme le bourreau immortel qui observait le visage paisible de ces cadavres, sachant qu’il serait incapable d’avoir cette expression si sereine sur son visage de marbre. Une expérience unique et couvert de mystère qu’il savait ô combien regrettable et douloureuse.

    -Je ne vous envie pas, Lady, je redoute simplement que ma nature m’abandonne. Comme ces anges qui s’ennuient et quittent le paradis ; mais une fois leurs ailes brisées, leur aura disparu, ils se sentent si faibles.

    Son ton navré résonnait faux, car Sammael ne ressentait pas la moindre pitié pour ces volatiles du paradis, si fraîchement adorables et attendrissants. Mais l’idée était là ; une fonction trop monotone qui nous incite à découvrir un savoir cruel et irréversible.

    -Tant de secrets qui égalisent ce qui ne sera jamais à ma portée ; vos sentiments de chagrin et de passion resteront, à jamais, des secrets insaisissables pour moi, et bien d’autres démons.

    C’était la seule chose que Sammael ne pourrait jamais comprendre, ne pourrait jamais découvrir. Encore une fois ; il n’enviait pas les amoureux désespérés, ce n’était qu’une question d’orgueil. Mais, il le savait, aucun démon ne s’était vanté de connaître les sensations d’extase ou de mélancolie, puisqu’ils chutaient encore plus bas que l’enfer où ils vivaient. Tombant dans les méandres d’une triste immoralité poignante.

    Après avoir marqué une brève pause, Sammael finit par sourire d’avantage, en laissant échapper un rire.


    -J’ai l’impression d’avoir perdu, Lady ; sûrement parce que je commence à croire désormais que vous n’êtes pas l'une de ces nombreuses sottes qui rêvent d’être belles et jeunes à jamais. Mais ne vous m’éprenez pas ; vous n’avez pas réussi à m’ensorceler.

    Le démon laissa échapper un silence vague, avant d’enchaîner ;

    -Je me trompe si je vois en vous une créature qui regrette amèrement son passé de mortelle ?
Revenir en haut Aller en bas
http://nana-70.livejournal.com/
Invité
Invité



Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeJeu 6 Aoû 2009 - 13:15

Embrasser le démon c'était comme embrasser un miroir.

Mes lèvres s'étaient posées sur une surface à la fois dure, froide, lisse, et enivrante. Mais le baiser n'éloignait pas les problèmes, il ne faisait pas reculer l'horreur, il ne faisait pas fuir la douleur. Bien au contraire, c'était comme un grand coup dans la figure, me faisant prendre pleinement conscience de ma réalité, de mon existence tout entière, de mon éternité.

Ses lèvres étaient froides. Elles étaient glaciales, si gelées qu'elle me brûlait. A l'intérieur comme à l'extérieur. J'aurais pu hurler, j'aurais pu crier, mais je n'en fis rien, c'était mon choix, c'était moi qui avait décidé d'embrasser le démon, moi qui avait décidé de faire entrer l'enfer dans mes entrailles et dans ma bouche. Moi, et personne d'autre. Moi encore, qui ne pouvait pas reculer, moi qui était tétanisée face au grand et seul vrai brasier.

Mais ce fut Sammael qui détacha ses lèvres des miennes, et qui tint mon visage. Il avait encore la force de poser des questions, de fouiner et de déranger. Je n'avais donc aucun effet sur lui ?

-Pour être franc ; c’est un ennui mortel mêlé à une prodigieuse vanité. Je n’ai jamais eu le plaisir de savourer quelqu’un pour sa personnalité ou sa beauté, mais uniquement pour ses secrets et sa douleur. 

Sammael l'admettait lui-même, il n'était qu'un piètre voleur, un simple marchand de rêves. Il se nourrissait d'âmes, et réclamait en échange quelques secondes de vie : les problèmes, le bonheur, la vie et les désirs d'un autre. Etais-je si différente de lui ? Je mordais par nécessité, et récoltait quelques précieux moment d'exaste. J'étais une voleuse moi aussi.

-Je m’amuse à voir combien vous souffrez dans cette passion, tout en me demandant, avec crainte, si un jour je serai capable de ressentir ce que vous éprouviez auparavant.

Il ne pourrait pas. Il en serait totalement incapable. Cela au moins, j'en étais certaine. Le démon si froid et séducteur pourrait-il renoncer au jeu et à ses vices pour se consacrer totalement à un seul et même être ? Ne vivre que de lui, que pour lui, que grâce à lui. S'abandonner complètement, sans être sur qu'on allait récolter quelque chose en retour. Ce n'était pas équitable, ce n'était pas juste.

C'était de l'amour. Purement et simplement.

Quelques minutes de bonheur et des tas de souffrance, d'espoir et de rêves brisés. On croyait connaître la personne mais on se retrouvait une fois de plus désabusé, ramené tristement à la cruelle réalité. Les hommes, vampires ou mortels, ou même démon, seraient toujours avant tout des hommes. C'était un fait indéniable, il ne pouvait pas d'un trait renier leur principale caractéristique, même en y travaillant très dur. C'était tout simplement impossible. Alors comme il était dans la nature de certains êtres de n'être que des hommes, il était dans leur nature de vous faire purement et simplement du mal.

Là aussi, c'était encore une fois de l'amour.

Alors quoi ? Quelques secondes de passion ? Devait-on croire l'être aimé lorsque que celui-ci nous murmurait des « je t'aimes » ? Les hommes étaient viles, ils pouvaient mentir, ils pouvaient tuer, ils pouvaient jurer, et encore plus, démons, vampires et autres ... Chez nous autres vampires, tous les sentiments étaient décuplés grâce à nos sens si bien affutés. Mais chez les démons ? Il m'était très difficile d'imaginer Sammael attacher si injustement, et si tendrement à un seul et même être. Et si, ce dernier refusait de lui livrer tout ses secrets, se mettrait-il en colère ? Utiliserait-il son âme de la même manière que toutes les autres ou bien cette âme ci, aurait un statut privilégié ?

Tant de questions, et si peu de certitudes. Pouvait-on ici aussi trouver une forme d'amour ?

Le rire cristallin du démon me tira de mes rêveries. Me rappelant que ce n'était ni le lieu, ni le moment de philosopher.

-Je me trompe si je vois en vous une créature qui regrette amèrement son passé de mortelle ?

Les regrets. Sammael se trompait : je n'en avais pas, ou je faisais tout ce que je pouvais pour ne pas en avoir. Ils étaient beaucoup trop encombrants, beaucoup trop puissants. Ils savaient exactement où frapper pour nous faire mal, et en éprouver, pouvait nous clouer à terre pendant des jours. Non, je ne regrettais pas mon passé de mortelle. J'avais été heureuse. Je fermai les yeux, revoyant les visages de mes parents, et celui de mon petit frère, Edward.

Je ne regrettais rien.

- Vous vous trompez Messire.

J'ouvris nerveusement les yeux. Il était temps de parler de vérité.

- Devenir immortelle pour moi, c'était comme embrasser quelque chose de beaucoup plus grand. Comprenez bien ceci, je ne tremblais pas de peur à l'idée d'être confrontée à la mort. Je tremblais d'anticipation. C'était comme ...

Le souvenir refit surface, avec beaucoup plus de force qu'avant. Je voyais son visage, j'entendais son murmure, je me rappelais toutes ses promesses.

- C'était comme un cadeau à la vie.
Revenir en haut Aller en bas
Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
Démon † Directeur Psychipathe
Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
•Vit depuis le : 09/06/1862
•Fou depuis le : 25/06/2009
•Age : 161
•Origine : D'un sombre cauchemar ?
•Rôle : Directeur enjôleur
•Tempérament : Orgueilleux
•Lien vers la fiche : Autopsie d'un Menteur

Carte d'Identité
• Sexualité: Ça n'a pas tellement d'importance~
• Relations:
• Rumeurs:

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeVen 21 Aoû 2009 - 22:49

    -Vous vous trompez Messire. Devenir immortelle pour moi, c'était comme embrasser quelque chose de beaucoup plus grand. Comprenez bien ceci, je ne tremblais pas de peur à l'idée d'être confrontée à la mort. Je tremblais d'anticipation. C'était comme ... C'était comme un cadeau à la vie.

    Quelle ironie. La vie et l’éternité pouvaient-elles s’accorder ? Sammael observa un moment la vampire d’un regard intrigué.

    -Dans ce cas, qu’est ce qui vous rend si malheureuse ? Si ce n’est le poids de votre nature, est-ce alors un vide encore plus pesant ? La solitude causé par la perte ?

    Elle ne pouvait le nier ; un voile de mélancolie était noué à son cou lorsque la demoiselle était entrée dans la bibliothèque. Tout comme cette apathie qui régnait dans ses yeux, indifférence qui avait laissé place à la colère lorsque le démon avait joué avec le feu.

    Qu’était-ce la perte d’un être chère ? Encore un mystère que Sammael ne pourrait éclaircir, au contraire ; lorsqu’il tentait de savoir, ces griffes noires qui déchiraient ce secret le rendaient d’avantage sombre.
    Même quand il avait essayé de ressentir une quelconque affection amoureuse. Le démon se souvenait d’une femme très belle et sympathique, il y a quelques siècles de ça, qui l’avait aimé. Aussi ridicule que cela puisse paraître ; la victime s’était éprise de son bourreau. Et connaître les origines de son rêve n’avait rien changé !
    Rien à voir avec cette courante pitié ou crainte, c’était une réelle admiration qui luisant dans son regard lorsqu’elle regardait Sammael. Mais que pouvait-il y avoir comme fin à part le tragique sort de cette âme trop généreuse ?
    Les paroles du jeune homme n’avaient été que mensonges, berçant alors sa proie dans les songes, profitant de sa faiblesse causé par un Cupidon totalement fou. Il lui répétait inlassablement qu’il n’avait jamais aimé mais qu’elle était l’exception qui confirmait la règle. Bêtises qu’elle avalait avec joie, comme bien d’autres ! Et, horrible monstre qu’il était, il n’avait aucun remord. Il était simplement déçu de n’avoir rien trouvé de nouveau dans cette expérience. Mais d’avoir jouer ainsi avec de sincères sentiments ; il n’en avait que faire.
    Le démon glissa aussi rapidement qu’un reptile sur le sol pour se défaire de l’emprise de Blair. Il resta un moment songeur après s’être relevé, puis, obéissant aux bonnes manières, il tendit sa main vers la Vampire pour lui proposer son aide. N’étant cependant pas sûr qu’elle accepterait ce geste si rare.


    -Après tout, j’ai avoué ma passion si contradictoire, à vous de me dire ce qui vous ronge, Lady. C’est-ce qui est convenu depuis le départ.

    Déclara-t-il, sentant la fin du jeu se rapprocher. A moins que Blair n’entame une nouvelle valse en vain pour éviter de répondre au directeur.


[J'ai eu du mal à trouver de l'inspi sur ce coup-là u__u... M'enfin, c'est un peu normal, vu que je suppose que le RP touche un peu à sa fin]
Revenir en haut Aller en bas
http://nana-70.livejournal.com/
Invité
Invité



Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2009 - 11:06

-Dans ce cas, qu'est-ce qui vous rend si malheureuse ? Si ce n'est le poids de votre nature, est-ce alors un vide encore plus pesant ? La solitude causé par la perte ?

Le démon venait de soulever un point important. L'entendre poser toutes ces questions, ce n'était qu'un fade écho des miennes, une veine répétition de mon propre combat intérieur. Qu'est-ce qui me torturait ? Était-ce la douleur que je ressentais chaque nuit ? Celle, douce et vile, qui venait m'emprisonner, avait-elle sa justification ?

Je ne regrettais pas d'être vampire, non. Une fois que l'on avait appris à dompter la bête, à dominer ses instincts, à cacher le monstre, on pouvait mener une vie de totale et de pure insouciance. J'avais eu mes moments d'insouciance, j'avais été vraiment vampire. A présent, qu'étais-je devenue ? L'ombre de moi-même. Celui qui m'avait fait vampire, mon créateur, mon ami, mon amour, mon tout, s'en était allé. On pensait bêtement détenir l'éternité, la réponse à toutes les questions, mais en réalité, nous, comme tous les autres, nous avions été aveuglés, j'avais été aveuglée.

Privée d'obscurité, je n'avais même pas cherché à me battre. Il était tellement plus facile de rester à même le sol, allongée, à ne rien faire, se contenter de subir les assauts que chaque jour apportait. Sans jamais se battre. Sans jamais rester en vie, car la vie, quoi qu'on en dise, était froide, dure, cassante, frappante, et la mort.

Et la mort alors ?

Pour ceux qui partait, elle était facile, simple, logique, mais pour ceux qui restait. Pour moi, qui aurait dû mourir et qui était restée. J'avais laissé la solitude me consumer. J'avais laissé ma nature humaine reprendre le dessus, et ressentir m'était fatal. Dans ce corps, si bien aiguisé, si bien affuté, tout m'était fatal. Il ne semblait jamais y avoir assez de place pour tout voir, pour tout entendre, pour tout sentir. Tout était laid et à vomir dans cette éternité. Parce que je ne voulais plus voir, je ne voulais plus sentir. Je ne voulais plus vivre.

- Après tout, j'ai avoué ma passion contradictoire, à vous de me dire ce qui vous ronge, Lady. C'est-ce qui est convenu depuis le départ.

Je levai les yeux vers Sammael qui s'était levé. Il me tendait la main, et bien que son expression demeurait indéchiffrable, je savais qu'il me proposait de l'aide. J'eus un sourire. Il devinait toujours juste. Toutes les cellules de mon être, sur chaque parcelle de ma peau criaient au secours, suppliaient pour une quelconque aide. Alors, pourquoi ne pas l'accepter même si elle venait du plus abominable des êtres ?

Il était démon, moi j'étais monstre, alors pourquoi ne pas accepter ?

Mon regard passa et repassa sur la main que me tendait le séducteur, mémorisant chaque contour. Pourquoi ne pas accepter de la prendre ? J'avais déjà embrassé ce grand brasier sans résultat, alors que peut-être, peut-être, tout simplement lui parler aurait plus de signification. Je levai enfin la tête vers lui, et d'un signe négatif, je lui fis comprendre que je ne prendrais pas cette main. J'avais besoin de rester à même le sol, si je voulais lui révéler mon histoire. Il fallait que je reste à la place où je m'étais mise, pour pouvoir en sortir. J'inspirai profondément.

- Puisque vous tenez tant à tout savoir, Sir, il me faut donc vous conté l'histoire de toute ma vie.

Je fermai un instant mes yeux, comme pour affirmer ma décision. Personne n'avait jamais entendu cette histoire, et je me demandai un instant si, en franchissant mes lèvres, elle deviendrait réelle. Ou alors qu'elle disparaîtrait à tout jamais, faisant de moi un être sans racine ? Ou bien allait-elle tout simplement, compléter la collection du démon …
Mais peut importait, je pouvais toujours ranger cette soirée dans un coin de ma tête. Cette soirée où j'ai embrassé un presque ange, où j'ai rencontré le démon : mon beau cauchemar éveillé. Lorsque je parlai enfin, ma voix ressemblait à un murmure.

-Vous ignorez certainement qu'un intégrant votre établissement, je retournais sur ma terre d'origine. Je suis née en Angleterre, en 1330, si ma mémoire est exacte. J'avais une famille heureuse, mon père et ma mère m'aimaient vraiment, et mon petit frère me suivait partout où j'allais.

Je n'essayais pas de m'attirer la sympathie ou la pitié de Sammael. Je ne lui rapportai que la stricte vérité. Pendant toute mon existence humaine, j'avais été entouré d'amour. Je revoyais encore mon père, toujours près du piano, ma mère, acharnée à soigner chaque détail de mon existence, et Edward … mon petit Edward …
Pas une seule fois je n'avais souffert. Était-ce pour cela que la douleur me frappait beaucoup plus vivement dans ma nouvelle vie ? Je chassais cette pensée de mon esprit et je repris mon récit.

- Mais, bien évidemment, l'homme est un éternel insatisfait, pas vrai ? Je ne pouvais pas me contenter de leur amour, j'avais toujours désespérément besoin de quelque chose d'autre. Alors, lorsque la peste frappa notre pays, je ne pus me résoudre à écouter mon père, j'allais dehors pour aider les autres, les enfants plus pauvres et malades.

A cet instant, j'avalai inutilement ma salive. Mais je me revoyais encore dans l'église, à aider tous ces mendiants et à ne me sentir en paix et qu'en sécurité lorsque ces derniers m'accordaient un sourire. J'étais hypocrite envers eux, et surtout je crois bien envers moi même. Être là-bas, à les secourir, c'était pour moi une façon de désobéir à mon père, d'être libre, pour la première fois en dix neuf ans d'existence.

-Et, poursuivis-je bien faiblement, c'est de cette manière que j'ai rencontré mon Matthew.

Je m'arrêtai alors vraiment de parler.

Mon Matthew.

Le dire ne conférait que plus d'horreur à la chose, à son départ, à sa perte. Mais ce n'était pas de la vanité. Il avait été à moi, et j'avais vraiment été à lui. De toutes les manières possibles. Je revoyais encore son visage, cette beauté éblouissante, cet être fascinant qui me fixait. C'était à se demander si il avait été réel. Si cet être mythique avait vraiment existé … Quoi qu'il en soit, mes sentiments pour lui étaient là. Et je savais bien que tout, dans mon expression et dans ma voix, montrait que je l'avais aimé. Même Sammael pouvait le voir. Et peut importe qu'il ne saisisse pas le sentiment en lui même, il devait bien sentir de quelle façon j'avais été attaché à cet être, pour toujours et à jamais.

Mon Matthew.

Il n'y avait pas besoin d'en dire plus. Il n'y avait pas besoin d'en dire moins.

-Il arriva alors le moment où je dus mourir, moi aussi atteinte de la peste. Et comme vous pouvez certainement le deviner, il me transforma.

Je me rappelai avec vivacité de cette nuit là. Comment j'avais hurlé son prénom en sentant mon ultime moment arriver; comment, tapis dans l'ombre, il s'était révélé. Comment il avait murmuré des je t'aimes désespérés, comment il m'avait mordu, comment il m'avait sauvé. Nerveusement, je portai la main à mon cou. Là où Matthew m'avait privé d'humanité, là où il m'avait à la fois élevé et rabaissé, là où il avait presque fait de moi une déesse. Sammael devait comprendre à présent qu'en me mordant, c'était presque comme une insulte à l'égard du défunt, que cela pouvait être rattaché au pêché, que même si il n'avait pas souillé mon âme, il avait profané mon corps.

- Matthew et moi avons alors quitté l'Angleterre pour l'Europe, que nous avons parcouru pendant des années. Mais … Cette histoire n'a pas de fin heureuse, je ne serais pas là si c'était le cas, n'est-ce pas Messire ? Mon Matthew a été tué par … Des créatures que je me suis chargée d'éliminer. Me venger ne m'a servi à rien. Alors à quoi, bon ? Me nourrir ne sert qu'à maintenir ce semblant de vie, et jouer, c'est juste pour me tirer quelques secondes de ma torpeur.

Les larmes avaient du m'échapper lors de mon récit, car je les sentis, acides, rouler sur mon visage lorsque je levai les yeux vers Sammael.

-Vous savez tout de moi, Sir … Non ! J'ai omis un détail. Je ne vous ai pas dit de quelle façon la douleur me frappe violemment depuis des siècles, vous ignorez tout de cette sensation lancinante qui vient parcourir mes membres lorsque je baisse ma garde, et comment, certains nuits, je dois me boucher les oreilles pour ne pas entendre battre mon cœur, alors qu'il devrait être silencieux.

J'essuyai rageusement mes larmes.

- Vous savez tout.


[Tu as fait pleurer Blair... Moi je dis ça mérite au moins un poulet !!! ^^]
Revenir en haut Aller en bas
Sammael Ruthven
Démon † Directeur Psychipathe
Démon † Directeur Psychipathe
Sammael Ruthven

Masculin •Lettres : 452
•Vit depuis le : 09/06/1862
•Fou depuis le : 25/06/2009
•Age : 161
•Origine : D'un sombre cauchemar ?
•Rôle : Directeur enjôleur
•Tempérament : Orgueilleux
•Lien vers la fiche : Autopsie d'un Menteur

Carte d'Identité
• Sexualité: Ça n'a pas tellement d'importance~
• Relations:
• Rumeurs:

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeSam 26 Sep 2009 - 12:32

    Alors que les flots de paroles révélatrices s’écoulaient de ses lèvres pulpeuses, le visage de Blair se fondait dans une expression de douleur insupportable. Le masque de fierté se décomposait au fur et à mesure qu’elle citait sa vie ennuyeuse de mortelle -du moins, avant l’arrivée du Matthew tant attendu-.
    Matthew.
    Lorsque l’infirmière eût le courage de prononcer ce nom, toute sa peine s’éleva comme un délicieux parfum. Le démon, sans aucune honte, savoura alors son regard qui s’imbibait de larmes amères. Sa voix se tut un instant ; le silence n’était qu’un peu plus réjouissant.

    Elle parlait de son amour avec une joie fanée. Blair porta sa main à son cou, imitant un geste instinctif, un mouvement illustrant la fin de sa vie d’humaine banale. Enfin, le récit prit une tournure qui amusait énormément Sammael ; immortelle, certes, mais pas à l’abri du chagrin et de la peine. La tragique mort de Matthew, laissant alors Blair avec, comme seule amie, sa tristesse.

    Si la vampire levait son regard larmoyant vers Sammael, ce dernier n’exprimait qu’un sentiment de satisfaction malsaine.


    -Vous savez tout.

    Lâcha l’infirmière d’une voix sifflante tout en essuyant ses larmes avec rage.

    Le démon garda un moment le silence, parcourant la pièce, se rapprochant du mur où il avait atterri quelques minutes plus tôt. Il se pencha et ramassa les livres et les chandelles qu’il avait entraîné dans sa chute. Tout en posant les bougeoirs d’une manière très précise, il demanda d’une voix paisible ;

    -C’est un splendide récit, Lady. Mais en cinq cents ans, vous n’avez jamais songé à la mort ? L’envie de vous libérer ? Ou voulez-vous garder votre immortalité comme un cadeau de… Matthew ?

    Le jeune homme avait hésité entre prononcer son prénom, ou bien utiliser un meilleur titre comme « votre unique amour ». Mais ces sept lettres devaient être bien plus douloureuses que trois lames de rasoir.
    Après avoir rangé dans une pile droite et ordonné les livres qui étaient tombés, Sammael se retourna vers Blair, toujours au sol. Elle avait sûrement besoin d’un solide support durant son aveu.
    Dans un claquement de doigts, le démon alluma les bougies qu’il venait de replacer sur le meuble -le mur encastré attendra avant d’être remis à neuf- et comme il l’espérait ; les flammes se dessinèrent sur les iris d’émeraude de la jeune fille, dansant et ondulant sur ses larmes sincères.
    Les larmes d’un vampire étaient bien plus précieuses que n’importe quel diamant ; car elles étaient mille fois plus rares, bien plus sincères que les fades chagrins de tous les mortels.

    Pour pouvoir admirer cette liqueur briller à la douce lueur plus distinctement, le démon déposa un genou au sol, restant face à la Lady. Il écarta une mèche bouclée de ce ravissant visage et la coinça derrière l’une de ses oreilles.


    -Je sais que ma curiosité n'a aucune limite et que cela peut-être agaçant, mais... Attendez-vous que vos ailes brûlées ressuscitent à nouveau ? Après tout, vous avez l’éternité, my Dear.

    Lui annonça le démon. Il examina une dernière fois les pleurs de Blair avant de se relever. Son regard s’attarda sur la fenêtre ; à mesure que le temps filait, la nuit s’éclaircissait.
    Le sourire du démon s’élargit et il fixa à nouveau la Vampire.


    -Lady, vous êtes un phénomène aussi étrange que des méduses perchées au sommet de la Tour Eiffel. Enfin, ce n’est que mon avis.

    Avoua-t-il d'un ton rieur.


[Postée! Enfin ! J’ai trouvé un moyen de caser cette phrase loufoque XD Maintenant, je veux voir la réaction de Blair XD]
Revenir en haut Aller en bas
http://nana-70.livejournal.com/
Invité
Invité



Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitimeSam 26 Sep 2009 - 21:17


-Lady, vous êtes un phénomène aussi étrange que des méduses perchées au sommet de la Tour Eiffel. Enfin, ce n’est que mon avis.

En l'entendant, je ne pus m'empêcher de rire avec lui. La dernière phrase contrastait tellement avec tout le sermon qu'il venait de s'appliquer à rendre. Avec toute la politesse d'un gentlemen,certes, mais je pouvais sans peine sentir le sarcasme et la moquerie derrière son air parfait.

J'essuyai distraitement mes larmes et je m'allongeai par terre sans plus aucune retenue. Le démon avait un effet néfaste sur moi, à cause de lui, je passais de la totale indifférence, à la colère la plus sourde, puis à ma lancinante tristesse, et enfin la joie. La joie .. C'était peut-être légèrement surestimer l'état dans lequel je me trouvais. Non …

Je me trouvais plutôt proche de l'état d'ébriété. Comme un ivrogne, qui, après avoir goûté un alcool beaucoup trop nouveau, et beaucoup trop fort pour lui, en l'occurrence Sammael, venait de confesser une faute grave et se sentait libéré. Était-ce donc cela le creux dans ma poitrine ? La libération. Non … Le démon ne pouvait pas avoir cet effet sur moi, il était beau, froid, manipulateur, et calculateur, mais certainement pas libérateur. Et dans le seul cas échéant, libérateur d'âmes.

Mon rire redoubla dans la pièce, et les yeux perçants de Sammael me fixaient avec curiosité. Il devait certainement me prendre pour une folle, mais n'étais-je pas au bon endroit ?

Qu'est-ce que j'attendais ? Qu'est-ce que j'attendais ?

Le démon avait eu ce qu'il voulait, il allait partir à présent et percer quelqu'un d'autre à jour. Je n'avais été qu'une distraction. Mais Sammael aussi avait été ma distraction, quand on y pensait. Je passai une main dans mes cheveux, défaisant mon chignon : ils tombèrent en cascade sur mes épaules, et devant mes yeux. Je devais faire peine à voir, cependant le séducteur avait raison : qu'est-ce que j'attendais ? De nouvelles ailes ? Pour voler ? Si oui, où ? Avec qui ? Dans quel but ? Cela me terrifiait vraiment. Il n'avait pas à le savoir : mon passé était une chose; les autres vices, pêchés, faiblesses, envies et désirs n'avaient pas besoin de lui être révélés.

- Des méduses perchées au sommet de la Tour Eiffel ? Très original, Sir, je ne sais où vous allez chercher de telles idées. A moins bien sûr, que à force d'écouter les histoires des autres, vous finissiez pas inventer les autres. Ainsi le grand Sammael Ruthven, serait lui même un fou ?

Je ris doucement en prononçant ces paroles. Et puis dans le fond, même si il était fou, est-ce que cela avait de l'importance, pas vraiment. Je jetai moi aussi un regard furtif à la fenêtre : notre échange n'avait pas duré très longtemps … Un battement de cil sans doute, face à l'histoire du monde. Et maintenant ? Il avait ses secrets, j'avais ma douleur, j'allais lentement regagner ma chambre et ne penser à rien. Ou du moins, essayer de ne penser à rien. L'ennui, l'ennui mortel pendant l'éternité.

Mais qu'est-ce que j'attendais ? J'aurais pu effectivement mettre fin à mes jours, et après ? Car dans le fond je ne savais pas ce qu'était la mort, j'y avais réchappé une fois, qu'est-ce qui me garantissait que la deuxième mènerait inéluctablement au vide total ? En somme, beaucoup trop rebutant. Et il pensait que je gardais mon éternité, comme le dernier cadeau de Matthew.
Balivernes …
Les cadeaux, on les appréciait jusqu'au bout, on se noyait dans eux, vivait dans eux, mourrait même pour eux, mais cela, ce n'était pas un cadeau. Une autre opportunité. J'étais désormais dans l'expectative. De quoi ? Même Dieu ne le savait pas.

-Et pour en revenir à votre question, je n'ai jamais eu d'ailes, car messire, est-ce que je ressemble à un ange ?

Je m'étais redressée, Sammael me fixant toujours. Fixant mon enveloppe charnelle, je savais parfaitement qu'il n'allait pas se laisser berner. Il devait, il pouvait sentir la bête, deviner le monstre, jauger sa puissance, et s'en amuser, car il savait qu'il me surpassait. Et largement.
Alors quoi ?
Quelques minutes de distraction étaient mieux que toutes celles vécues dans l'ennui. D'un mouvement fluide, je me redressai, et arrangeant les pans de ma robe, je vis son sourire. Mais c'était peine perdue, je m'étais laissée berner une fois, pas deux. J'avais retenu ma leçon : on ne danse pas avec la diable, surtout pas quand ce dernier à un visage d'ange. Je m'avançai vers lui, et arrivée à sa hauteur, je lui tirai la révérence.

-Mais j'espère tout de même avoir réussi à vous divertir, Messire.

Ma voix ressemblait à un murmure et je quittai la pièce à pas feutrés. Car dans le fond c'était cela,non ? Un jeu rien de plus.

Demain matin, dès les premiers rayons du soleil, masqués derrière les majestueux nuages de pluie, aucun des événements de cette nuit n'auraient l'air réel, car je ne pouvais pas avoir joué, affronté d'aussi près, un aussi grand brasier, c'était juste un très beau cauchemar éveillé.


[Vila ! Tu n'es pas obligée de répondre ! ^^]
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé




Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] _
MessageSujet: Re: Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]   Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande] Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 

Les cauchemars éveillés [PV Blair Amarande]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Mad Asylum :: La Source du Savoir :: Archives du RPG :: Les Oubliettes-